L'Andi fait son bilan : trois milliards de dollars d'IDE en 8 ans

Les institutions de l’Etat tiennent pourtant mordicus à leurs réformes et les défendent à coups de chiffres. Le directeur général de l’Agence nationale pour le développement de l’investissement (Andi) prétend d’ailleurs à chacune de ses sorties médiatiques que les déclarations d’investissement, notamment étrangers, ont triplé en 2011. Les statistiques publiées par le site de l’Andi confirment la tendance : le montant global des investissements publics et privés, nationaux et étrangers est passé d’un peu plus de 436 milliards de dinars (près de 6 milliards de dollars) en 2010 à plus de 1378 milliards de dinars (un peu plus de 18 milliards de dollars) en 2011.
Des chiffres qui pourraient pousser à l’optimisme si ce n’est les contradictions qui ponctuent les déclarations des responsables en charge de la statistique officielle. Alors que Abdelkrim Mansouri annonce fièrement avoir comptabilisé 435 milliards de dinars (5 milliards de dollars) d’IDE rien que pour le premier semestre 2011, la Banque d’Algérie n’a recensé que 0,98 milliard de dollars d’entrée d’IDE sur l’ensemble de l’année 2011. Un tel écart laisserait perplexe. M. Mansouri a tenté un début d’explication à ce propos hier dans un entretien qu’il a accordé à l’APS. Les écarts trouvent, selon lui, leur origine dans le fait que «la Banque d’Algérie mesure les flux financiers avec le reste du monde», tandis que l’Andi mesure l’investissement matériel comptabilisant aussi les financements des investissements d’extension par la mobilisation des dividendes des étrangers installés en Algérie. La piste est intéressante, mais elle est insuffisante dans la mesure où les extensions et réhabilitation ne constituent, selon le bilan de l’Andi, que 38% des investissements globaux couvrant la période 2002-2011. Le fait est qu’il faut garder à l’esprit que les responsables de l’agence s’appuient sur un état des déclarations d’investissement, ce qui est loin de correspondre aux projets effectivement réalisés. Critiquée à plusieurs reprises, l’Andi a effectué une enquête pour établir enfin le bilan des réalisations d’une décade. Il en ressort ainsi que plus de 25 000 projets d’investissement, dont 360 projets étrangers, ont été réalisés en Algérie entre 2002 et 2010 pour un montant global de près de 2000 milliards de dinars (26,5 milliards de dollars). Un chiffre qui contraste lourdement avec les 5200 milliards de dinars comptabilisés sur la même période au titre des déclarations d’investissement. L’enquête de l’Andi précise que 207 projets d’IDE ont été réalisés durant la même période pour une estimation de 223 milliards de dinars (3 milliards de dollars). Les projets en partenariat sont au nombre de 153 pour un montant 483 milliards de dinars (6,5 milliards de dollars). En calculant en moyennes annuelles, on se rend vite compte que le nouveau bilan de l’Andi ne s’éloigne pas tellement des chiffres de la Banque d’Algérie.