Algérie

L'appel de la terre



L’hiver nous revient dans toute sa dimension environnementale pour reprendre  sa part d’histoire et de légende. Il fut ainsi depuis la nuit des temps lorsque l’homme confronté à la rigueur du froid glacial dut se prosterner devant la puissance divine pour obtenir la clémence des quatre saisons. Dame nature devait, cependant, jeter son dévolu sur le calendrier agraire et en faire la première  feuille  de  route saisonnière berbère. Dans la lignée des grandes confrontations puniques, l’hiver en fut favorable au puissant roi berbère Shachnak pour battre le puissant Pharaon. Depuis lors, on fête Yennayer en signe de victoire et par extension par respect aux us et coutumes pratiqués à l’endroit d’une terre généreuse nourrie dans l’opulence des vertes prairies. On n’en dira pas assez sur la célébration de cette nouvelle année toujours accrochée à la mémoire collective. Il y aura des marrons et de la châtaigne au coin du feu avec récits de grand-mère pour reculer le temps et mettre en relief la vie paysanne marquée par un heureux évènement libérant tout l’attirail d’un hiver plein de promesses. Dans tous les recoins du pays, on reste attaché à la célébration de Yennayer. Sur le Mont Chenoi, on  ne saurait être mieux gâté par la pluralité et la diversité des festivités champêtres. De grands festins végétariens sont organisés, on rend hommage à la fécondité, tous les  herbes et aromes  sont prêts pour les gourmets piémonts, un grand récital de chants louant les bienfaits de Yennayer est mis en l’évidence. Dans le plus pur style champêtre, on part à la cueillette des fruits secs pour accomplir la théorie du « treize » communément appelée Traz. Dans une espèce de grand panier en osier, on recompte la noisette, la noix, les figues secs, châtaigne, marrons datte séchées, cacahuètes agrémenté de fruits saisonniers et de dragées.  Dans ce vaste melting pot gargantuesque, l’inévitable couscous à la semoule de châtaigne intervient dans le plus grand faste cérémonial des gens du Chenoua. On leur reconnaît ce traditionnel rendez-vous  marqué par cet ancien legs. Leur présence dans cette vaste chaîne de montagne surplombant Cherchell, les Ychenouiyenne avaient tant résisté à l’invasion romaine en s’accrochant vaille que vaille à leurs traditions à fêter  Yennayer. La marque historique de leur attachement à leur terre nourricière repose sur l’épopée d’un peuple gagné par son amazighité à en faire des citoyens libres. Aujourd’hui, encore une fois, les effluves d’un passé encore vivaces écument les endroits reculés de nos montagnes pour faire ressortir un pan de culture et d’histoire qui demande à être revisité pour la prospérité de nos aïeux. A mille lieues d’une Numidie perdue, nous revoilà interpellés par l’histoire d’un Yennayer toujours vivace dans nos us et coutumes.


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