L'effervescence lucrative des soirées ramadhanesques s'installe dans presque tous les quartiers de la capitale. Sitôt le jeûne rompu, et les prières de taraouih accomplies, une autre vie nocturne débute avec de très longues veillées, jusqu'au petit matin. Les artères de la capitale en son et lumière offrent un spectacle de kermesse pour les familles venues pour un lèche-vitrine en prévision de l'Aïd. A d'autres enseignes, ce sont des balades sur le front de mer pour rester dans le ton. Tout au long de la célèbre riviera de R'mila à Bab El Oued, on revient pour planter un décor féerique dans le style Kheima avec toutes les accommodations accompagnant ces merveilleuses veillées à ciel ouvert. Pendant cette trêve aux allures très conviviales, on se remet à requinquer les cités pour en faire un havre de distraction et d'occupation pour les jeunes. Sur les hauteurs de la capitale, les cités de Aïn Naâdja et Garidi ont donné le ton à un véritable évènement féerique en prenant l'initiative d'adapter les sombres espaces non éclairés à une image accueillante pour jeux et distractions. Cette magnifique image est en train de se dupliquer au gré d'une demande croissante des jeunes chômeurs. De petits grands projets de fortune prennent le sentier d'une entreprise, voire d'un débouché pour l'avenir de ces jeunes qui prennent peine à s'investir dans un service public « spécial Ramadhan ». « De petits kiosques, quelques tables et un éclairage, nous voilà déjà inscrits dans des loisirs avec jeu de dominos et cartes. Les moins nantis se greffent à cette passionnante aventure pour imposer de la confiserie orientale, la zalabia, le kelbelouz et jusqu'au barbecue pour les amateurs de grillades. Les bonnes habitudes des veillées familiales, laminées par un urbanisme des cités dortoirs sont reléguées aux oubliettes. Dans l'antique Casbah, quelques maisons détenant encore le monopole traditionnel de la Bokala reprennent du service en organisant la nostalgique compétition culturelle de la prose. Ce lieu jadis sacré des magnifiques veillées du Ramadhan continue quand même à vivre son dernier quart d'heure, les principales rues de la citadelle sont au rendez-vous pour marquer leur empreinte festive. De petites tables achalandées ouvrent la voie à une image orientale où la confiserie reste reine. Il y a comme un soupçon de résistance chez ces derniers templiers de la citadelle qui refusent de quitter leur chère Casbah en plantant un meilleur décor qui fait reculer l'échéance fatidique d'un abandon. Grâce au Ramadhan, la médina renaît de nouveau pour crier haut et fort qu'elle conserve encore de beaux restes à faire valoir. Dans les mystiques ruelles de Dar El Ghoula aujourd'hui en ruine, on y murmure encore les merveilleux contes des deux princesses, ou encore Sidi Bougdour. Tout un pan de l'histoire se remet en branle en cette période de Ramadhan. On y veille jusqu'au petites lueurs du jour pour entamer le dernier repas du s'hour avant d'entamer le jeûne. L'appel de Tabal s'hour retentit aujourd'hui comme un souvenir furtif dans nos ouïes. Ce centenaire tambourin rejaillit dans la mémoire pour nous rappeler que le mois de jeûne revient chaque année pour retrouver une autre génération. A quelques encablures de Ketchaoua, le mausolée de Sidi Abderrahmane, le saint patron de la ville, des méditations mystiques par les érudits du soufisme s'organisent jusqu'au petit matin. Les veillées de Ramadhan s'achèvent sur une note d'espoir. On ne dira pas assez sur ce mois illuminé où la dévotion et la piété se conjuguent à la vie culturelle. C'est toute la cité qui prend conscience d'un évènement où la sagesse est reine.
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Posté Le : 11/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Bentaleb
Source : www.horizons-dz.com