MEDA conclut à l?échec de la politique du crédit
Le programme d?appui à la modernisation du secteur financier mené depuis 2001 sur concours de l?Union européenne (UE) dans le cadre du soutien à la mise en ?uvre de l?accord d?association entre l?Algérie et l?UE prend fin aujourd?hui avec un bilan globalement positif, mais qui reste perfectible à plusieurs niveaux. C?est le sentiment qui se dégageait de la présentation du bilan faite mercredi dernier par les experts de l?Unité de gestion de programme (UGP Finance). Sur certains volets, le succès a été patent, sur d?autres, l?échec l?était tout autant. Scindé en deux grands projets, la banque et les assurances, ce volet du programme Meda, financé à hauteur de 23 millions d?euros, s?achève sans espoir de voir un nouveau programme prendre le relais étant donné que l?Algérie n?a pas formulé à temps de demande en ce sens, tient à préciser Fanny Labarthe, membre de la délégation de la Commission européenne en Algérie. Parmi les motifs de satisfaction, la mise en opérationnalité d?agences pilotes pour une banque de détail. Cinq agences sélectionnées à travers le réseau des banques publiques (BDL, BEA, CNEP, BADR et BNA, le CPA s?étant retiré pour se consacrer à son processus de privatisation) ont subi un total reprofilage de leur mode organisationnel, des métiers exercés ainsi que des habitudes comportementales des agents. Sur le plan d?accueil au niveau des agences, les experts de l?UGP Finance ont travaillé sur la réduction des files d?attente, la facilitation des démarches aux clients (accueil et orientation), l?amélioration de la connaissance du client, l?augmentation du temps commercial consacré au client. Moins visible mais tout autant déterminant, le plan interne à chaque agence pilote s?est donné pour objectif de « garantir les délais de production » (respect des délais pour l?octroi d?un crédit), garantir un « niveau constant de qualité » et enfin « augmenter la productivité ». Aujourd?hui, sur la base de l?échantillon existant, les pouvoirs publics disposent d?une expérience qu?elles peuvent dupliquer sur l?ensemble du réseau bancaire national comptabilisant quelque 1200 agences. La balle est ainsi dans le camp des pouvoirs publics qui devraient lancer une initiative du même genre pour prendre le relais du travail accompli par l?UGP. « La forme n?est pas encore arrêtée, mais certainement nous nous doterons d?un système de suivi », a affirmé Mustapha Tamelghaghet, représentant de la direction générale du Trésor à cette réunion. Pierre Guenneau, directeur de l?UGP, a souligné qu?il n?était pas de la prétention de son programme de résoudre l?ensemble des problèmes du secteur financier algérien, mais de « montrer l?exemple à travers des cas concrets et créer une dynamique d?imitation ». Dans sa communication, Emanuel Cullin du cabinet Ineum Consulting, qui a suivi la mise en place d?une banque de détail, considère le travail fait en agence de « totale réussite ». A ce propos, tient-il à préciser : « Chaque banque dispose aujourd?hui d?un plan de généralisation avec un mode d?emploi. » « Cependant, le mode d?emploi ne suffit pas », signale M. Cullin pour qui la fixation de délais est un « impératif ». échec du crédit : Les torts partagés De son avis, « il faut compter entre 18 et 24 mois pour mettre à niveau les 1200 agences bancaires ». En termes de coût, l?opération est difficilement chiffrable, mais en ce qui concerne l?expertise technique externe (consulting) cela devrait revenir à environ 10 millions d?euros, souligne encore M. Cullin. Reste à additionner la facture de la mise à niveau interne propre à chaque agence. Revenant sur le déroulement du programme entre 2001 et 2007, M. Guenneau a souligné que celui-ci a connu deux étapes. La première s?est prolongée jusqu?en juin 2006 avec des interventions au niveau central des banques, notamment sur les problématiques de trésorerie, de comptabilité analytique et de modernisation du système de paiement. Puis un changement méthodologique est intervenu avec le choix de l?intervention en agence. Un changement de cap qui a permis de mieux avancer pour aboutir à une feuille de route dont les autorités seront dépositaires demain d?un rapport détaillé. S?agissant du crédit, M. Guenneau avoue l?échec du programme sur ce plan. Plus particulièrement, M. Guenneau parle de l?échec du crédit aux entreprises moyennes. D?après cet expert, les torts sont partagés. D?une part les entreprises ne sont pas « transparentes », ce qui fait dire au directeur de l?UGP que « la sincérité des bilans en Algérie est un concept vide ». D?autre part, continue-t-il, « les banquiers ne connaissent pas le risque, ce qui amène à la culture de la garantie ». Pour y remédier, M. Guenneau estime qu?il faut du temps et de la formation. Assurances : beaucoup reste à faire S?agissant du projet « assurances », Didier Duchêne, tout en étant conscient du long chemin qui reste à parcourir, n?est pas moins satisfait des étapes franchies. Il en veut pour preuves la « remise en vigueur du bonus/malus » (dans la branche automobile) et « l?application de la convention IDA » (indemnisation directe des assurés). Outre la formation d?un « corps d?inspecteurs régleurs de sinistres », M. Duchêne s?est félicité de la création d?une « société commune de lutte contre la fraude à l?assurance », d?une « centrale des risques », ainsi que de la « prise de conscience accrue pour l?assurance catastrophes naturelles ». Il n?en demeure pas moins que beaucoup reste à faire, notamment dans la modernisation des systèmes d?information et le développement des assurances de personnes (santé, retraite, etc.).
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. Zentar
Source : www.elwatan.com