Moins de deux mois après l'assassinat de Michel Germaneau, un otage
français de 78 ans qui travaillait sur un projet humanitaire, le gouvernement
français se retrouve, une fois encore, confronté à un problème de prise
d'otages de ses ressortissants dans la région du Sahel. Dans la nuit de
mercredi à jeudi, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour l'essentiel
des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés dans le
nord du Niger, ont indiqué les autorités nigériennes. La France a confirmé
l'enlèvement de cinq de ses ressortissants dans la région d'Arlit, à 1.000 km
au nord-est de Niamey. Les ravisseurs «n'ont pas été identifiés», a déclaré le
président Nicolas Sarkozy, tandis que la branche armée d'al-Qaida dans le
Maghreb (Aqmi) est suspectée et que Niamey a évoqué un «groupe armé». M.
Sarkozy a réuni jeudi soir à Paris, un «conseil restreint de défense», avec les
principaux ministres et responsables militaires. Selon l'AFP, Areva qui
exploite des mines d'uranium dans la région d'Arlit, a confirmé l'enlèvement
d'un salarié et de son épouse, tous deux Français. Les cinq autres personnes
enlevées travaillent pour Satom, filiale du groupe Vinci de bâtiment et travaux
publics, sous-traitant d'Areva sur le site d'Arlit. Des sources sécuritaires
nigériennes, citées par l'agence française soukignent que les assaillants
seraient probablement des éléments d'Aqmi ou des bandits qui vendent leurs
otages aux groupes terroristes. Les sept otages ont été capturés vers 02H00
locales par un «groupe armé» qui comprenait sept à une trentaine de personnes,
selon diverses sources, a rapporté le porte-parole du gouvernement nigérien,
Laouali Dandah. Les ravisseurs, venus à bord d'au moins deux pick-up,
«parlaient majoritairement arabe et souvent tamachek» (langue des Touaregs
vivant dans la région) et ont fui vers Inabangaret, près de la frontière avec
l'Algérie et le Mali, a-t-il affirmé. Les sept étrangers ont été kidnappés à
leurs domiciles, ont précisé Areva et Satom. Selon un salarié d'Areva résidant
à Arlit, cité par l'AFP, les assaillants ont d'abord enlevé chez lui un employé
touareg avec sa femme et son chauffeur. Ils se sont ensuite rendus jusqu'aux
quartiers où vivent des salariés de Satom et Areva. Après les rapts, ils ont
relâché leurs trois premiers otages et gardé les sept étrangers, selon la même
source. Niamey a dit avoir pris des dispositions pour rechercher otages et
ravisseurs, et établi des contacts avec les pays voisins. Le 19 avril, Michel
Germaneau avait été kidnappé dans le nord nigérien par un commando d'Aqmi. Son
exécution avait été annoncée le 25 juillet par le groupe. Après un raid
mauritanien appuyé par la France pour tenter de le libérer, Aqmi avait lancé
des menaces contre les intérêts français en France et dans la région, et la
France avait renforcé ses mesures de sécurité. Après la mort de Germaneau,
Areva avait annoncé, le 27 juillet, le renforcement de sa vigilance au Niger,
où il extrait près de la moitié de son uranium dans deux gisements et emploie
quelque 2.500 personnes, dont une cinquantaine de Français.
Hier matin, 14 salariés du groupe
Areva sont rentrés en France, a indiqué à l'AFP, une porte-parole du groupe
français. «Une autre dizaine de salariés étaient attendus dans la soirée à
Paris», a-t-elle ajouté. Il ne restera plus qu'environ 25 expatriés d'Areva au
Niger. Ceux-ci auront le choix entre rester à Niamey, la capitale ou rentrer en
France, a précisé cette porte-parole.
Dans la matinée d'hier, le
ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a indiqué que la
France soupçonne la «mouvance Aqmi» d'être liée à l'enlèvement des sept
personnes dont cinq Français, tout en précisant qu'il n'y avait pas de
revendication. «On s'imagine qu'il s'agit sinon des mêmes groupes (que dans
d'autres affaires d'enlèvements, ndlr), au moins de la mouvance Aqmi, Al-Qaïda
au Maghreb», a déclaré le ministre sur la radio Europe 1. «Hélas, nous avons eu
souvent affaire à eux», a-t-il ajouté. Invité à confirmer ses soupçons sur ce
groupe, qui avait annoncé en juillet la mort de Michel Germaneau, Bernard
Kouchner a répondu: «bien sûr, mais je n'en ai aucune certitude puisque
l'enlèvement n'a pas été revendiqué». Il a aussi rappelé que dans les cas
précédents d'enlèvements, les revendications n'étaient parvenues aux autorités
françaises que plusieurs jours après. «On croit qu'ils se dirigent vers le
Mali, nous n'en savons rien. La surveillance a été renforcée, l'armée
nigérienne est sur le pied de guerre, tous nos services sont alertés», a
précisé le chef de la diplomatie française. «Ceux qui ont enlevé ces hommes et
femmes peuvent être des Touareg travaillant à la commande. Ils vont les vendre
à des terroristes qui ne sont pas très nombreux», a-t-il envisagé. Interrogé
pour savoir si cette affaire aura pour conséquence que de moins en moins
d'expatriés seront envoyés au Niger à l'avenir, il a répondu: «j'espère que
non. Il ne faut pas donner la victoire aux groupes terroristes».
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Posté Le : 18/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaïfa
Source : www.lequotidien-oran.com