L'appel du pied d'Azzedine Mihoubi à l'armée

Chants, musique folklorique et troupe de fantasia dans une confusion indescriptible. Tel était le décor planté par les organisateurs du RND pour accueillir le candidat Azzedine Mihoubi pour son meeting constantinois, hier à la salle des spectacles Ahmed-Bey (ex-Zénith).Des scènes incroyables qui ont fait dire à certains présents qu'ils revoyaient à l'identique, des répliques du film mythique Carnaval fi dachra. En effet, dès 9h, plus d'une trentaine de bus transportant des "sympathisants'' du candidat ont pris d'assaut l'immense parking de l'édifice, la plupart venus de Batna, de Sétif, de Bordj Bou-Arréridj, d'Annaba, de Skikda, de Mila, de Teleghma, d'Oued Seghen et d'Oum El-Bouaghi. Des dizaines de résidentes des cités universitaires ont été ramenées par bus et, selon des indiscrétions, certains entrepreneurs ont obligé leurs employés à participer au meeting, sous peine de sanctions. Du beau monde pour une présence vraisemblablement rémunérée pour la "cause". Un imposant dispositif sécuritaire a été déployé devant tous les accès menant à la salle des spectacles.
Avec deux heures de retard, le candidat arrive enfin vers 12h, sous une très haute surveillance policière, accompagné d'une délégation et d'une dizaine de journalistes venus d'Alger. À l'entrée de la salle, il a été accueilli par des hommes d'affaires, des députés et des sénateurs RND. Dans une salle à moitié vide, le candidat à la présidentielle s'est contenté de rappeler, depuis Constantine, "l'importance d'aller voter pour barrer la route à ceux qui attentent à la stabilité du pays qu'il faudra préserver des comploteurs de l'intérieur".
Sans évoquer les grandes lignes de son programme, l'ex-ministre de la Culture a insisté sur l'université jugeant que le système LMD a atteint ses limites et qu'il doit être remplacé par un autre plus performant. De même, M. Mihoubi a déploré le fait que "la région de Constantine dispose d'énormes potentialités agricoles et touristiques inexploitées". Le candidat en lice pour le palais d'El-Mouradia n'a pas cessé, pendant son discours qui a duré plus d'une trentaine de minutes, de louer l'institution militaire et a mis en garde contre "ceux qui veulent comploter contre cette institution considérée comme la colonne vertébrale du pays''. Azzedine Mihoubi a, également, indiqué que "l'Algérie est un pays souverain et indépendant qui a toujours respecté la souveraineté des autres et qui veille à ne pas s'ingérer dans les affaires internes des pays", allusion faite au débat sur l'Algérie initié par l'Union européenne, lequel focalise l'intérêt des candidats qui continuent, cependant, à ignorer le mécontentement de la rue.

Ines Boukhalfa