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l'appel du Kenya à la communauté internationale Les shebab somaliens menacent le pays de nouvelles attaques



l'appel du Kenya à la communauté internationale Les shebab somaliens menacent le pays de nouvelles attaques
Quatre jours après le début de l'attaque contre le centre commercial Westgate à Nairobi par un commando d'islamistes, le président kényan, Uhuru Kenyatta, a annoncé, hier soir, que le siège était terminé. Le chef de l'Etat a déclaré que «cinq terroristes ont été tués par balle et 11 suspects sont en détention».Mombasa (Kenya)
De notre envoyé spécial
Malgré l'intervention lundi des services de sécurité kényans et le discours rassurant des hautes autorités du pays ' qui ont affirmé à maintes reprises lundi maîtriser le terrain ', la situation était encore confuse, hier après-midi, au centre commercial de Nairobi où le commando du groupe terroriste somalien shebab affilié à El Qaîda, qui l'avait pris d'assaut samedi, affirmait détenir encore des otages vivants.
Alors que l'opinion s'attendait à ce que les forces kényanes ' qui ont reçu l'appui d'experts militaires américains et israéliens ' en finissent une bonne fois pour toutes avec les assaillants durant la journée, c'est au contraire le groupe des shebab qui a encore fait l'actualité, hier, en mettant en garde le Kenya et son armée.
Selon un enregistrement sonore posté hier sur internet, un porte-parole du groupe islamiste somalien a en effet menacé le Kenya de nouvelles attaques s'il ne retire pas ses troupes de Somalie, où elles combattent les rebelles depuis 2011. «Nous lançons un avertissement au gouvernement kényan et à tous ceux qui le soutiennent : s'ils veulent la paix, qu'ils quittent notre territoire (...). Sinon sachez qu'il ne s'agit que d'un avant-goût de ce que nous allons faire» à l'avenir, a déclaré le porte-parole des shebab, sheikh Ali Mohamoud Rage, en référence à la sanglante attaque de samedi contre le centre commercial Westgate de Nairobi.
Attaque revendiquée, rappelle-t-on, par son mouvement et qui, selon les derniers bilans, a fait 61 morts et plus de 200 blessés. Les shebab ont-ils réellement l'intention de mener une nouvelle action d'une ampleur similaire à l'attaque qu'ils viennent de perpétrer ' Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, la presse kényane n'y croit pas beaucoup. Par contre, certains analystes estiment qu'il faut plutôt se pencher sur le cas de groupes djihadistes locaux, tel le groupe Al Hijra. Le groupe activerait dans la région côtière du Kenya et à Majengo, un bidonville tentaculaire de Nairobi. Le GlobalPost indique même que des éléments d'Al Hijra sont très présents dans cette zone et tentent actuellement d'embrigader des jeunes gens.
L'assaut final donné en début de soirée
Avec la reprise des échanges intenses de tirs hier à l'aube, entre les militaires kényans et les éléments des shebab dans ou tout près du bâtiment, des sources de sécurité ont, de leur côté, fini par avouer qu'elles combattaient toujours «un ou deux» assaillants, localisés à l'intérieur ou à côté d'un casino situé dans les étages. La police kényane a ensuite expliqué être en train de désamorcer des «explosifs» placés «par les terroristes» dans le bâtiment, sans donner davantage de précisions. Elles ont assuré toutefois contrôler le bâtiment et que le «travail» allait être «vite fini». Ce qui sera finalement fait. Pour lever le doute et rassurer la population, le président kényan, Uhuru Kenyatta, a d'ailleurs annoncé en personne, hier soir, la fin de l'opération et la victoire contre les terroristes qui ont été «humiliés». Il a, par ailleurs, décrété un deuil national de trois jours.
De son côté, la classe politique kényane a appelé à l'unité face à la crise. Loin de donner l'impression d'être gagnées par le doute ou d'être impressionnées par les menaces proférées par les chefs des shebab, les autorités kényanes ont préféré insister, durant la journée d'hier, sur l'«important» coup de filet opéré par leurs services de sécurité. Selon elles, cinq assaillants ont été tués. Le ministère de l'Information a aussi affirmé que plus de 11 suspects avaient été arrêtés pour «interrogatoires».
La ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a évoqué, lundi soir sur PBS (une chaîne de télévision kényane) la présence au sein du commando de deux ou trois Américains et d'une Britannique. D'après elle, cette Britannique a déjà commis des actes similaires «à de nombreuses reprises». La police kényane avait affirmé, plus tôt, suspecter la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d'un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, d'être «impliquée». Quant aux Américains, a précisé la ministre, ce sont «de jeunes hommes, entre 18 et 19 ans (...) d'origine somalienne ou arabe, mais qui vivaient aux Etats-Unis».
Les mises en garde de l'Amison
Intervenant lors d'une conférence de l'Union africaine sur la crise somalienne, organisée hier à Mombasa dans le sud du Kenya, le chef de la Mission de l'organisation panafricaine pour la Somalie (Amison), l'ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, a appelé, quant à lui, à résister contre terrorisme et à vaincre la peur. «Nous ne laisserons jamais les groupes terroristes dicter leur loi aux populations», a-t-il martelé, non sans avoir souligné au préalable que la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique et, plus généralement, en Afrique de l'Est «doit être l'affaire de la toute la communauté internationale car la stabilité de la Somalie veut dire la stabilité de la région et de toute l'Afrique».
A l'occasion, il a averti que l'Amison ne pouvait pas affronter seule la crise somalienne et ses retombées malgré sa très grande détermination. Des experts de l'Amison ont, à ce propos, expliqué qu'il y avait encore beaucoup de travail à faire en Somalie et que la menace y est encore très importante.
Abondant dans le même sens, le chef de la mission kényane en Somalie, Josphat Kaunda Maikara, tout en assurant que son pays ne cédera pas au chantage terroriste et qu'il continuera à être engagé auprès des Somaliens, a aussi estimé «primordial» que la communauté internationale s'implique davantage à l'avenir dans le règlement de la crise somalienne, et cela «pour gagner davantage de terrain sur le terrorisme».
L'horrible tragédie qui vient de se produire à Nairobi impose effectivement de prendre très au sérieux ces appels à l'aide, d'autant que le «bouclier protecteur» qu'est l'Amison risque, à tout moment, de mettre la clé sous le paillasson à cause d'un manque cruel et récurent de financements et de moyens humains. Un tel scénario, s'il venait à se produire, serait désastreux.


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