Algérie

L'après-Aïd ne sera pas festif pour les partisans de MorsiLe gouvernement annonce le recours à la force


Le gouvernement menace de brandir la matraque pour disperser les islamistes. La fête est terminée, décrète-t-il'Ayant perdu le pouvoir, les Frères musulmans surferont à fond sur la vague de la frustration politique pour jouer le rôle de victimes qui s'autoriseront vraisemblablement tout moyen pour répliquer.Comme il fallait s'y attendre, la «patience» des nouvelles autorités égyptiennes avec ces dizaines de milliers de partisans de Morsi, qui occupent les places publiques depuis le coup d'Etat, commence à lâcher. Un peu plus d'un mois après le reversement de Mohamed Morsi et la nomination d'un président intérimaire et la constitution d'un gouvernement, le nouveau régime est déterminé à faire place nette' Pour ce faire, le gouvernement égyptien a demandé hier aux partisans du président islamiste de se disperser «rapidement» sur les deux places du Caire qu'ils occupent, menaçant de les déloger par la force après le Ramadhan et les fêtes de l'Aïd. Cette menace a été lancée quelques heures après l'annonce par le nouveau pouvoir de l'échec des tentatives internationales de médiation, ce qui met ainsi fin aux espoirs d'aboutir à une sortie de crise négociée et renforce les craintes d'un nouveau bain de sang. A la télévision, le Premier ministre, Hazem Beblawi, a lu un communiqué annonçant que son gouvernement «ne reviendra pas sur la décision» de disperser les milliers de pro-Morsi, barricadés depuis plus d'un mois avec femmes et enfants sur les places Rabaa Al Adawiya et Nahda du Caire.
Faites place nette sinon'
Appelant une nouvelle fois les islamistes à partir rapidement et de leur plein gré, il a assuré que la police, qui a obtenu le feu vert du gouvernement il y a une semaine, n'était pas intervenue jusqu'ici par «respect du mois sacré du Ramadhan». Une façon de signifier qu'une fois l'Aïd célébré, les matraques, gaz lacrymogènes et fort probablement les balles réelles vont siffler au Caire et dans les grandes villes d'Egypte touchées par ces longs campings des «Frères». Ce recours annoncé à la manière forte pour forcer les islamistes à rentrer chez eux n'est pas vraiment une bonne nouvelle, même si le gouvernement de fait n'a pas trop le choix. Il y a en effet un grand risque que les choses dérapent dangereusement sur le terrain et que le pays sombre dans une instabilité chronique et peut être même un activisme terroriste sournois qui s'installerait à l'ombre d'une lutte entre factions politiques. On ne sera alors pas loin du scénario algérien tant redouté du côté du Nil. Les Frères musulmans ne se feront pas prier pour résister, quoi qu'il leur en coûte, aux coups de matraque et aux tirs à balle réelle, quitte à ramasser des certaines de cadavres.
Le fatal face-à-face
Ayant perdu le pouvoir, les Frères musulmans surferont à fond sur la vague de la frustration politique pour jouer le rôle de victime qui s'autorise, après, toutes sortes de moyens'Il suffira alors d'une étincelle pour que le feu de la «fitna» prenne au pays des pharaons, broyé entre des militaires revanchards et des islamistes prêts à mourir pour le pouvoir, dans la peau de victime de préférence. Plus de 250 d'entre eux ont déjà péri dans des violences en marge de rassemblements organisés depuis le 3 juillet dernier. En décidant de siffler la fin de la récréation, les militaires savent que c'est le seul moyen, connaissant la ténacité des partisans de Morsi qui peuvent occuper les rues et s'y installer avec femmes, enfants, bagages et plus si affinités'
La dimension mystique de la «mission» appréhendée sous l'angle d'une épreuve, d'une forme de djihad contre le despotisme des militaires, rend encore plus délicate la tâche de disperser les islamistes sur les places publiques. Les émissaires européens, américains, africains et arabes qui se sont relayés ces dix derniers jours pour tenter d'amorcer un compromis sont revenus bredouilles. C'est dire que les deux parties, qui se cramponnent à leurs positions respectives, semblent vouloir aller au clash pour des objectifs différents. Mais ils font courir un risque immense à l'Egypte. A Dieu ne plaise.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)