Le triumvirat de l'Alliance présidentielle ' le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) ' se tire dans les pattes.
Ce n'est pas la première fois que les chefs de ces partis, respectivement Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Bouguerra Soltani, se livrent une telle bataille et à une aussi frontale diatribe, et échangent des amabilités, mais il faut dire que cette fois, le ton utilisé par les trois responsables politiques est monté d'un cran. Le secrétaire général du FLN dénonce «l'opportunisme» du RND, tandis que le président du MSP accuse ses deux alliés d'«avoir détourné les réformes du président Bouteflika». En principe et logiquement, l'Alliance présidentielle n'a plus raison d'être tant les divergences entre ses trois composants sont devenues importantes. Qu'à cela ne tienne, personne ne veut prononcer le divorce. Les trois partis s'y accrochent comme on s'accrocherait à une bouée de sauvetage en raison du manque de visibilité et de lisibilité politiques dans le pays. Il n'y a pas à s'y méprendre, cette confrontation a des soubassements autres que ceux annoncés par les acteurs eux-mêmes.
Les prétendus différends autour des «réformes politiques» cachent mal des enjeux nettement plus importants et plus concrets. Il s'agit surtout des décisives élections législatives puis locales et de l'élection présidentielle de 2014, qui constituent en réalité le vrai motif de cette guéguerre entre les trois têtes de file de l'Alliance présidentielle. Dans un autre contexte, celui d'il y a quatre ans par exemple, le mariage contre nature entre des entités hétéroclites que rien ne rassemble sauf la rente, aurait eu encore de beaux jours devant lui. Mais les données ont été tellement bouleversées que le compagnonnage donne l'air d'atteindre ses limites et de battre de l'aile. Pour ce faire, deux facteurs aussi importants l'un que l'autre sont intervenus : le premier est incontestablement le fait que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, autour duquel est tissée l'Alliance présidentielle, ne peut visiblement plus se présenter pour un autre mandat et ce (c'est le deuxième facteur) dans un contexte marqué par les révoltes et les changements politiques qui se déroulent dans le Monde arabe et en Afrique du Nord. Des paramètres ayant certainement été pris en compte par les soutiens du chef de l'Etat.
Ce que beaucoup appellent donc «l'après-Bouteflika» ' et il semblerait qu'on y est déjà ' a réveillé des ambitions insoupçonnées chez nombre d'acteurs politiques dans le pays. Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Bouguerra Soltani nourriraient chacun le désir d'accéder à un destin national. Tous les trois ont eu à l'exprimer, chacun à sa façon. Le premier a dit : «Pourquoi pas '», le second s'était engagé «à ne pas se présenter contre le président de la République» ' et maintenant que ce dernier semble incapable de briguer un quatrième mandat ' ' et le troisième est grisé par la montée des mouvements islamistes dans le Monde arabe, il est tenté alors lui aussi d'essayer le coup. Par quelque bout qu'on les prenne, leurs dernières sorties publiques ne peuvent avoir d'autres explications. Elles ne sont en fait que l'expression de leurs ambitions dans un «après-Bouteflika» caractérisé par un flou total quant à l'avenir politique du pays.
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Posté Le : 31/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Said Rabia
Source : www.elwatan.com