Algérie

L'armée multiplie les appels au dialogue



L'institution militaire par la voix de son chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, a décidé de soutenir le peuple, tout en restant dans le cadre constitutionnel.Ahmed Gaïd Salah, le maître des horloges politiques à Alger depuis la démission du président Bouteflika, a bien entendu pour la douzième fois, les gorges déployées du peuple qui depuis le 22 février dernier ne cesse d'exprimer la même revendication: le départ du système et de tous ses symboles. En voyant que ni le jeûne contraignant ni le soleil tapant fort, n'ont eu raison de la mobilisation des Algériens, le chef d'état-major ne peut que se rendre compte de la détermination de ce peuple d'aller jusqu'au bout de sa révolution. Que va-t-il alors lui proposer' Ahmed Gaïd Salah avait, après quelques semaines de manifestations pacifiques, décidé de soutenir le peuple en exigeant du président sortant de déposer sa démission. Le général et au nom de l'Armée nationale et de la défense de la volonté populaire, avait appelé a l'activation de l'article 102 afin de destituer le président Bouteflika en raison de sa maladie. Cependant, le clan présidentiel va énormément résister ce qui amènera le vice-ministre de la Défense à tenir, le 2 avril dernier, une réunion du Haut Commandement de l'armée à la fin de laquelle il donnera une dernière sommation à l'ex-chef de l'Etat pour déposer sa démission tout en faisant de graves révélations sur un complot qui se tramait contre l'ANP, le peuple et la sécurité de l'Algérie. Gaïd Salah a parlé à l'époque de «réunions suspectes» organisées par «certaines parties malintentionnées» qui cherchent à «porter atteinte à la crédibilité de l'ANP et à contourner les revendications légitimes du peuple». Il avait alors affirmé que «toutes propositions découlant de ces réunions suspectes, qui vont à l'encontre de la légalité constitutionnelle ou portent atteinte à l'ANP, qui demeure une ligne rouge, sont totalement inacceptables et auxquelles l'ANP fera face, par tous les moyens légaux». Depuis, Ahmed Gaïd Salah a opposé un niet à toute autre solution en dehors de «la légalité constitutionnelle». Autrement dit, Abdelkader Bensalah restera intérimaire à la tête de l'Etat et Noureddine Bedoui assumera son rôle de Premier ministre jusqu'à la tenue de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, comme le stipule la Loi fondamentale.
Or, le peuple refuse que ces deux B encadrent le prochain scrutin et exige leur départ. Raison pour laquelle, le pays est dans une situation de blocage dont on ne connaît pas l'issue et qui risque de mener l'Algérie vers un vide constitutionnel dès le 9 juillet prochain, date sonnant la fin de la période d'intérim de Abdelkader Bensalah. Gaïd Salah a fait appel à la sagesse de l'Algérien, a parlé de menaces extérieures, a mis en garde contre le chaos... rien n'a changé, le peuple refuse la solution constitutionnelle pour une crise politique. Le général tente depuis, de convaincre. Lors de son déplacement à Blida par exemple, il a insisté le premier jour sur l'impératif respect de la Constitution pour réaffirmer le lendemain l'engagement de l'ANP à «accompagner le peuple (...) tout en approuvant toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix». Mais à peine si le peuple se dit soulagé et voit en les déclarations du général l'épilogue, que ce dernier rappelle à nouveau que l'ANP ne sortira point du cadre constitutionnel. Il l'a d'ailleurs fait tout dernièrement via la revue El Djeïch où l'auteur de l'éditorial a affirmé que ceux qui appellent à une période de transition sont «aventuristes», une «poignée de comploteurs» dont les plans «sont inéluctablement voués à l'échec».


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