La décision du gouvernement algérien d'autoriser, jeudi, les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP) à intervenir pour libérer plusieurs centaines de travailleurs algériens et étrangers pris en otage mercredi dernier par un groupe terroriste armé, sur un site gazier d'In Amenas (sud-est algérien), a irrité au plus haut point un certain nombre de pays occidentaux et asiatiques.
Ces derniers se sont dits craindre pour la vie de certains de leurs ressortissants, séquestrés par une unité du groupe terroriste «Signataires par le sang» dirigé par Mokhtar Belmokhtar, un transfuge d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI).
C'est le cas, particulièrement, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Japon dont les gouvernements ont reproché aux Algériens de ne pas les avoir informé de leur projet d'assaut. Avant qu'ils ne se décident à mettent un peu d'eau dans leur «saké» et de se contenter uniquement de conseiller les autorités algériennes d'accepter l'aide des Britanniques pour dénouer l'affaire, les Japonais ' qui comptent près de 560 ressortissants en Algérie ' iront même jusqu'à exiger à ce qu'Alger «cesse immédiatement l'opération».
En revanche, la France ' dont l'armée est actuellement engagée au Nord-Mali pour combattre les groupes islamistes armés ' s'est abstenue de critiquer la gestion par l'Algérie de cette affaire de prise d'otages. Mieux, le gouvernement français a même soutenu les Algériens. «Les autorités algériennes ont estimé qu'elles n'avaient pas d'autre choix que de donner l'assaut (...). Paris a été régulièrement informé par Alger», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, lors d'un point de presse. Commentant la décision d'Alger de donner l'assaut, qui a permis pour l'heure de libérer plus de 650 otages dont près d'une centaine d'étrangers, le représentant du Quai d'Orsay a évoqué une situation «particulièrement complexe compte tenu de l'ampleur de la prise d'otages». Philippe Lalliot a, par ailleurs, estimé que cette prise d'otages confirme que «la présence de groupes terroristes» au Sahel est un «enjeu pour la communauté internationale tout entière».
Les critiques inattendues de Londres et de Tokyo
Si le soutien français a bien été perçu à Alger, les critiques du Japon, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis ont été reçues avec beaucoup d'étonnement dans la mesure où il s'avère que, contrairement aux informations (de l'intox diront des responsables algériens) diffusées par les preneurs d'otages faisant état d'un véritable carnage dans le site gazier, l'opération menée par les hommes du Groupe d'intervention spéciale (GIS) est loin d'avoir été un ratage. Selon un bilan provisoire établi en fin de matinée par les autorités, 573 Algériens et «plus de la moitié des 132 otages étrangers» ont été libérés, pendant que l'opération de délogement d'un groupe retranché dans l'installation gazière se poursuivait.
L'on ajoute par ailleurs que 18 terroristes ont été mis hors d'état de nuire. Le bilan exhaustif n'est pas encore établi et certains travailleurs étrangers du site gazier s'étaient mis aux abris dans divers points du site, indique une source sécuritaire, qui ajoute que l'installation gazière a été mise hors service pour éviter les risques d'explosion.
Le groupe qui a perpétré mercredi l'attaque contre le site gazier de Tigantourine (In Amenas, Illizi), était composé d'une trentaine de terroristes de diverses nationalités. Il est «très lourdement armé, y compris de missiles, de lance-roquettes et autres armes de guerre», a indiqué la même source, qui a ajouté que ce groupe est «très déterminé». Ce groupe terroriste, dit-on, avait l'intention de prendre en otage les travailleurs étrangers du site gazier et de les acheminer dans un pays voisin pour exercer de pressions sur les pays qui prennent part à l'opération de lutte contre les terroristes au Mali et sur la communauté internationale.
Contrairement à ce que laissent penser les gouvernements américain, britannique et nippon, les autorités algériennes n'avaient pas retenu comme première option de régler l'affaire des otages du site gazier de Tigantourine par la force. Les troupes de l'ANP, qui ont cerné rapidement les lieux, ont tenté, durant toute la matinée de jeudi, de parvenir à un dénouement pacifique. Des chefs de tribus locales ont même été sollicités pour tenter de raisonner les chefs du groupe terroriste. Parallèlement à cela, des informations ont circulé durant la même journée, prêtant l'intention aux terroristes de commettre un véritable carnage dans le site, ce qui n'est pas allé sans rajouter au poids déjà grand qui pesait sur les épaules des autorités.
Les forces spéciales de l'ANP n'entreront néanmoins en action que lorsque les terroristes ont tenté de prendre la fuite avec une dizaine d'otages à bord de 5 véhicules. Et à partir de là, il était évident qu'une opération destinée à déloger les terroristes allait être lancée. L'assaut s'est, pour ainsi dire, imposé de lui-même. Et à l'inverse aussi de la déclaration faite par David Cameron au cours de laquelle il s'est plaint de ne pas avoir été consulté, nous sources précisent que le Premier ministre Abdelmalek Sellal a veillé personnellement à tenir informé son homologue britannique de l'évolution de la situation sur le terrain.
Mieux encore, tous les pays qui avaient des ressortissants à In Amenas savaient mieux que quiconque qu'une telle opération de sauvetage ne pouvait pas être menée sans un minimum de dommages collatéraux. Seulement, aucun d'entre eux n'a eu le courage d'assumer publiquement son soutien à l'Algérie.
Cette attitude frileuse de Londres et de Washington est assez étrange, d'autant que ces deux capitales connaissent très bien la nature du terrorisme. Un phénomène dont elles ont beaucoup souffert. Cela à moins que les réserves américaine, britannique et nippones aient une autre explication.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 19/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com