Ils sont les deux candidats déclarés à la succession de Abdelaziz Belkhadem à la tête du FLN. D'un côté, un apparatchik du parti, Mohamed Boukhalfa, qui connaît parfaitement les arcanes du FLN, et de l'autre, Amar Saâdani, «candidat des affairistes» et détenteur du fameux «feu vert», comme il l'affirme, de la présidence de la République. Que pensent-ils de la situation ' Quel est leur programme ' Et quels sont leurs points faibles et leurs avantages '
Mohamed Boukhalfa
Comment je vois la situation du parti
Le FLN ne peut pas se permettre de continuer, un mois après le départ de Abdelaziz Belkhadem, sans direction. L'intérim est aujourd'hui assuré pour les affaires courantes, mais les militants ont besoin d'une direction pour prendre en charge le parti. D'autant que celui-ci est majoritaire à l'Assemblée et qu'il légifère. La situation actuelle correspond peut-être au désir de certains de voir le FLN péricliter et s'enfoncer dans la crise, mais je peux vous assurer que le souhait de la très grande majorité des militants est de le voir redevenir un parti respectable. La situation actuelle au sein du FLN est la conséquence d'une mauvaise gestion organique de ses instances et le désir de certains groupes de continuer d'exister et de peser sur les décisions du parti, alors que leur présence est discutable, voire plus du tout souhaitable. Je sais que certains veulent rattacher la crise actuelle à l'élection présidentielle de 2014 et affirment que les ambitions supposées des uns et des autres freineraient la désignation d'un nouveau secrétaire général. En réalité, la crise actuelle est d'abord d'ordre moral. Elle concerne des personnes qui ont investi le parti avec leur argent «sale» et décidé de man'uvrer pour placer leur candidat et s'assurer une présence au sein du parti. C'est pour cela que le parti a besoin d'être assaini.
Moi, secrétaire général...
Je mettrai un terme à la division actuelle. Il est impératif que tous les militants du parti se retrouvent à nouveau. Nous ne pourrons continuer à peser sur la scène politique nationale que si tous ceux qui croient aux idéaux du FLN -la défense des intérêts de la nation et de la souveraineté nationale- se retrouvent à nouveau. L'essentiel pour le parti est de permettre la mise en place des conditions de l'activité militante au niveau de la base et non plus des appareils, pour rassembler toutes les énergies. Par ailleurs, je mettrai en place les mécanismes qui permettront un fonctionnement démocratique au sein du parti. Il faut arrêter de dire que les responsables prennent des décisions sans concertation. Il me paraît impératif que le FLN redevienne un parti qui ne soit plus une chambre d'enregistrement, mais une formation politique où les décisions sont prises de manière collégiale. Moi, secrétaire général du parti, je combattrai l'émergence des pouvoirs de l'argent mal acquis. Il faut un retour de la morale et de la probité dans un parti qui a laissé s'introduire en son sein des personnes qui ne correspondent pas à ce que nous avons toujours rejeté. C'est pour cela que je suis favorable à l'investissement productif, celui qui permet de créer de la richesse pour le pays. Pour la présidentielle de 2014, si le Président souhaite se porter candidat, l'ensemble du FLN sera pour sa candidature, car l'Algérie a besoin encore de stabilité pour consolider ses acquis. S. M.
Amar Saâdani
Comment je vois la situation du parti
Nous vivons au parti une période de transition qui a un rapport direct avec l'approche de la présidentielle, car plusieurs tendances veulent se positionner et convoitent des postes-clés au FLN, un parti qui aura à jouer un grand rôle lors de cette échéance. C'est pour cela que le consensus interne paraît si difficile. C'est une opportunité pour certaines tendances de glaner des positions importantes, une opportunité qui ne se représentera que dans quelques années. Il s'agit d'intérêts privés et à court terme. Ceux qui retardent la réunion du comité central devant élire un secrétaire général le font pour gagner du temps et s'assurer des postes. Il y a actuellement deux pôles dirigeants aux FLN : le bureau politique et le bureau de la dernière session. Session qui n'a concrétisé qu'un point de l'ordre du jour, le retrait de confiance à Belkhadem, sans poursuivre ses travaux pour élire son remplaçant. Nous sommes hors cadre réglementaire. Par ailleurs, le président de la République sait bien que c'est au comité central, auquel le président a laissé toute latitude, d'élire le secrétaire général. Mais des ambitions démesurées ont empêché de trancher la question du secrétaire général. Beaucoup de parties savent que leur influence va en prendre un coup si on démocratise le FLN, si on se donne plus d'autonomie. Je ne me plie pas aux pressions, et si certains ont des dossiers sur moi, qu'ils les présentent à la justice au lieu d'intoxiquer les médias. Ils veulent me faire déchoir par la rumeur, car ils ne veulent pas aller à l'urne. En tout cas, si la question n'est pas rapidement tranchée, la base va perdre patience.
Moi, secrétaire général...
Je ferai tout pour que le FLN ait une direction forte pour que le parti redevienne la locomotive politique du pays. Un espace où on débat du Printemps arabe, de la sécurité à nos frontières, de Sonatrach' Il doit être le fer de lance du front intérieur face aux grands défis. La priorité sera aussi de réajuster les structures locales et nationales à partir des kasmas, parce que le FLN connaît un vide organique. Il faut penser à un programme politique complet, sensibiliser nos militants de base et surtout renforcer la formation politique de nos cadres, formation qui ne doit pas être résumée à une simple université d'été. Il nous faut renouer avec les cadres de l'Etat encartés au FLN, renouer aussi avec l'environnement international et développer nos relations avec les partis d'autres pays. Nous avons à délimiter et clarifier notre distance vis-à-vis du pouvoir. On ne peut disposer de 210 députés et se contenter de «soutenir». Ce n'est pas une majorité à mettre dans une poche. Il ne sera plus toléré qu'un ministre ou un député préfère son poste à son appartenance au FLN. Le FLN ne devra plus accepter d'accomplir ses réalisations sans contrepartie politique, et devenir ainsi une sorte de vitrine du pouvoir. Ad. M.
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Posté Le : 01/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com