Algérie

L'armée doit écouter l'élite et les sages



Ahmed Taleb Ibrahimi
Il préconise comme solution «la combinaison des articles 7 et 8 de la Constitution...».
Dans une lettre adressée, hier, aux jeunes du Hirak, l'ancien ministre des Affaires étrangères et ex-candidat à l'élection présidentielle de 1999, Ahmed Taleb Ibrahimi demande à l'armée «de ne pas tourner le dos aux propositions de sortie de l'impasse des élites et des sages».
«Il est vrai que l'institution militaire est disciplinée et évite de se mêler directement dans les affaires publiques, mais dans la situation particulière que nous vivons, elle doit écouter les propositions des élites et des sages, et ne doit pas être un appui à des institutions rejetées par la population...», peut-on lire dans ce message. «En contrepartie, l'intervention légitime de l'institution militaire ne doit pas être une alternative à la légitimité populaire, mais doit être un canal pour concrétiser cette légitimité à travers une réponse claire aux revendications populaires(...), pour que cette intervention légitime ne dévie pas vers la reproduction des moyens et des instruments de l'ex-pouvoir sous de nouveaux titres dans lesquels le principe de la stabilité institutionnelle et constitutionnelle sera confondu avec les ambitions de pouvoir», est-il souligné. «La solution la plus efficace à mes yeux est de rassembler les articulations constitutionnelles des articles 7 et 8 avec l'interprétation qu'elles permettent en considérant que le mouvement populaire comme un référendum, et certains articles de procédure permettant un transfert constitutionnel du pouvoir», préconise-t-il.
Il estime que «la sagesse impose de privilégier la légitimité objective sur la légitimité formelle en prenant en considération le droit du peuple au changement continu». «La Constitution est l'oeuvre des hommes. Elle ne doit pas être en décalage par rapport au mouvement du réel ni être une embûche devant le mouvement du futur. C'est ma vision pour sortir de la crise. Elle s'ajoute aux dizaines autres initiatives proposées par les partis, les syndicats et les personnalités. Je m'étonne qu'elles n'aient pas été vues par les décideurs», a-t-il appuyé. «La légitimité de l'intervention militaire ne doit pas remplacer la légitimité populaire», est-il précisé. Il a appelé les jeunes du mouvement populaire à «sauvegarder la dynamique du changement». L'ancien ministre préconise comme solution «la combinaison des articles 7 et 8 de la Constitution, en fonction des interprétations disponibles». «Je n'ai pas cessé de recevoir des délégations de jeunes du Hirak qui m'ont proposé de diriger la période de transition. Je n'ai pas répondu à l'appel (...), pas par esprit hautain, mais pour deux raisons. La première est pour éviter toute mauvaise lecture suggérant une volonté d'exploiter la situation pour en tirer des dividendes politiques ou pour régler des comptes avec l'ex-président. Et la deuxième raison, plus pertinente à mes yeux, est pour s'éloigner de tout zaïmisme et du culte de la personnalité, supprimés par la Révolution et ravivés aujourd'hui dans une société dominée majoritairement par des jeunes maîtrisant les technologies, ce qui les rend plus au courant sur la manière de s'adapter aux exigences de l'époque. Il faut leur donner l'occasion pour le prouver», a-t-il confié. Il a qualifie d'«épopée» le Hirak réalisé par les enfants du peuple algérien de «toutes catégories sociales et de tous les âges à travers tout le pays», relayé par la diaspora. Le Hirak a atteint un haut degré de maturité et de conscience politiques malgré les divisions nationales. En dépit de tous les craintes et dangers dont malheureusement «la diabolisation» de certains dirigeants politiques, ou des régions du pays, ou l'atteinte au commandement de l'armée, nous devons tous sauvegarder cet acquis civilisationnel et concilier toutes les parties autant que possible, et de tirer du Hirak les slogans qui rassemblent comme «Les Algériens khawa khawa» et «Armée peuple khawa khawa», plaide l'ancien ministre.


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