Algérie

L'Arba : Un transport pas comme les autres



Pour aller de L'Arba à Baraki, les bus empruntent le chemin de wilaya 117 qui passe par Rais, sur une distance de 14 km. Normalement, c'est une distance qui devrait être parcourue en un quart d'heure tout au plus, mais il est dit que ceux qui sont obligés, pour une raison ou une autre, de relier ces deux villes vivent un calvaire, surtout ceux qui le font quotidiennement à l'aller et au retour. Il paraît d'ailleurs que tout s'est ligué contre ces pauvres voyageurs qui n'ont pas eu la chance d'acheter une voiture et se rendent quotidiennement de L'Arba à Baraki. En effet, le premier aléa a trait aux bus, de véritables tas de ferraille ambulante, grinçant de partout dont les portières ne ferment pas et les sièges risquant de s'envoler à chaque coup de frein. Ceci sans parler des odeurs nauséabondes des sueurs mélangées des corps obligés à une promiscuité pour le moins gênante. Surtout ne cherchez pas à ouvrir toutes les fenêtres car la plupart sont supprimées. Déjà, avant le grand départ de L'Arba, il faut attendre près d'un quart d'heure que toutes les places soient prises puis le bus démarre dans un grand fracas et se dirige vers la sortie de la ville à 200 m de là. Arrêt prolongé pour faire monter tous ceux qui étaient là à attendre. Avancez en arrière», poussez-vous un peu, mettez-vous à côté, serrez-vous, le receveur dirige ses passagers comme des marionnettes qui n'ont même pas le droit de dire un mot.

Quelques-uns râlent à mi-voix puis se taisant dès que le receveur regarde de leur côté. Il faut au moins dix minutes pour que le car s'ébranle lourdement, tellement chargé qu'on a l'impression qu'il s'apprête à vomir son trop-plein comme un soûlard. La vitesse à laquelle il roule ne dépasse pas les 20 km/h, et les gens commencent à s'impatienter. «S'il vous plaît, un peu plus vite, je vais arrivé en retard à mon travail», entend-on une voix pleurnicher au milieu des passagers. Une autre voix anonyme s'élève : «ils nous parquent comme des animaux et le bus roule comme s'il s'agissait d'une promenade», et une autre d'enchaîner» et alors, nous allons passer la nuit ici ? Un silence méprisant est la seule réponse que reçoivent ceux qui ont osé dire quelque chose et le bus continue, très doucement, jusqu'au prochain arrêt, à moins de 300 m de là. Même les noms des arrêts prêtent à étonnement «Eddakhla» (l'entrée) «le café», le «caroubier», «CEM», «la mosquée» «El Khardja», «deuxième», troisième»', «la piste», et autant de noms sortis droit d'un vocabulaire sans règles ni lois qu'on entend. Ces arrêts, nous les avons comptés, sont au nombre de 36 sur une distance de 14 km ! La distance entre deux stations se situe de 200 à 400 m, et à chacune d'elle, le bus s'arrête près de 5 mn. Puis, en arrivant à Baraki, la route est tellement défoncée que le car est obligé de slalomer et de rouler par conséquent à vitesse très réduite. Nous avons démarré de L'Arba à 7h14 du matin et nous ne sommes arrivés qu'à 8h35 à Baraki. S'il faut au travailleur 10 mn pour rejoindre son poste de travail, il n'a alors qu'à retourner chez lui, car aucun patron n'accepterait pareil retard injustifié.

Donc, et pour éviter le retard, nos pauvres fonctionnaires et autres employés dans des entreprises publiques ou privées, démarrent à 6 heures du matin, arrivent à leur travail un peu avant huit heures et y restent jusqu'à 16h30. Ils auront travaillé durant huit heures et reprennent, harassés, le chemin de lers domiciles. Arrivés à la station de bus, ils doivent jouer du coude et des pieds, pousser et se faire pousser, faire semblant de ne pas voir la femme juste à côté, la dépasser et enfin se hisser à bord du car déglingué et s'asseoir s'il arrive à trouver une place. Les derniers se tiennent aux montants, un pied à l'intérieur et l'autre encore dehors. Le receveur n'oublie pas de leur demander de se pousser juste un peu, pour que «votre frère puisse monter ou allez avancez un peu vers l'arrière, il reste encore de la place». La chaleur est suffocante, les corps se frôlent au gré des secousses, quelques femmes rouspètent, lancent des regards courroucés vers les hommes qu'elles jugent trop près d'elles. Le receveur monte par l'arrière, repousse les passagers les uns sur les autres, ne laissant aucun espace inoccupé et rafle l'argent que lui remettent les gens. Et c'est le retour avec toujours les mêmes arrêts, la même vitesse et la chaleur suffocante.




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