Algérie

L'armée face à la détermination des manifestants



L'armée face à la détermination des manifestants
Des centaines de manifestants ont encore occupé, hier, la place Tahrir, au centre du Caire, au lendemain d’une manifestation contre les autorités militaires qui s’est terminée par de violents affrontements faisant plus de 200 blessés. L’armée, qui a bénéficié d’un large soutien populaire pour sa neutralité pendant les soulèvements de janvier et février, est de plus en plus critiquée. Les manifestants de la place Tahrir lui reprochent de montrer sa lenteur quant à la mise en œuvre des réformes annoncées, de maintenir des pratiques répressives héritées de l’ancien régime et de ménager les responsables du régime Moubarak. De son côté, l’armée a tenté de rassurer les contestataires en renouvelant, samedi, son engagement en faveur de la démocratie. En effet, le maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du Conseil suprême des forces   armées (CSFA) qui tient les rênes du pays, s’est engagé à créer «les piliers d’un Etat démocratique défenseur de la liberté et des droits de ses citoyens». Il a promis, dans une allocution télévisée, «des élections parlementaires  libres et justes, une nouvelle Constitution et l’élection d’un Président choisi par le peuple».    Il n’a toutefois pas donné plus de précisions sur cette démocratisation dont de nombreuses dispositions — règles électorales, tenue des législatives à l’automne mais absence d’échéance précise pour la présidentielle, date de rédaction d’une Constitution notamment — font d’ores et déjà l’objet de controverses. Ministre de la Défense de Moubarak pendant 20 ans, Hussein Tantaoui a été personnellement mis en cause par les militants qui occupent la place Tahrir depuis deux semaines et manifestent dans d’autres villes du pays. Jeudi, un remaniement du gouvernement de transition conduit par Essam Charaf n’a pas apaisé la situation. Et cela, du fait qu’ une partie des ministres qui figurent dans le nouveau cabinet ont déjà servi sous  Moubarak. Contrastant avec le ton apaisant du maréchal Tantaoui, le CSFA a émis un communiqué mettant en cause le Mouvement du 6 avril, une organisation de jeunes accusée de provoquer l’instabilité.      Le Mouvement du 6 avril, très actif à travers des réseaux sociaux sur   internet, a joué un rôle important dans le déclenchement de la révolte contre Moubarak, le 25 janvier 2011. C’est la première fois que le CSFA met aussi directement en cause une organisation pour les tensions politiques actuelles. L’armée appelle également «le peuple à la vigilance et à ne pas tomber dans   le complot suspect visant à miner la stabilité de l’Egypte».       Quel sort pour Moubarak ' Par ailleurs, le sort de l’ancien président Moubarak, qui se trouve  dans un hôpital du Sinaï, constitue un autre embarras pour l’armée. L’ouverture de son procès est au centre de tensions et sa santé fait l’objet d’informations contradictoires. La décision d’ouvrir son procès et celui de ses fils Alaa et Gamal le 3 août s’est faite, rappelle l’AFP, sous la pression de la rue. Sa santé fait l’objet de déclarations confuses. Ses avoirs sont gelés, mais le montant exact de sa fortune reste inconnu. Nombre de ses amis sont en prison, alors que d’autres font partie du nouveau pouvoir, provoquant la colère des manifestants qui occupent la place Tahrir.      Après sa chute, Moubarak a été  admis, en avril, dans un hôpital de Charm El Cheikh, dans le Sud-Sinaï, pour des problèmes cardiaques. Dans un bref message sonore enregistré diffusé le 10 avril, il se dit «victime de diffamation». Il est inculpé pour deux motifs : corruption et responsabilité dans la mort de manifestants durant le soulèvement de janvier-février, des accusations passibles de la peine de mort.   Moubarak, comme tous les présidents depuis la chute de la monarchie en 1952, est un militaire. Le patron du CSFA, le maréchal Tantaoui, chef d’Etat de fait, était son ministre de la Défense pendant   vingt ans. Certains redoutent une ouverture de procès en trompe-l’œil. Après  une brève séance inaugurale, la suite pourrait être reportée de plusieurs semaines en invoquant un complément d’enquête, une dégradation de sa santé, les vacances judiciaires....     La santé de l’ex-raïs fait l’objet d’informations rares, souvent   contradictoires. Son avocat, Farid Al Dib, a déclaré en juin que son client souffrait d’un cancer de l’estomac et en juillet qu’il était dans un «coma complet», des informations toutefois démenties par l’hôpital et par le ministère de la Santé. Diverses sources médicales ont assuré qu’il est dépressif, qu’il lui arrive de perdre connaissance, mais d’autres assurent que son état est «stable», sans plus de précision. Cela dit, la transition démocratique en Egypte se complique malgré les discours rassurants des militaires. Jusque-là, seuls les Frères musulmans ont tiré profit de la révolte populaire ; leur mouvement est désormais légal et, de plus, ils constituent la force politique la mieux organisée du pays.


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