Algérie

L'APN des 'réformes' : ni autonomie ni légitimité


L'APN a été installée. Dans le désordre. Des élus accomplissaient les procédures inaugurales pendant que d'autres manifestaient en plein hémicycle.
Elle s'est choisi le plus âgé de ses membres pour la présider, conformément à l'orientation présidentielle de Sétif qui dédiait les élections du 10 mai au projet de passage de flambeau entre une génération 'tab djnanha', usée, et une génération, des générations, 'montantes' qui n'en finissent pas d'attendre leur baptême politique. Enfin, elles attendaient, puisque, majoritairement, elles ne vont même plus voter, convaincues de l'appropriation gérontocratique définitive du pouvoir.
Le président de la nouvelle Assemblée ne fera certainement pas l'erreur de tact de Saïdani qui, à son époque, remercia publiquement le président de la République pour la confiance placée en lui. Mais Belkhadem a fait les choses à sa place, histoire de forcer l'approbation de la candidature unique, FLN-RND, de Larbi Ould Khelifa par ses députés. Ce qui nous a permis aussi de connaître le nom du président de l'APN avant les députés non FLN.
Cela aura aussi permis aux rédactions d'apprêter ses biographies et gageons que, dès aujourd'hui, nous saurons tout sur le parcours nationaliste et appliqué de Ould Khelifa, sur sa science et sa vision progressiste. Toutes ces vertus qui donnent des raisons de ne pas chercher ailleurs quand dans l'index officiel des qualifications, nos dirigeants peuvent se trouver leurs propres successeurs. D'ailleurs, beaucoup de jeunes ambitieux ont compris qu'il faut passer par le moule pour espérer prétendre à une hypothétique responsabilité. On peut ainsi voir de fringants aspirants adopter l'attitude et le discours de leurs aînés jusqu'à la caricature. C'est dire que les ressources humaines, du sérail sont inépuisables. Et le temps ne peut rien contre sa capacité à se renouveler.
Soltani, entriste pressé, perd patience et repousse des propositions qui ne lui ont pas encore été faites. Quand on se fait adopter par le système, on ne renégocie pas les règles du jeu. Il en a été ainsi depuis que l'idée d'Etat algérien est née. Tous ceux qui ont essayé de changer ces règles ont connu, plus ou moins brutalement, la trajectoire centrifuge. Et dans sa retraite, le MSP risque d'y laisser au moins un ministre.
Plus l'espoir est grand, plus la déception est grande. Pour Soltani et les quelques appétits qui ont enfourché le prétendu processus de réforme. Mais pas pour les Algériens qui, dans leur grande majorité, ont lucidement exprimé leur scepticisme en s'abstenant de voter et en mettant ainsi leurs voix à l'abri d'une fraude prévisible. Cette pratique, ce n'est même pas une déviance du pouvoir en place ; elle est consubstantielle du système politique algérien.
Hier, à l'Assemblée, cela se passait 'entre eux'. Des députés exécutent la partition qui leur a été préparée et pour laquelle ils ont été 'élus' ; certains rouspétaient en rentrant leur morgue ; d'autres manifestaient dans les travées, avec pancartes et slogans de rigueur ; d'autres, encore, s'en sont allés créer une assemblée para-légale. Mais tous faisaient semblant d'oublier qu'ils étaient là par la volonté du pouvoir qui, malgré sa puissance, n'a pas pu leur organiser plus d'une trentaine pour cent de voix exprimées et de... légitimité.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr


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