Algérie

L'apport du Sommet d'Alger


Le Sommet arabe d'Alger a eu un succès retentissant à l'échelle du monde. Intervenu dans un contexte régional et international particulier, il a automatiquement capté l'intérêt des puissants du moment. Il y a eu les présidents chinois et russe qui ont transmis des messages d'où l'on peut lire entre les lignes, tout l'intérêt qu'ils portent à une région appelée à jouer un rôle central dans les équilibres des forces du nouvel ordre mondial qu' esquissent la guerre en Ukraine et l'émergence de nouveaux pôles économiques. Vladimir Poutine qui, grâce à l'Opep peut se targuer d'une solide alliance avec les pays arabes producteurs d'hydrocarbures n'a pas fait dans l'approximation et encouragé les Arabes à se constituer en zone d'influence politique, économique et même démographique.Ce n'est même pas un appel du pied, mais carrément une offre de partenariat stratégique entre deux puissances, l'une eurasiatique et l'autre afro-asiatique. La jonction d'intérêt mutuel entre les deux ensembles peut révolutionner à terme leurs échanges avec un Occident en situation de panique. La Russie, qui entretient déjà de bonnes relations avec plusieurs pays arabes, saluerait une coopération stratégique, avec transferts de technologie et autre partenariat renforcé. Pour Vladimir Poutine, qui joue une partie d'échec historique avec l'Américain Joe Biden, le Monde arabe est une pièce maîtresse.
Le rendez-vous du 1er et 2 novembre derniers a également fortement intéressé le géant chinois qui, à travers le message du président Xi Jinping, a clairement annoncé la couleur. Xi a engagé son pays pour «construire une communauté de destin sino-arabe pour la nouvelle ère». Une nouvelle ère qui suppose une position plus affirmée de la Chine, mais aussi et surtout, une nation arabe plus solidaire et constituant un pôle de décisions régional parmi d'autres, dans le principe d'une multilatéralité que combattent présentement les Etats-Unis. Le président chinois dit aspirer à «créer un avenir brillant pour les relations sino-arabes et contribuer à la promotion de la paix et du développement dans le monde». L'allusion au nouvel ordre mondial est on ne peut plus claire.
Parmi les participants au Sommet, personne n'est dupe de l'intérêt que formulent les puissances mondiales à la réussite de leur rencontre. Ils savent pertinemment que les Etats-Unis ne resteront pas les bras croisés. La présence au Sommet, en qualité d'invité-observatrice, de l'ambassadrice des Etats- Unis en Algérie renseigne sur un désir américain de tâter le pouls d'une organisation qui, au bénéfice d'une situation géopolitique particulièrement mouvante, ces derniers mois, prend du volume et peut être décisive au regard de son potentiel énergétique et géostratégique, à cheval entre deux continents qui se réveillent et face à un troisième actuellement en peine en raison de la persistance de la guerre sur son territoire. Les Américains, qui campent le rôle de chef incontesté du pôle occidental, manoeuvrent à maintenir son influence sur certaines pétro-monarchies, avec les résultats décevants que l'on sait. L'Opep contredit les objectifs de Washington et maintient l'Europe en situation de «stase» énergétique.
Les Arabes constatent de visu l'affaiblissement de l'Occident et la montée en puissance du tandem sino-russe. Ce dernier lui propose une alternative à l'unipolarité occidentale. La guerre est quasi ouverte entre les différents tenants de la puissance économique et militaire et il n'est pas impossible de voir celle-ci prendre pour terrain d'affrontement tel ou tel autre pays arabe, comme l'Ukraine est déjà l'une des expressions.
Le salut du Monde arabe est, estiment de nombreux observateurs, dans son unité confirmé par le Sommet d'Alger. Mais leur grande chance de sortir indemnes du choc des titans est de s'appuyer sur l'expertise diplomatique algérienne. L'Algérie compte pas mal de pays amis dans les deux camps. Des Etats-Unis à la France en passant par l'Italie et l'Allemagne, l'Occident est obligé de ménager Alger, parce qu'elle entretient des relations fortes avec l'autre pôle émergeant. En un mot comme en mille, si le Sommet arabe d'Alger a ouvert une piste, l'Algérie est la clé qui ouvrira la porte de l'émergence du Monde arabe avec un minimum de casse.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)