Algérie

L'appel de la «mère adoptive» du petit Mohamed



La femme qui se présente comme la mère adoptive du jeune Mohamed, deux ans et demi, trouvé seul en août dans une cité de Marseille, a demandé, hier, à la justice de lui rendre l'enfant, «son fils» qu'elle assure avoir recueilli légalement en Algérie.

«Je demande à Dieu et à la justice de me donner Mohamed. C'est moi la maman de Mohamed (...). Je demande à la justice de me donner mon fils», a lancé Fatna, 34 ans, à des journalistes chez elle dans une cité de Marseille. Selon l'AFP, l'enquête menée par la police avait révélé que cette femme, de nationalité algérienne, n'était pas la mère biologique de Mohamed. Mercredi dernier, elle a été inculpée pour «simulation d'enfant», délit passible de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. «J'ai menti parce que j'avais peur qu'on me prenne Mohamed», assure Fatna.

«Je (ne) touche rien pour Mohamed. Je le garde parce que je l'aime: c'est mon fils», dit-elle encore, ajoutant qu'elle va tous les jours le voir dans le centre où il est placé. Elle affirme avoir obtenu régulièrement sa garde devant un juge de la ville dont elle est originaire, Aïn Témouchent, à l'ouest de l'Algérie, grâce à la «kafala», recueil légal non reconnu en France, et avoir ramené Mohamed en France alors qu'il n'avait que sept mois. Le hic, c'est qu'elle dit avoir perdu les documents dans ses déménagements successifs. «J'ai demandé à ma soeur qu'elle me faxe les papiers», indique-t-elle. Le 5 août, Mohamed avait été retrouvé seul dans une autre cité que celle où il vivait. Personne ne l'a réclamé durant deux semaines, jusqu'à ce qu'une cousine de Fatna reconnaisse sa photo dans le journal et la prévienne. La jeune femme est rentrée d'Algérie le 19 août.

Elle a alors expliqué aux policiers être partie dans sa famille avec les quatre aînés tandis que Mohamed, resté à cause d'un problème de passeport, était confié à la garde d'une amie, Naïma, à laquelle elle avait laissé de l'argent, des vêtements et «même les clefs de (son) appartement».

Naïma lui aurait caché la disparition de l'enfant et reste introuvable depuis la révélation de l'affaire. Elle serait en France en situation irrégulière.

Au stade actuel des choses, la justice doute désormais de tout et entend vérifier tous les dires de la jeune femme. A commencer par les conditions dans lesquelles elle aurait pris en charge Mohamed, peu après sa naissance en février 2006 en Algérie. L'enfant, explique la jeune femme, était celui d'une jeune fille qui ne souhaitait pas le garder, alors qu'elle-même désirait avoir un garçon supplémentaire, plutôt qu'une fille. Elle l'aurait ramené en France par bateau.

La jeune femme, poursuivie aussi pour faux en écriture public, nie avoir falsifié l'acte de naissance de Mohamed et dit avoir menti à son sujet de peur de le perdre à son retour d'Algérie le 19 août. Le parquet s'interroge aussi sur les motivations de cette prétendue adoption, sans exclure qu'elle puisse être liée à la perception d'allocations familiales, pour combler la faiblesse des revenus de la jeune femme.

Même la filiation de ses quatre autres enfants, confiés à l'aide sociale, va être soumise à expertise. Au total, une vingtaine de personnes ont été entendues dans cette affaire à rebondissements.






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