Algérie

L'annonce du président Bouteflika achève l'espoir de la construction démocratique



L'annonce du président Bouteflika achève l'espoir de la construction démocratique
L'annonce, samedi, de la candidature du président Bouteflika à l'élection présidentielle a été appréhendée comme une spoliation du droit de toute une génération d'expérimenter, sur le terrain réel, les valeurs démocratiques et républicaines. Pour les Algériens nés après 1996 et dont certains ont déjà l'âge de voter, la magistrature suprême est devenue indissociable du patronyme "Bouteflika".Au-delà de ses répercussions politiques et forcément socioéconomiques, une quatrième mandature du président Bouteflika impactera indéniablement sur la perception, qu'aura la nouvelle génération, des valeurs démocratiques et des principes de justice et d'équité. Les Algériens nés dans les années 1990 sont aujourd'hui de jeunes adultes ou des adolescents.Beaucoup d'entre eux ont vécu ou ont été témoins, dans leur enfance, du barbarisme des groupes intégristes armés, de la faillite de l'Etat à protéger les personnes et les biens, de la déshérence économique et de la déchéance sociale. À l'orée des années 2000, à l'âge où ils commençaient à assimiler les enseignements de la vie, la loi portant Charte pour la réconciliation nationale et la concorde civile prend effet. Elle leur apprend que, contrairement aux idées reçues, la violence n'est pas punie forcément. Les assassins et les violeurs ont droit à la mansuétude de l'Etat et au pardon du peuple. L'affaire Khalifa et les scandales de Sonatrach, pour ne citer que ces deux cas de corruption extrême, donnent d'autres leçons à la jeunesse algérienne. Celui qui vole un ?uf risque la prison. Celui qui vole un b?uf gardera indiscutablement le fruit de son "délit" et sera, au pire, condamné à un exil doré.Depuis quelques années, l'on est carrément dans la perversion des valeurs démocratiques et républicaines. En 2008, le verrou de limitation des mandats est enlevé de l'article 74 de la Constitution sans se soucier de l'avis du peuple, qui n'a pas été consulté par voie référendaire.Il fallait alors expliquer à l'électeur de 18 ans, qui votait pour la première fois de sa vie au scrutin présidentiel de 2009, pourquoi dans d'autres pays, les chefs d'Etat font un ou deux mandats puis rentrent chez eux, et dans le notre, Abdelaziz Bouteflika est élu, avant l'heure par la grâce des soutiens, à un troisième quinquennat. En 2011, les dictateurs arabes sont chassés, un à un, du pouvoir. Le chef de l'Etat a lancé alors ses réformes politiques et a même annoncé prématurément son retrait de la gestion des affaires de l'Etat, en prononçant, en mai 2012 à Sétif, sa fameuse phrase "jili tab jnanou, tab jnanou, tab jnanou (ma génération est arrivée à terme, ndlr) (...) Le pays est désormais entre vos mains les jeunes, prenez en soin". L'on croyait alors que l'Algérie est un pays béni. Il vivra enfin l'alternance au pouvoir sans connaître les troubles et l'instabilité engendrés par les révoltes arabes. C'était compter évidemment sans la ruse du clan présidentiel qui a marqué un recul tactique, pour mieux revenir en offensive.Désormais, rien ne semble arrêter le rouleau compresseur. Ni la maladie, ni la vieillesse, ni la conjoncture internationale favorable aux changements au commandement des Etats, ni les tiraillements au sommet, ni le doute sur les capacités physiques et mentales du chef de l'Etat à diriger le pays cinq autres années... ne compromettront l'accomplissement du quatrième mandat. Ses vingt années de traversée de désert, Abdelaziz Bouteflika est déterminé à les rattraper au pouvoir.Les Algériens, nés au début de son règne ou quelques années avant, ne connaîtront donc pas la signification de l'alternance au pouvoir ni l'expérience de véritables élections libres. La génération précédente a, quant à elle, perdu depuis longtemps les illusions d'une possible nation installée sous un régime démocratique. Elle vivra le quatrième mandat comme un énième reniement des valeurs de Novembre 1954 et des espoirs inspirés par Octobre 88.S HNomAdresse email




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)