Algérie

L'antibiothérapie, un problème de santé publique


Le Pr Afiri a plaidé pour la standardisation des protocoles de traitement à l'effet d'uniformiser les traitements à prescrire et les durées de l'antibiothérapie pour éviter un recours exagéré aux antibiotiques.Le recours exagéré à l'antibiothérapie ne fait qu'aider les germes à développer davantage de résistance. C'est ce constat qui, bien qu'il ne concerne pas seulement l'Algérie, a amené les éminents professeurs réunis, jeudi dernier, à Tizi Ouzou, à tirer la sonnette d'alarme et à appeler, par la même occasion, le corps médical à combattre les prescriptions aléatoires des antibiotiques. "Les taux de résistance des germes aux antibiotiques sont devenus inquiétants, et cette situation affole les épidémiologistes, les microbiologistes et les autorités de santé, d'autant que plus ces résistances augmentent, plus la durée et les coûts d'hospitalisation augmentent", a alerté le Pr Azzam en présentant la situation de la résistance des germes et des bactéries aux antibiotiques au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou durant l'année 2017.
Selon le Pr Azzam, sur les 3 465 germes qui ont été détectés durant cette période au CHU de Tizi Ouzou, certains sont déjà devenus hautement résistants et d'autres totalement résistants. "De telles résistances ne manquent pas d'amoindrir les armes thérapeutiques : les possibilités thérapeutiques deviennent réduites et, parfois même, anéanties. La situation est telle que pour certains germes hospitaliers, il ne reste comme solution que la prévention à travers les bonnes pratiques d'hygiène, car il est impossible de les traiter autrement", a-t-elle averti, non sans souligner, toutefois, que l'abandon de certains antibiotiques permet, avec le temps, de récupérer la sensibilité des germes à ces mêmes antibiotiques. Abordant le cas des infections néonatales, le Pr Bensaâdi a relevé, pour sa part, un recours, souvent exagéré, aux antibiotiques dans le traitement des infections néonatales, qu'elles soient précoces ou tardives.
Tout en expliquant que cette situation a pour origine les difficultés dans la distinction entre les infections virales et les infections bactériennes au stade néonatal, le Pr Bensaâdi a plaidé, néanmoins, pour l'abandon, dans certains cas, des antituberculeux majeurs, utilisés jusque-là, au profit des antiseptiques. Elle a également plaidé, à l'instar du Pr Afiri, pour la standardisation des protocoles de traitement à l'effet d'uniformiser les traitements à prescrire et les durées de l'antibiothérapie pour éviter un recours exagéré aux antibiotiques chez les néonatales, dicté souvent par le seul souci d'éviter de prendre des risques.
Tout en considérant que l'antibiothérapie est devenue un véritable problème de santé publique, le directeur de la santé publique, le Pr Ziri, a, pour sa part, appelé à plus d'efforts en matière de sensibilisation sur la question, tout en plaidant pour une meilleure coordination des règles de prescription des antibiotiques et surtout pour l'établissement d'une cartographie épidémiologique qui permettra l'élaboration d'un schéma de wilaya en matière de prescription des antibiotiques.
Samir LESLOUS
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