L'armée a pris toutes ses dispositions

La justice égyptienne a déclaré jeudi illégal le Parlement dominé par les islamistes. Pour ces deniers, les Frères musulmans et les salafistes d'Ennour, c'est un coup d'Etat des militaires d'autant que dans le même temps, la Haute Cour constitutionnelle a maintenu la candidature contestée d'un proche de Hosni Moubarak, Ahmed Chafik, à l'élection présidentielle de demain lors de laquelle il affrontera Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans. La loi dite 'd'isolement politique' avait été adoptée en avril par le Parlement pour frapper d'inéligibilité les plus hauts dirigeants de l'ancien régime, comme Chafik, général à la retraite et dernier Premier ministre de Moubarak. Sa candidature, un moment invalidée, avait ensuite été maintenue par la commission électorale en attendant un jugement sur le fond de la Haute Cour constitutionnelle. L'arrêt sur les législatives ouvre la voie à une possible dissolution, ou tout au moins à une mise hors jeu, du Parlement, en jugeant illégales les conditions d'élection de l'ensemble des députés. Sont mises en cause des modalités de ce scrutin très complexe qui s'était étalé sur près de trois mois à partir de novembre 2011. Les résultats s'étaient traduits par un raz-de-marée islamiste, avec près de la moitié des sièges revenant aux Frères musulmans, et près d'un quart aux salafistes. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de Moubarak en février 2011, pourrait assumer directement le pouvoir législatif après la décision de la cour. Ces annonces interviennent dans un contexte tendu, comme en témoigne la décision mercredi de rendre à la police militaire et aux services de renseignement de l'armée le pouvoir d'arrêter des civils. Cette possibilité avait été levée le 31 mai avec la fin de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981.
D. B.