L'arme du pétrole ne tire plus

Peut-on encore penser sérieusement que les pays arabes peuvent brandir l'arme du pétrole dans le sillage des attaques meurtrières engagées par l'entité sioniste contre les Palestiniens ' La question a refait surface en ce mois d'octobre 2023, soit un demi-siècle après l'utilisation, pour la première et dernière fois dans l'histoire, de l'arme du pétrole par les pays arabes, menés particulièrement par deux pays, en l'occurrence l'Arabie Saoudite et l'Algérie, qui ont actionné cette riposte contre les Etats-Unis et le monde occidental en général en fermant les vannes de pétrole pour les punir de leur soutien à Israël lors de la guerre du Kippour, en octobre 1973.Depuis, le monde a profondément changé, et les pays consommateurs ont pris en compte cette menace dans les rapports géopolitiques, jusqu'à la dissiper presque totalement. Aujourd'hui, ce sont les Américains et les Européens qui utilisent ou qui retournent cette arme contre les pays producteurs - exportateurs de pétrole. Les exemples sont nombreux à citer dans ce sens, à savoir les embargos pétroliers contre l'Iran, l'Irak, la Libye, le Venezuela et plus récemment contre la Russie, tous des pays membres de l'Opep+. On est même arrivé à imposer le « pétrole contre la nourriture » à l'Irak, soit vendre du pétrole, tout juste quelques milliers de barils, pour que les populations ne crèvent pas de faim, et d'autres échanges pas toujours en faveur des pays producteurs exportateurs de pétrole, donnant aux Occidentaux haut la main sur ces échanges, à l'image de l'approvisionnement en armes contre le pétrole. Aujourd'hui, si l'Opep+ réussit à maintenir en vigueur cette politique de réduction de la production pétrolière, c'est tout juste pour équilibrer le marché et éviter un effondrement des prix du baril, qui se jouent parfois entre les mains des spéculateurs.
Les temps ont changé en un demi-siècle, et les revenus pétroliers sont devenus une ressource financière primordiale pour la réalisation des grands projets de développement dans les pays grands exportateurs d'or noir, dont certains vont jusqu'à manifester leur opposition aux réductions des quotas de production décidés par l'Opep+. De là à songer qu'ils peuvent user du pétrole en tant que forme de pression contre les soutiens d'Israël, le pas est inenvisageable. De là également ressurgit une autre question quand on sait pertinemment à quoi sert aujourd'hui l'Opep+. A quoi sert la Ligue arabe ' Lors de son sommet à Alger, en novembre 2022, la Cause palestinienne a été inscrite au c?ur de son action commune, malheureusement ce c?ur ne continue à battre pour cette cause que dans quelques pays membres. Aujourd'hui, plus que tout autre temps, la solution viendra de l'intérieur de la Palestine avec le soutien actif des pays et des peuples épris de justice, même si le prix à payer sera certainement très lourd.
Parler de l'arme du pétrole n'est qu'une forme de brouillard servant à couvrir cette voie de la résistance qu'Israël et ses alliés cherchent à étouffer en se présentant les gagnants de la guerre avant que ne sonne sa fin.