Les conséquences de la pandémie Covid-19 devraient obliger les pays du Sud à s'imposer une économie de guerre pour atténuer de leur marasme même si celle-ci profitera aussi aux grandes puissances dont les capacités de régénérescence de leurs industries agricoles et technologiques sont garanties par le rebond évident que le monde se devra d'accomplir.En pleine guerre contre le Covid-19, les pays modernes regardent vers l'Afrique pour lui prédire les plus mauvais diagnostics dès l'après-pandémie. Les analystes des institutions internationales, entre autres le FMI, l'ont déjà affirmé en mettant en tête de liste les pays producteurs d'hydrocarbures du continent qui devront racler leurs fonds de tiroirs pour nourrir leurs populations parce qu'elles ne le seront plus -du moins pour un long moment- par la fiscalité pétrolière en raison de la chute du prix du pétrole. Bien que l'OPEP+ a conclu un accord historique pour diminuer le surplus de pétrole sur les marchés mondiaux, les tergiversations de ses membres et notamment de ceux non-OPEP exposent le marché à de faux bonds de dernière minute de certains d'entre eux pour des raisons évidentes de géopolitique et de géostratégie. Mises en sourdine conjoncturellement, les profondes divergences entre Ryadh et Moscou risquent de se déclarer à tout moment. Aussi, les énormes stocks de la ressource chez les Américains et les Chinois -pour ne citer qu'eux- inhibent tout espoir de sursaut important des prix dans un avenir proche. Les analystes n'excluent évidemment pas les pays africains qui n'ont pas de pétrole du tableau noir de récession qu'ils dressent pour tout le continent.
Les pays occidentaux se frottent déjà les mains pour déverser leurs productions sur les pays du Sud. Peu importe les contradictions et les chicaneries avec lesquelles ils gèrent leur crise sanitaire. Si celles-ci affaiblissent leur classe politique qui risque de ne pas se voir renouveler ses mandats ou disloquent leurs entités régionales, elles ne déstabilisent pas cependant leurs Etats qui, eux, sont construits sur des fondements stratégiques solides.
Les raisons d'une véritable économie de guerre
«L'économie de guerre (comme expliqué dans l'encyclopédie Wikipédia) est une occasion de croissance et de développement, car ils peuvent alors augmenter leurs exportations aux belligérants. Dans d'autres cas, l'économie de guerre soutient des processus de recherche et de développement technologiques qui améliorent la capacité du pays».
Dépourvue elle de politique et d'instruments d'anticipation de toute crise économique et financière, et plombée par des dysfonctionnements multidimensionnels, l'Afrique devra alors se préparer à élaborer ses listes de produits manquants qui auront gonflé, pour les importer massivement d'outre-mer. Les firmes internationales et les laboratoires pharmaceutiques se préparent à l'assaut des marchés du Sud impactés par la pandémie. Leurs analystes leur prévoient des transactions juteuses en raison des pénuries qui vont se déclarer. «Déjà entre eux, les pays occidentaux n'hésitent pas à faire dans la piraterie commerciale pour acheter à la Chine les consommables de lutte et de prévention contre la pandémie, ils n'auront aucun état d'âme pour renflouer leurs caisses sur le dos des damnés de ce monde», pense un médecin algérien exerçant en France. Dans ce cas, l'économie de guerre exige de leurs gouvernants entre autres «un contrôle exhaustif de la politique monétaire visant à éviter les processus d'hyperinflation, à prendre des mesures de réduction de la consommation énergétique, à opérer des changements dans la politique agricole qui dirigent les cultures et l'industrie de transformation vers la production de céréales (...)» (Wikipédia).
Pire encore, les stratèges occidentaux voient même loin et se préparent à (re)saisir toutes velléités de réclamation des masses populaires des pays du sud de la Méditerranée pour la transformer en révoltes contre les régimes. «Il y aura beaucoup de grèves à cause du risque de licenciement pour raison économique parce que le confinement a lourdement greffé la trésorerie des entreprises publiques et privées, brisé des activités journalières et des cycles scolaires, a fait entasser des familles entières dans des espaces exigus qui ont érodé leurs petites bourses par peur des pénuries», soutiennent des économistes. Réveiller les mouvements populaires mis en veille pour raison de confinement sanitaire est déjà inscrit sur leurs tablettes.
Augmentations de salaires et piquets de grève
«A la guerre comme à la guerre !», disent des spécialistes algériens en appelant l'Etat à faire des choix difficiles. «Sinon, on va compter nos morts à grande échelle», affirment-ils à propos du Covid-19. Ils veulent que tous les moyens soient donnés au secteur de la santé pour faire le plus de dépistage possible notamment dans les régions les plus touchées. «Il faut bien les équiper pour qu'ils soient à la hauteur de la demande sanitaire, il faut réhabiliter la notion du travail, des obligations et des responsabilités de tout un chacun, de la conscience professionnelle», recommandent-ils. Ils notent que «la notion du travail devra retrouver tout son sens partout dans le pays». «L'impunité devra disparaître pour laisser la récompense ou la sanction (c'est selon les rendements) reprendre leur droit». Ils conseillent même de «geler certaines activités institutionnelles et pourquoi pas des départements ministériels budgétivores pour pouvoir consolider les finances de la santé et d'autres secteurs vitaux comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche, l'agriculture et le tourisme».
En se déplaçant hier à l'hôpital de Beni Messous, le président de la République a choisi un tout autre tableau de bord pour sensibiliser le corps médical à s'acquitter de ses tâches que le serment d'Hippocrate lui assigne. Tebboune lui a fait hier de grosses promesses. Il a promis «de revoir totalement le service civil, peut-être l'annuler (...)», a-t-il dit à propos d'une mission que garantit l'apanage de l'Etat social et par là traduit la solidarité nationale au fin fond de ses territoires. Le président a promis au corps médical de revoir non seulement ses statuts mais aussi ses salaires. Lourd engagement pour un pays qui va devoir compter ses sous après la chute du prix du baril de brut et les effets désastreux du confinement sanitaire. Le ministre de l'Energie a déjà annoncé que Sonatrach a gelé ses projets d'investissements qui ne sont pas liés à la production. Engagement contraignant aussi parce que son effet pourrait provoquer le courroux d'autres corporations comme celle des enseignants dont le piquet de grève pour des augmentations de salaires n'a jamais été enterré...
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Posté Le : 14/04/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com