Algérie

L'année des grandes décisions



C'est une année très fertile que fut celle qui est en train de s'achever sur le plan économique. D'une part, fertile en décisions prises au plus haut niveau pour redonner vie à l'économie du pays, et, d'autre part, contraignante pour les Algériens dont le porte-monnaie a été mis à très rude épreuve. Ce fut le cas aussi bien pour les ménages et les entreprises que pour l'Etat qui a fait appel au Trésor public notamment pour sauver la multitude d'entreprises du secteur public «entre la vie et la mort».Si 2020 a été une année d'une extrême singularité, pas seulement pour l'Algérie, 2021 n'a pas été moins éprouvante, en partie à cause des conséquences induites par la crise sanitaire et en partie à cause des «restes» de la crise de 2014 et de ce qu'elle a induit, depuis, comme contraintes budgétaires et impact socioéconomique. Des circonstances très dures qui ont été ressenties, surtout endurées, par les ménages algériens dont l'érosion du pouvoir d'achat a atteint des proportions jamais égalées.
Les prix à la consommation n'ont pas cessé de progresser depuis une dizaine d'années en raison d'une inflation sournoise, entretenue par la dépréciation de la monnaie nationale, alors que les salaires de millions de travailleurs ont été comme qui dirait gelés depuis le temps désormais lointain où l'Algérie nageait dans une opulence financière très enviée. Un état de fait devenu criant plus particulièrement en ces temps de pandémie qui ont poussé à la hausse les prix à la consommation de pratiquement l'ensemble des produits de première nécessité, même ceux subventionnés. Justement, de subventions il en a été beaucoup question durant le dernier trimestre de l'année, jusqu'aux débats à l'APN sur la loi de finances 2022, lors desquels débats, il en était ressorti les décisions les plus impopulaires jusqu'à ce que le président de la République décide de mettre le holà, en affirmant, devant des journalistes de la presse nationale, que le moment de débattre du système de subvention n'est pas encore arrivé, tout en se voulant rassurant sur les intentions de l'Etat de ne jamais abandonner sa nature sociale, tout en précisant aussi que la levée des subventions ne concernera que les Algériens à revenus très élevés. De quoi permettre à des millions d'Algériens de ravaler leur crainte pour ne se consacrer qu'à se débrouiller pour faire face à l'inflation qui ne cesse d'inquiéter par les proportions qu'elle atteint depuis deux ans plus particulièrement. Une réalité relevée il y a une semaine à peine par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Rostom Fadhli, lorsqu'il annonçait que jusqu'à la fin octobre dernière, sur une année, le taux d'inflation était de 9,2%, justifiant ainsi la décision du premier magistrat du pays de réviser le barème de l'impôt sur le revenu global (IRG) ainsi que le point indiciaire de la Fonction publique et la redéfinition de l'impôt sur la fortune. Mesures devant entrer en vigueur au début de l'année qui s'annonce, et destinées à permettre aux Algériens de faire face à l'inflation qui fait craindre l'entrée dans une spirale. En fait, l'intervention du gouverneur de la Banque d'Algérie, la semaine dernière, a abordé presque tout ce qui «chauffe» dans le vécu économique de l'Algérie en 2021. Parmi les grands chiffres ayant émaillé l'année sur le plan de l'économie, il a été ainsi mis en avant ce 3,82% de hausse des crédits à l'économie durant les 10 premiers mois de l'année par rapport à la même période de celle d'avant. Soit trop peu quand on prend en compte le fait qu'en 2020 tout fonctionnait au ralenti à cause de la pandémie.
De cette année 2021, il restera en mémoire les affres dont a souffert une multitude d'entreprises publiques, menaçant donc des milliers d'emplois avant que l'Etat ne sollicite, aux dernières nouvelles, le Trésor public pour racheter les dettes de ces entreprises dont certaines, à l'instar de deux banques publiques, devraient s'ouvrir aux capitaux privés, si l'Etat ne recule pas, tel que ce fut le cas il y a une quinzaine d'années. Une démarche, la semi-privatisation, qui vient en complément de la décision prise l'été dernier d'allouer aux banques publiques une manne financière inespérée de 2 100 milliards de dinars, entre 14 et 15 milliards de dollars, sous forme d'opérations de cession temporaire, échelonnées sur 12 mois à compter du 1er juillet 2021, renouvelables à deux reprises. Ce sont des apports de liquidités effectués à l'initiative de la Banque d'Algérie, et en guise de garantie au titre de ces opérations spéciales de refinancement, les effets acceptés par la Banque d'Algérie sont les obligations émises par le Trésor public dans le cadre du rachat des crédits syndiqués.
2021 fut une année lors de laquelle les Algériens se sont rendu compte qu'on pouvait exporter autre chose que le pétrole et le gaz, avec les plus de 4,5 milliards d'exportations hors hydrocarbures. Mais il faut tout de même souligner que les importations de l'Algérie demeurent toujours aussi importantes, même s'il a fallu parer aux urgences en ces temps de pandémie et de difficultés traversées, entre autres, par l'agriculture par la faute d'une météo pas très avantageuse, et une industrie qui se reprend à peine, comme l'illustrent les derniers chiffres de l'ONS, avec une production du secteur public en hausse de 4,6% lors du 3e trimestre 2021 par rapport à la même période en 2020, lorsque l'activité économique souffrait des affres des conséquences de la pandémie et des premières mesures de confinement. Globalement, si l'on doit se fier aux données, l'activité économique enregistrera, au bout de cette année, un rétablissement avec une croissance réelle de 3,2% pour le FMI. Quant aux prévisions de clôture de l'année émises par le gouvernement, elles annoncent une croissance économique de 4,4% contre un repli de - 4,9% en 2020. Des chiffres de l'année 2021, le Premier ministre prévoit également un recul important du déficit de la balance des paiements estimé à -5,3 milliards de dollars, soit -3.3% du PIB contre -16,4 mds dollars fin 2020. La balance commerciale devrait, elle, réaliser un excédent de 2,35 milliards de dollars (+1.5% du PIB), grâce à une augmentation de 62% des exportations des hydrocarbures et de 161% des exportations hors hydrocarbures avec une baisse de 1,3% des importations. Selon les mêmes prévisions, les exportations des hydrocarbures devraient atteindre 32,4 mds dollars fin 2021 avec une hausse de 12,3 mds dollars par rapport à l'année 2020 (+62%). Une augmentation est due à l'amélioration des cours du baril sur le marché pétrolier, d'une part (une hausse de 55,4%), et à l'augmentation du volume des exportations de 11,7%, d'autre part. Le tout en attendant la mise en branle des réformes en 2022.
Azedine Maktour


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