Les Etats-Unis ne croient pas à la mort du chef du groupe islamiste Boko Haram, malgré l'annonce officielle faite par l'armée nigériane, et attendent de voir les preuves concrètes."Je ne mets pas beaucoup de poids dans ces histoires tant que nous n'avons pas vu plus de preuves", a réagi un responsable du département d'Etat, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York à laquelle assiste son ministre John Kerry. L'armée nigériane a annoncé officiellement mercredi la mort d'Abubakar Shekau, chef emblématique de Boko Haram, mais cela peine à convaincre même au Nigeria après plusieurs déclarations du même genre dans le passé.La mort de Shekau a déjà été annoncée à plusieurs reprises depuis 2009 par des sources sécuritaires dans l'armée et la police du Nigeria, elle devait à chaque fois été démentie par Boko Haram, vidéo à l'appui. Abuja a plusieurs reprises démenti ses scoops parlant de sosies et d'imposteurs, a ironisé le fonctionnaire étasunien. Les Etats-Unis ont fait de la lutte contre ce puissant groupe armé islamiste du nord-est du Nigeria l'une de leurs priorités en Afrique. Notamment depuis l'enlèvement de plus de 200 lycéennes en avril, un rapt pour lequel Washington a dépêché des experts civils et militaires au Nigeria afin d'aider à retrouver les jeunes filles. Les islamistes mènent une insurrection sanglante dans la première puissance économique du contient, contre les chrétiens mais aussi contre les musulmans peu réceptifs à la charia. Leur bilan meurtrier ne fait que s'alourdir : près de 4 000 morts depuis 2009 et des dizaines de victimes-jour ces dernières semaines, depuis que Boko Haram a annoncé son califat.Il n'a pas encore prêté allégeance à Daesh. Pour le moment il se contente de l'étiquette d'Al-Qaïda. Ni l'armée ni la police, cibles également de Boko Haram, ne parviennent à l'arrêter en dépit d'une répression accrue cette dernière année. Boko Haram porte un nom dont le sens résume ses motivations premières. Boko signifie book (livre) en anglais et haram (interdit en arabe, pour signifier le rejet d'un enseignement perverti par l'occidentalisation.L'islamisme n'a pas débuté au Nigeria avec Boko Haram, ce mouvement arrive après d'autres, dont Maitatsine, née sous l'égide de Muhammad Marwa dans les années 1970. Ce dernier a été tué lors d'affrontements avec l'armée en 1980, son groupe se dissout, mais ses membres éparpillés dans tout le pays se regroupent progressivement. Tous ont prôné une application rigoriste de la charia. Dans les années 2000 apparaît Mohamed Yusuf, chef spirituel de Boko Haram qui mobilise autour du bannissement de la mixité des sexes, du relâchement des m?urs, de la corruption des valeurs traditionnelles, de l'interdiction des arts, de la pratique du sport, qui distraient de la religion... Son mouvement qui vise l'établissement d'une république islamique intégriste dans le nord du pays, "libère" en 2003 Maiduguri, dans l'Etat de Borno, resté aujourd'hui la base de Boko haram.En 2009, contre-offensive de l'armée, disciplinée à ce moment-là : plus de 800 morts et Mohamed Yusuf est tué pendant son emprisonnement. Le groupe prend alors une orientation terroriste et entre en contact avec des mouvances djihadistes internationales, al-Qaïda, Aqmi...Abubakar Shekau, l'adjoint de Mohamed yusuf, prend la tête de Boko Haram. Avec lui, le mouvement, force sombre du pays, inquiète hors des frontières, sur la scène internationale. Abubakar Shekau a été classé parmi les terroristes les plus recherchés par le gouvernement américain, qui offre une récompense de 7 millions de dollars à toute personne qui aiderait à le localiser.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 27/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Bouatta
Source : www.liberte-algerie.com