Algérie

L'Arabe: vagabond des calendriers



Dansl'espace du calendrier grégorien l'Arabe vit, aujourd'hui, l'itinéraire de soncalendrier de demandeur d'asile inassouvi. Sauf qu'aujourd'hui on ne peut allerà Yathrib sans visa et passeport spécial et le Roi d'Abyssinie est mort, estcolonisé par une multinationale, a peur pour sa corne d'Afrique ou doit gérerla Global War mondial, en tirant sur des ouistitis pour obtenir plus d'armes etde crédits.Lemonde ne s'étend plus d'Est en Ouest mais se couche d'Est vers l'Ouest. Quepeut faire un pauvre Arabe, aujourd'hui, né après sa gloire et avant sa proprefin? S'enfoncer dans le passé, retrouver son chameau, faire de la poésie autourdes points d'eau, chanter le désert comme une énigme ou un puzzle amoureux,éventrer des brebis pour lire le destin... etc. Mais là aussi, on aboutittoujours à l'impasse et au ridicule. Le passé ne se remonte pas mais s'analyseautour d'un feu ou d'un projet collectif. On ne fait pas revivre un cadavre enessayant de faire revivre uniquement sa langue.UnArabe peut aussi s'enfoncer dans les profondeurs balisées, écouter pousser lesmillimètres de sa barbe, épouser un calendrier d'ablutions rythmiques, lire leCoran comme une notice de sabres, diviser le monde entre Perses et Romains etrépéter partout qu'il a la solution alors qu'il ne possède qu'un DVD du film«Errissala», et là aussi on aboutit à l'impasse. On ne peut pas nationaliserDieu car il est universel. Rome ou la Perse n'ont pas été converties par deskamikazes, l'économie mondiale ne se nourrit pas de dattes et de palmiers et,dans l'ensemble, les islamistes ont surtout réussi à tuer plus de musulmans que«d'impies».UnArabe peut aussi tourner le dos à son chameau, à sa barbe, au reste des Arabeset continuer, ainsi, à tourner sans s'arrêter. Il ira vivre en Occident maisn'y arrivera jamais. Parlera une autre langue mais n'arrivera à parler àpersonne. S'habillera avec des pantalons mais on lui demandera de les enlever àchaque explosion et dans chaque aéroport. Sera assis sur deux chaises mais seraassis, quand même, sur un trottoir. Vivra toujours dans une vitrine s'il estbrillant et vivra empaillé par l'inconfort s'il ne l'est pas. Et là aussi, onaboutit à l'impasse.LesOccidentaux sont tous différents, les uns des autres, mais l'Occident estunique: il a pendu Saddam mais pas le Serbe Maldic et veut toujours plus depétrole et moins d'immigrés. Victime du paradoxe, l'Arabe «occidental» vit leplus dur des inconforts au pays des conforts extrêmes. Il aurait voulul'Occident chez lui, avec tous les siens et dans chaque coin de son quartiermais cela est impossible et il en devient triste et se dissout à la fin.Enpleine année 2008, durant l'année chinoise du Rat, bloqué par l'an 1.427 de l'hégire,l'Arabe est donc demandeur d'asile là où l'asile n'est plus qu'un rêve decartographes. Ben Laden lui offre un trou avant le paradis, les Américains leparadis avant le trou et l'arabité ni trou, ni paradis, mais seulement unelangue pour en parler. Pour le moment, il n'y a pas d'issues. Seulement desdéparts.


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