Algérie

L'annulation de la dette contre des contrats Poutine fait ses emplettes en Libye



Everybody loves Libya. Dans la course aux contrats qui est menée par les pays occidentaux et la Chine, la Russie paraissait trop en retrait. Le colonel Vladimir Poutine est passé, les 16 et 17 avril, par la tente du colonel Maâmar Kadhafi pour remettre la Russie en selle. Annulation de la dette militaire contre des contrats. A trois semaines de la fin de ses fonctions de chef d'Etat russe, Vladimir Poutine a réutilisé, comme il l'avait fait avec Alger, la dette militaire pour replacer la Russie dans un marché libyen qui, le grossissement de la rente pétrolière aidant, fait saliver toutes les grandes entreprises mondiales. Dans cette course, la Russie, héritière de l'URSS vieille amie de la Libye, était restée en retrait alors que les Occidentaux et les Chinois se plaçaient. La question de la dette militaire libyenne qui était source de contentieux bloquait la pénétration du marché libyen. Poutine a décidé d'en faire un atout. Il a décidé d'annuler la dette militaire libyenne de 4,5 milliards de dollars pour replacer les entreprises russes. La démarche avait réussi avec l'Algérie où l'annulation de la dette s'est accompagnée de gros contrats de fournitures d'armes qui, malgré les péripéties des Mig 29, permettent à l'industrie d'armement russe d'avoir des marchés. On est dans le même schéma avec la Libye, le ministre russe des Finances escomptant en contrepartie de l'annulation de la dette, des contrats de plusieurs milliards de dollars pour les entreprises russes. Effet quasi immédiat de l'annulation de la dette, l'entreprise publique ferroviaire russe, RZD, prend le grand projet de construction de la ligne de chemin de fer entre Syrte et Benghazi, sur une longueur de plus de 500 kilomètres. Un contrat de 2,2 milliards d'euros, ce qui exprimé en dollars avoisine les 3,5 milliards. La Russie s'approche du niveau de la dette annulée. Si les contrats d'armements de 2,5 milliards d'euros annoncés par la presse russe ne se sont pas vérifiés lors de la visite de Poutine, des sources russes s'attendent à la conclusion prochaine de plusieurs centaines de millions de dollars pour la modernisation de l'armement russe dont dispose la Libye. De quoi donner de la consistance au poids aux emplettes de Poutine. Les ambitions de Gazprom Le second grand chapitre économique de la visite est celui des ambitions de Gazprom, déjà présente en Libye, mais qui entend accroître sa présence. Si le géant russe a eu quelques déconvenues en Algérie, en raison d'objectifs non convergents avec Sonatrach, il compte bien s'incruster en Libye. Gazprom a signé un mémorandum de coopération avec la Compagnie libyenne du pétrole (NOC). Les deux compagnies vont créer un joint-venture qui sera «présente sur l'ensemble des axes de la coopération gazière et pétrolière: de la prospection à l'exploitation en passant par le transport et l'écoulement, aussi bien dans le domaine du gaz que du pétrole», selon le PDG de Gazprom, Alexeï Miller. Gazprom qui a des liens importants avec l'italienne ENI, entend être de la partie dans le projet de construction d'un second tronçon du gazoduc entre la Libye et l'Italie qui devrait multiplier le débit annuel qui est actuellement de 5 milliards de m3. Le projet pris par ENI «intéresse Gazprom» qui veut négocier un échange d'actifs avec l'entreprise italienne. «Compte tenu des accords liant Gazprom et ENI, nous espérons pouvoir participer à ce projet», a indiqué Alexeï Miller. Kadhafi pour «l'Opep du gaz» L'appétit de Gazprom ne s'arrête pas là puisque Alexeï Miller a manifesté un intérêt à participer au gazoduc Nigeria-Algérie-Europe. De ce passage par la tente de Kadhafi, le président russe en a tiré un sentiment de satisfaction non démérité. Il se dit persuadé que le schéma trouvé pour solder la question de la dette «conviendra, dans la même mesure, tant aux économies russe et libyenne qu'aux peuples des deux pays». Si les contrats d'armements n'ont pas été signés, Poutine suggère à demi-mot qu'ils viendront. Selon lui, les accords conclus qui portent aussi sur l'encouragement et la protection réciproque des investissements, la coopération militaire et technique et la protection des informations secrètes, sont importants «non seulement pour les entreprises de défense russes et le renforcement du potentiel défensif de la Libye, mais visent aussi à résoudre certains problèmes civils». Au volet politique, Poutine ne pouvait qu'apprécier les critiques du colonel Kadhafi contre un monde devenu «unipolaire». Le soutien du guide de la révolution libyenne à la constitution d'une «Opep du gaz» lui était aussi agréable à entendre. La Russie revient tardivement en Libye mais indéniablement Poutine l'a remise dans la course.


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