La présidente du Conseil national économique, social et environnemental, Mme Rabéa Kharfi, a répondu dans cette interview exclusive, aux questions concernant les aspects économiques et sociaux liés aux profondes transformations que connaît l'Algérie depuis quatre ans, que ce soit en matière de prospective, d'analyse ou de proposition, dans tous les domaines relevant de sa compétence et conformément aux missions confiées au Conseil en vertu des dispositions de la Constitution du 1er novembre 2020. Dans cette perspective, Mme Kharfi parle du lancement par le Conseil d'une étude prospective à long terme sur l'économie nationale en 2062, qui coïncidera avec le centenaire de l'indépendance. Cela se déroulera par étapes à commencer par 2027-2030, où notre économie nationale connaîtra un tournant décisif avec la concrétisation des grands projets en cours et leurs effets sur la stimulation et la diversification du développement économique et social global. Â Depuis 2020, le Conseil national économique, social et environnemental est devenu un acteur essentiel du dialogue et de la concertation économique et sociale et un centre d'accueil et de soutien des activités de la société civile. à travers ces missions, quelles sont les réalisations accomplies et qu'attend-on de voir réalisé à l'avenir ? Â Le Conseil national économique, social et environnemental est l'une des institutions consultatives les plus anciennes en Algérie, chargé de multiples tâches, notamment la consultation par l'exécutif et la promotion du dialogue national et de la concertation sur les questions économiques et sociales ainsi que l'évaluation des politiques publiques. Depuis sa création en 1963, le Conseil a traversé plusieurs étapes, avec des variations dans sa composition et ses missions en fonction des réalités économiques et politiques de chaque période de l'histoire de l'Algérie indépendante. Le Conseil a joué un rôle important dans les années 1990 en tant que mécanisme d'accompagnement de l'ouverture politique et de soutien aux réformes économiques adoptées par l'Algérie dans le cadre du plan de réforme structurelle après le recours au Fonds monétaire international au cours de cette période marquée par le fléau du terrorisme qui a frappé le pays pendant la décennie noire. Au début du troisième millénaire, le Conseil a joué un rôle central dans de nombreux dossiers, notamment ceux liés au développement local. Cette période a également été marquée par le renforcement de la représentation et de la présence du Conseil aux niveaux régional et international, tel que l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et des institutions similaires. Après une période de stagnation de ses activités pendant de nombreuses années, le Conseil est revenu sur le devant de la scène au début de l'année 2020, avec son élargissement pour inclure l'aspect environnemental, en réponse à l'engagement n°27 du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Nous travaillons actuellement à faire du Conseil un espace propice à la pratique de la démocratie participative, impliquant divers acteurs économiques des secteurs public et privé, ainsi que des partenaires sociaux, de la société civile et des experts, y compris des représentants de notre diaspora à l'étranger, dans divers domaines, dans un dialogue national et une concertation pour élaborer des visions consensuelles sur les questions et objectifs de développement économique, social et environnemental. Nous travaillons également à concrétiser la mission de prospective, d'analyse et de proposition dans tous les domaines relevant de notre compétence, conformément aux directives du Président de la République, en particulier celles émises lors de l'installation des membres du Conseil le 28 septembre 2021. Dans ce cadre, je tiens à mentionner l'étude que nous entreprenons et qui abordera une vision prospective à long terme de l'économie algérienne à l'horizon 2062, en raison de la symbolique de cette perspective, coïncidant avec le centenaire de l'indépendance. Cette étude sera menée par étapes à partir de 2027-2030, où notre économie nationale connaîtra un tournant décisif avec la concrétisation des grands projets en cours et leurs effets sur la stimulation et la diversification du développement économique, social et environnemental. Â Comment renforcer la collaboration entre le Conseil, le secteur privé et la société civile pour atteindre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux ? Le Conseil réunit diverses catégories, y compris les syndicats, les associations, les employeurs du secteur public et privé, chacun avec ses propres points de vue et opinions. Il est important de souligner que la présence de ces composantes représente une force de proposition, enrichissant le débat et construisant un consensus sur un certain nombre de questions, en particulier celles liées aux conditions de vie des citoyens. En ce qui concerne le secteur privé, le Conseil le considère comme un partenaire essentiel du secteur public dans la réalisation des objectifs de développement national. Ainsi, le développement de l'économie nationale dépend également de la construction d'un secteur privé efficace contribuant à renforcer les capacités de production nationale dans divers secteurs vitaux tels que l'agriculture et l'industrie, ainsi qu'à améliorer la qualité et l'efficacité des services dans plusieurs domaines tels que le transport, la santé et l'éducation. En ce qui concerne le renforcement du rôle de la société civile, nous avons signé en mars de cette année un accord avec l'Observatoire national de la société civile et le Haut Conseil de la jeunesse visant à établir un cadre de coopération, comprenant des domaines de collaboration, l'organisation de sessions de discussion sur l'amélioration des valeurs nationales, la pratique démocratique, la citoyenneté et la participation de la société civile dans la consultation nationale sur les politiques de développement économique, social et environnemental dans le cadre du développement durable. Il convient de noter que tous les travaux et rapports réalisés par le Conseil, y compris ceux qui ont été présentés et approuvés lors de l'Assemblée générale tenue le 30 mai dernier, reflètent la contribution de ces composantes au dynamisme participatif qui caractérise notre approche de travail. Le Conseil national économique, social et environnemental a lancé une étude sur le phénomène de l'immigration illégale en Algérie sous tous ses aspects et ses répercussions sociales, économiques, où en est l'étude et quelles sont ses caractéristiques et ses implications ? Â Effectivement, le phénomène de l'immigration illégale est l'une des problématiques que le Conseil prend en considération, et parmi celles-ci figure l'étude objet de votre question. Le Conseil a entamé une étude sur la propagation notable de ce phénomène, en particulier en provenance de la région côtière et désertique. En ce qui concerne le contenu de l'étude, son objectif, basé sur les données quantitatives et qualitatives disponibles et issues des secteurs concernés dans un cadre temporel de référence de 20 ans, est d'obtenir une connaissance précise de l'ampleur, de l'évolution, des effets et des conséquences de ce phénomène sur la vie sociale et économique, y compris certaines régions qui ont connu un afflux important de migrants. Tout cela dans le but de faciliter un cadre de travail pratique pour aborder le phénomène à court, moyen et long terme, en assurant une gestion meilleure et plus maîtrisée de la situation. Cette étude a adopté une approche consultative et participative avec les secteurs concernés et une étude de cas dans deux wilayas qui connaissent un important flux migratoire, notamment aux frontières, en dialoguant avec les autorités locales et les représentants de la société civile locale afin de mieux comprendre la réalité du flux, les problématiques et les difficultés auxquelles la région est confrontée, y compris la prise en charge sanitaire, psychologique, sociale et alimentaire, sachant que l'Algérie fournit des services de base gratuitement aux migrants. Â Parmi les principales recommandations dans ce domaine figure la création d'un cadre central chargé de cette question à plusieurs niveaux, où convergent toutes les données et les intérêts liés à l'immigration illégale, permettant l'élaboration d'un plan d'action unifié pour aborder et traiter le phénomène. Le Conseil poursuit de près les développements que connaît encore ce phénomène en fonction de ses missions, et surveille également la mise en œuvre effective de l'ensemble des mesures préparatoires conformément aux recommandations des secteurs tant au niveau local que central et de la société. Comment le Conseil peut-il renforcer l'innovation et encourager l'entrepreneuriat dans le pays ? Â Sur la base de ses missions fondamentales, le Conseil apporte des contributions pertinentes à cet égard en surveillant et en évaluant l'efficacité des politiques visant à améliorer l'innovation et l'économie de la connaissance, en formulant des recommandations et en exprimant des avis sur les cadres juridiques et réglementaires proposés. Cet intérêt se matérialise notamment par la création de la Commission des compétences et du capital humain et de la transformation numérique au sein des structures du Conseil, ainsi que la création du département du capital humain chargé des questions connexes, y compris la recherche et l'innovation. Parmi les actions menées par le Conseil dans ce domaine, nous pouvons mentionner par exemple l'étude que nous sommes sur le point de finaliser sur l'écosystème entrepreneurial, dans le cadre du programme de coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement. Il convient de noter ici que parmi les piliers du développement des startups et de leur pérennité, figurent ceux liés à la qualité du climat et de l'environnement dans lesquels elles évoluent, et vous aurez bientôt l'occasion de prendre connaissance du contenu et des résultats de cette étude. Quels sont les efforts du Conseil dans le domaine de l'éducation et de la formation pour développer les compétences nécessaires au futur marché du travail ? Le Conseil accorde une grande importance à la promotion d'une vision unifiée du système éducatif et de formation, en reconnaissant leur relation stratégique entre les trois composantes : l'éducation nationale, la formation professionnelle, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Il considère ces composantes comme des maillons interdépendants pour atteindre la qualité de l'éducation et de la formation nécessaires pour répondre aux besoins du marché du travail, devenu de plus en plus compétitif et sélectif, en particulier face à l'évolution technologique rapide et aux défis complexes liés à la croissance de l'économie numérique, des sciences cognitives et de l'intelligence artificielle. Pour ce faire, le Conseil travaille à l'harmonisation des objectifs et des orientations entre les secteurs concernés, afin d'assurer une intégration efficace et de développer des compétences adaptées au marché du travail. L'intégration des diplômés sur le marché du travail est l'un des défis majeurs, nécessitant le renforcement des mécanismes d'ouverture de l'université et de la formation professionnelle au monde du travail. Il est essentiel de continuer à adapter les programmes universitaires aux exigences réelles du marché du travail, en prévoyant les besoins futurs des employeurs, et cela se fait par le biais de consultations pour étudier l'adéquation des programmes éducatifs et de formation avec les compétences requises. De plus, le renforcement du partenariat avec différents secteurs, en particulier avec le secteur de la formation professionnelle et les acteurs économiques, est essentiel pour moderniser les formes de formation et garantir leur adéquation avec le marché du travail. Dans ce contexte, une étude prospective sur les emplois futurs est en cours, afin d'anticiper les nouvelles professions et services qui émergeront avec l'avancée de l'intelligence artificielle.
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Posté Le : 02/06/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : D.Bouati/ H. Soualili
Source : www.elkhabar.com