Naama, dimanche dernier. Plus de 300 jeunes révoltés se sont rassemblés pour protester contre la politique d’emploi au niveau des chantiers de prospection de pétrole installés dans la région.
Jets de pierres sur le siège de l’APC, destruction de tout sur le passage et sit-in devant la station Naftal où ils ont manifesté en barrant la route aux automobilistes de passage circulant sur l’axe routier n°06 reliant Oran à Béchar. Un grand dispositif antiémeute a été déployé par les services de sécurité pour essayer de contenir le déchaînement des émeutiers auxquels se sont joints d’autres jeunes en mal d’emploi.
Boumerdès, 20 janvier 2010.
Des jeunes en colère bloquent la route dans la commune de Naciria. Leur manifestation de révolte dure des heures. Ils s’insurgent contre les autorités locales, les accusant d’attribuer des emplois par favoritisme. Police, direction de l’emploi et éléments de l’APC subissent les cris d’injustice de ces jeunes qui se disent marginalisés. «Ils ont attribué des emplois à des personnes de leur connaissance dans le cadre du dispositif CIP (contrat formation insertion)», s’accordent-ils tous à dire à la presse présente pour couvrir l’événement. Deux semaines plus tard, le 7 février dernier, des chômeurs de la commune d’Aïn Berda à 30 km d’Annaba bloquent la RN 20 qui relie Annaba à Guelma via El Hadjar. Pneus brûlés, routes coupées avec des blocs de pierre, six heures durant pour réclamer des contrats de travail. Ils se disent eux aussi défavorisés et victimes de passe-droits. Les bureaux de l’emploi sont, une fois de plus, pointés du doigt. En ce début d’année 2010, malgré une baisse annoncée du taux de chômage (le ministre du Travail et celui de la Solidarité nationale parlent de 10%, appuyés par l’Organisme national de la statistique (ONS), qui donne le chiffre de 10,2% pour 2009), il reste l’une des sources principales de colère et d’inquiétude du citoyen. Cette baisse aurait pu être rassurante si plusieurs organismes et institutions algériennes tels que le Parti des travailleurs et le Forum des chefs d’entreprise n’étaient pas là pour contester ces chiffres qu’ils jugent «fantaisistes». Autre élément angoissant, le flou qui règne sur le marché du travail. Difficile de faire le point. Les informations relatives à l’emploi sont quasiment inaccessibles.
L’emploi, un sujet sensible et entouré de secret
Alger, quartier populaire «Bobillot». A l’intérieur de la maison des jeunes est installée temporairement l’agence de wilaya de l’emploi de la place du 1er Mai. 9h du matin, une vingtaine de jeunes attendent.
«Moi je suis là pour renouveler ma carte bleue, elle expire tous les trois mois, j’en ai marre d’attendre, j’espère qu’ils vont me placer ou je la déchire. Je n’ai pas de diplôme mais je suis motivé pour n’importe quel job», confie Ahmed, 38 ans, au chômage depuis des années. «Je suis inscrite depuis 2007, je viens une fois par semaine vérifier s’il n’y a pas d’offres qui puissent me correspondre et à chaque fois après une longue attente je repars chez moi sans rien», affirme, d’un air désabusé, Leila, la trentaine. «Une cousine m’a parlé de l’Anem ; je viens m’inscrire en espérant trouver du travail. Je suis diplômée en droit et au chômage depuis plus d’un an, je ne sais pas comment ça fonctionne mais je suis là parce qu’il paraît que ça marche», explique Nawel, une jeune fille d’une vingtaine d’années qui vient d’arriver. Nawel sait seulement que l’Anem est un intermédiaire entre les employeurs et les demandeurs d’emploi mais ne connaît pas les modalités d’inscription et le fonctionnement de cette structure étatique instaurée par un décret exécutif le 18 février 2006. Le principe est simple, il faut se présenter avec un dossier administratif pour avoir le document qui atteste de son inscription à l’Anem. La carte bleue est incontournable pour se faire recruter au su de la nouvelle loi n° 04/19, entrée en vigueur le 25 décembre 2005, obligeant les employeurs publics et privés à passer par les agences de l’emploi pour tout recrutement.
Une journée dans une des agences de l’Anem s’impose pour explorer et faire la lumière sur les coulisses de cet univers. Le hic c’est de passer par des procédures très rébarbatives pour décrocher une autorisation d’accès délivrée par le ministère du Travail. Fax envoyés à deux reprises, appels insistants et négociations lourdes avec la cellule de communication de ce dernier. Trois semaines plus tard, accès autorisé à l’agence «Bobillot» mais refus de déclarations officielles et communication de chiffres sur le nombre de placements et d’inscriptions, que «seul le ministre est en droit de donner», nous explique-t-on. Mais à force d’insistance et avec les efforts de collaboration des employés de l’Anem, des informations précieuses seront arrachées. «Il est vrai que l’Anem n’a pas réussi à susciter de la crédibilité auprès du citoyen parce que certains anciens gérants ont usé de passe-droits et de favoritisme dans les placements mais les choses ont changé.
On travaille dur depuis deux ans pour redonner de l’espoir à tous ces jeunes qui ont effectivement été longtemps marginalisés», explique Mme Benslimane, responsable de l’agence du 1er Mai.
Dans son service, une équipe de 22 personnes s’affaire sans relâche à recevoir les demandeurs d’emploi, à collecter les offres des employeurs et à
effectuer des placements même si la demande reste toujours supérieure à l’offre. Depuis début janvier, 2002 chômeurs se sont inscrits à cette agence qui couvre le marché de l’emploi sur plusieurs communes, dont Belouizdad, Hydra, El Biar, Sidi M’hamed, Mohammadia, Madania. Environ 150 placements ont été effectués jusque-là sur 529 orientations (mise en relation d’employeurs et de demandeurs d’emploi).
Le chômage vu par les représentants de l’Anem
Quelques heures passées au sein de cette agence donnent quelques lueurs d’espoir pour la résolution du problème de l’emploi en Algérie. Les employés vont et viennent, activent et sont très réceptifs. Les demandeurs d’emploi s’accrochent et des placements se font. Cela dit, l’efficacité de l’Anem est vite remise en question par les réalités du terrain. En témoigne Salim, la trentaine, au chômage depuis des années : «Je suis très content de l’Anem, on nous reçoit bien, on nous écoute, on nous oriente mais le problème, c’est qu’on n’arrive pas pour autant à être placé vu que les employeurs privés ne jouent pas toujours le jeu. J’ai été envoyé par l’Anem à quatre reprises pour le poste de chauffeur mais en vain. On ne m’a même pas fait de tests en voiture. Je pense qu’ils acceptent de nous recevoir juste pour être ‘‘réglo’’ parce que la loi les y oblige», explique-t-il.
Les entreprises privées semblent avoir du mal à entrer dans la dynamique de l’Anem et pourtant, la loi mise en place leur confère des avantages fiscaux et parafiscaux non négligeables. D’autant plus que, quand ils recrutent dans le cadre du dispositif DAIP (dispositif d’aide à l’insertion professionnelle), où l’Etat prend entièrement en charge la rémunération selon trois formules : le CID (contrat d’insertion pour les diplômés) dont le salaire est fixé à 12 000 dinars par mois ; le CIP (contrat d’insertion professionnelle pour les jeunes sortant de l’enseignement secondaire de l’éducation nationale, des centres de formations professionnelles, ou ayant suivi un stage d’apprentissage) dont la rémunération est arrêtée à 8 000 dinars par mois.
le CFI (contrat formation insertion destiné aux jeunes sans formation et sans qualification) rémunéré à 6 000 dinars par mois. «Du 2 au 8 février, 68 placements DAIP ont été effectués à travers l’agence “Bobillot”», annonce Mme Benslimane. 11 offres d’emplois collectées, 98 nouveaux chômeurs inscrits et 31 demandeurs d’emploi orientés, durant la journée de notre présence à l’agence en question. Les responsables rencontrés, dont la directrice même de l’Anem, expliquent qu’il n’est pas
possible de communiquer des données qui dépassent le cadre de cette journée, sur directive du ministère.
Au-delà du caractère désespérant que prend la problématique du chômage, poussant nombre de jeunes à verser dans l’émeute ou la manifestation de colère, il faut aborder le problème de l’emploi avec beaucoup de précautions quand on est dans un poste de responsabilité. Le chômage étant un sujet plus que sensible, tout contrevenant à cette «loi du silence» instaurée en haut lieu risque bien évidemment de se retrouver… au chômage. F. B.
L’Anem
L’Agence nationale de l’emploi (Anem) est un établissement public à gestion spécifique (EPGS) régi par les dispositions du décret exécutif n° 06/77 du 17 Moharam 1427 correspondant au 18 février 2006, elle est dotée de la personnalité morale et jouit de l’autonomie financière. L’agence est placée sous la tutelle du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. L’Anem est chargée de l’organisation, de la gestion et de la régulation du marché de l’emploi dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi décidée par le gouvernement. Ses agences sont réparties sur tout le territoire national, avec 11 Drem (directions régionales de l’emploi), 48 Awem (agences de wilaya de l’emploi) et 151 Alem (Agences locales de l’emploi).
J'ai un ami qui a pris fin le contrat ÙCID pour une année et veut le renouveler. Comment ?
djebarri ali - Électricien industriel - ain temouchent, Algérie
04/04/2011 - 13226
un étudient en terminale a la recherche d'un travail simple mon numéro est le:0553082371
sasfi mouhamed abdelatif - vendeur ou magasinier - alger, Algérie
20/01/2011 - 10447
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 30/08/2010
Posté par : frankfurter
Ecrit par : Par Fella Bouredji
Source : www.latribune-online.com