Algérie

L?architecture mauresque n?existe pas


Pour ce qui me concerne, s?il s?agit de prendre position pour ou contre une architecture, dans ce désert de réflexion algérien, en matière d?architecture et d?urbanisme, ce serait l?architecture mauresque. Tant cette appellation me semble, au jour d?aujourd?hui, insensée, faussement vraie dans la tête de ceux qui, en quête d?une appartenance de l?opposition, s?identifient dans ce style de l?hypnotisation communautariste.Je ne peux m?empêcher, d?ailleurs, de penser que cette architecture est suspecte.Elle n?existe, selon nous, que dans la tête de ceux qui l?utilisent en vue d?homogénéiser les masses errantes, et fabriquer par là une identité nationale. Car, comme la religion malmenée, l?architecture est instrumentalisée.Il n?y a pas d?architecture mauresque, si ce n?est que dans le regard de l?orientaliste qui a enregistré dans sa mémoire, ensuite dans la notre, la trace d?un monde qui lui était, durant de longs siècles, inaccessible. C?est ce qui a nourri la soif de l?exotisme oriental, et enfin, orientalisant de l?européen.Un minaret fantôme, une toiture à tuiles vertes, des façades blanches, des arcs brisés, des coupoles de différentes tailles, et quand c?est possible, un palmier au milieu d?une cour déserte et entourée d?arcades. Voici les ingrédients d?une architecture qui est restée le souvenir d?elle-même, une chimère, une situation dépouillée du corpus socio culturel qui lui conférait tout son sens.L?architecture mauresque est un corps sans âme.Un pastiche fade, insipide, sournois, pauvrement politique.Un nouveau né mort.L?ombre d?un passé qui est resté incompris.En fait, dans cette attitude du mimisme sur fonds creux, nous percevons la perpétuation de l?idée orientaliste que l?ancien occupant avait de nous. L?Occident a découvert l?Andalousie, et nous avons rêvé à travers lui de notre propre histoire, d?une terre perdue, d?une image qu?il a confectionnée pour nous, au point que nous acceptions de nous emprisonnée dans cette image.De figer notre effort d?aller vers de nouvelles destinations.Si Boumediene a tenté de faire de l?Algérie l?Andalousie des temps modernes, nos actuels responsables qui ont bien compris que l?architecture peut être un vrai projet politique, multiplient l?échelle de cette image au risque de répondre à la volonté de « certains », d?islamiser d?apparence le paysage urbain. Et d?aggraver par là la confusion entre ce qui est vrai et ce qui est faux. L?architecture mauresque n?existe pas.Ce n?est qu?une image qui a maladivement pris racine dans nos têtes et qui nous empêche de vivre notre temps. De crier par sa voix. C?est le slogan des idéologies politiciennes qui entravent la marche de nos architectes et de l?architecture vers des horizons certains. Purs et clairs.   * Architecte, docteur en urbanisme
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