Celui que l'on surnomme encore aujourd'hui l'«Apprenti», en raison de son personnage comique, aux côtés de Hadj Abderrhamane qui mène l'enquête dans l'inspecteur Tahar, s' est éteint le 9 octobre 2004, à l'âge de 76 ans. Pour beaucoup d'Algériens, c'est cette éternelle image que l'on garde de lui, son tempérament vif et jovial, petit de taille,mais grand par le talent, la verve, flanqué d'un regard malicieux. Il y a 18 ans, disparaissait, en effet, Yahia Benmabrouk, cet acteur plein d'entrain, à la riche carrière aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Il est né le 30 mars 1928 à Alger. C'est presque un hasard du destin qui le poussera sur les tréteaux.En 1940, appelé à la rescousse, en remplacement d'un jeune comédien par Mustapha Kateb, formateur et responsable de la troupe théâtrale algérienne, a été la belle rencontre de sa vie. Victime d'un attentat perpétré en 1956 par des extrémistes français, Yahia Benmabrouk s'est vu contraint d'arrêter ses activités artistiques, pour revenir deux ans plus tard, en 1958 et participer, comme membre fondateur de la troupe artistique du Front de Libération nationale, dirigée par Mustapha Kateb. Il vouera ainsi son talent d'artiste au service de la cause nationale et de la culture algérienne. Militant chevronné, il s'adonnera à son métier avec passion et résistance.
Fondée en Tunisie en 1958, la troupe du FLN s'était fixée pour mission principale de promouvoir la révolution algérienne à l'étranger, à travers un collectif engagé d'artistes, de créateurs et d'intellectuels dans divers domaines des arts de la scène, qui a présenté plusieurs de ses performances dans plusieurs capitales du monde.
Après l'indépendance, Yahia Benmabrouk n'a pas cessé d'activer au sein du Théâtre national algérien, enchaînant les rôles dans différentes pièces, à l'instar de la toute première, Hassan Terro (1963), puis, Acteur malgré lui, Une rose rouge pour moi, El Ghoula, Ma yenfaâ ghir essah ou encore, Es'Soltane el hayer.
Le regretté a également joué dans Les concierges (1970), aux côtés d'un grand nombre de figures du théâtre algérien, à l'instar des regrettés Sid Ali Kouiret, Fatiha Berbère et Ammar Marouf, pour se voir distribué, deux ans plus tard, dans L'homme aux sandales de caoutchouc de Kateb Yacine, devenant ainsi un comédien incontournable au parcours singulier qu'il continuera d'animer jusqu'en 1983, où il apparaîtra dans Juha baâ h'marou. Grande figure du théâtre post-indépendance avec, entre autres, Rouiched, Allel El Mouhib, Keltoum, Sid Ali Kouiret, Mustapha Kateb et Farida Saboundji, Yahia Ben Mabrouk avait participé à presque toutes les manifestations théâtrales nationales et prit part à nombre de festivals en Tunisie. Au cinéma et à la télévision, il débutera en 1967, aux côtés du regretté Hadj Abderrahmane avec qui il avait formé le duo anthologique, L'inspecteur Tahar et l'Apprenti, gratifiant durant plusieurs années le public de cinéphiles et les téléspectateurs d'une série de films comiques qui connaîtra un grand succès.
Parmi les films les plus célèbres rendus par ce duo, où Yahia Benmabrouk incarne le rôle de «L'Apprenti» (l'inspecteur adjoint), on relèvera L'Inspecteur Tahar (1967) et Les vacances de l'Inspecteur Tahar, de Moussa Haddad (1972), qui connaîtra un franc succès, mais aussi L'Inspecteur Tahar marque le but (1975) ou encore Le chat (1978). Yahia Benmabrouk prendra également part au film historique devenu culte, à savoir Chroniques des années de braise (1975), de Mohamed Lakhdar Hamina, Palme d'or en 1975 au festival de Cannes. Après la mort de son compagnon Hadj Abderrahmane alias l'inspecteur Tahar, en 1981, «l'Apprenti» s'est éclipsé un peu de la scène artistique. Il marquera son retour au cinéma dans Le clandestin (1989) de Benamar Bakhti, qui a remporté un franc succès auprès du public. Dans les années 1990, le regretté a également participé à un certain nombre d'oeuvres cinématographiques et télévisuelles, dont Cheb (1991), de Rachid Bouchareb, Hafila tassir (1993) et Les vacances de l'Apprenti (1999).
Yahia Benmabrouk s'est éteint le 9 octobre 2004, à l'âge de 76 ans.
Son image, indélébile, restera à tout jamais marquée dans la mémoire du peuple algérien.
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Posté Le : 10/10/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com