Algérie

L'appréhension des lendemains incertains



Il ne fait vraiment pas bon vivre en Tunisie en ces lendemains de résultats de premières élections véritablement libres et transparentes appelées à élire les membres de la nouvelle assemblée constituante.
Le couvre feu pour une durée indéterminée instauré ces dernières quarante-huit heures à Sidi Bouzid impose à la population de cette localité, devenue historique pour avoir été à l'origine de l'étincelle de la révolution du Jasmin, de rester dans ses foyers de 19h00 à 5h00. Cette décision a suffi pour entraîner de violentes manifestations avec pour conséquence la mise à sac d'un grand nombre de sièges d'institutions, locaux commerciaux et le siège du parti Ennahda qui a été incendié. Les manifestations ne se sont pas limitées à cette seule localité. D'autres proches ou lointaines dans divers gouvernorats ont suivi comme si leur population respective obéissait à un mot d'ordre. La conclusion à laquelle est arrivée Rached Ghanouchi figure dans un des communiqués de son parti où il affirme : «les manifestations intervenues ces dernières heures dans quelques localités dont celle de Sidi Bouzid, sont le fait d'individus, rebut de l'ancien système.» Du côté des autres partis politiques, exception faite de ceux ayant été privés des quelques sièges qu'ils sont arrivés à décrocher pour cause de fraudes confirmées, la satisfaction est unanime. Mais au-delà des résultats, la peur s'est installée dans le milieu économique tunisien. Le temps est à l'appréhension des lendemains incertains. Notamment du côté des investisseurs directs étrangers, les animateurs du secteur touristique et de l'artisanat, celui de la petite et moyenne industrie qui comptent plusieurs milliers appartenant à des étrangers. Presque inexistante sous Ben Ali, l'insécurité est devenue un quotidien dans les villes, villages et sur les routes en Tunisie. L'arrestation par les services de sécurité tunisiens de nombreux officiers dont certains de haut grade a accentué les appréhensions de tous. Les responsables des différents services de sécurité toujours en position d'alerte maximale ont estimé que certains exagèrent délibérément les risques de cette période trouble dans leur pays. Ce qui n'est pas de l'avis de certains responsables algériens en poste dans les représentations diplomatiques aux frontières tuniso-algériennes. A ce niveau, l'on suit au jour le jour l'évolution de la situation dans ce pays voisin. Celle-ci est véritablement délétère, il y a de quoi avec une administration presque paralysée après l'euphorie des élections suivie du désenchantement de certains, quelques heures après l'annonce des résultats, les affaires bloquées, un secteur du tourisme en panne, aggravé par le scepticisme des animateurs du milieu économique. Le retrait des listes «Pétition Populaire» de l'homme d'affaires Hachemi Hamadi n'est pas fait pour tranquilliser les uns et les autres. C'est pourquoi, beaucoup d'observateurs estiment bien maigre l'hommage rendu par l'Union européenne à Mohamed Bouzidi auquel a été décerné, à titre posthume, le prix Sakharov pour la liberté d'esprit au même titre qu'une Egyptienne et un révolutionnaire libyen.


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