Le colonel Senoussi vivait à Casablanca au vu
et au su des autorités marocaines. Sa «découverte» par les services français a
donné lieu à la préparation d'une souricière pour l'arrêter hors du territoire
marocain. Les Mauritaniens ont-ils été contraints par Paris d'accueillir et de
cueillir à Nouakchott l'encombrant «touriste» libyen à Casablanca ? Des
éléments d'information permettent de reconstituer comment le colonel libyen a
été piégé.
Des négociations se déroulent
actuellement entre les Mauritaniens et les Français pour organiser le transfert
de l'ancien patron des services de renseignements militaires libyens, le colonel
Abdallah Senoussi, vers la France. Les autorités
françaises ont formulé la demande d'extradition sur la base d'une entente
préalable avec les Mauritaniens. Selon le journal mauritanien Al-Akhbar qui cite des sources gouvernementales, le colonel
Senoussi se trouve actuellement dans un «lieu sûr» à
Nouakchott sous la surveillance d'une unité antiterroriste qui l'avait
accompagné depuis son arrivée à l'aéroport de Nouakchott. Au sujet du séjour au
Maroc du colonel Senoussi, on commence à avoir des
bribes d'information qui confirment que les autorités du royaume étaient
parfaitement au courant. Des sources non identifiées affirment que le colonel Senoussi était arrivé au Maroc «depuis des mois», en
provenance du Mali. Il résidait dans la ville de Casablanca avec son fils sous
la surveillance des services de sécurité marocains.
LE MAROC SE DEBARRASSE DE SENOUSSI
Le colonel Senoussi était traqué par les
services français qui ont dû le localiser au Maroc. Selon les mêmes sources, les
autorités marocaines ont évité «d'annoncer sa présence sur leur territoire de
crainte que cela ne suscite un embarras diplomatique avec le gouvernement
libyen, comme cela se passe actuellement avec l'Algérie en raison de l'accueil
par Bouteflika de membres de la famille du colonel
Kadhafi dont sa fille Aïcha et son fils Mohamed». Selon
le même article, le gouvernement marocain a refusé de permettre aux services
français de l'arrêter et de l'interroger sur son territoire. Selon Al-Akhbar, les Mauritaniens et les Français ont agi de
concert pour l'attirer hors du Maroc afin de l'arrêter et que des proches de
l'ancien colonel ont été utilisés pour le convaincre que la Mauritanie était le
pays le «plus sûr» pour lui. Aucune indication n'est donnée sur ces «proches»
qui auraient convaincu le colonel Senoussi d'aller
dans la souricière mauritanienne. On ne peut s'empêcher d'évoquer l'hypothèse
que ce soit les services marocains eux-mêmes qui s'en sont chargés pour se
débarrasser d'une présence devenue encombrante après qu'elle a été éventée par
les services français. Il est très probable que les autorités marocaines
étaient partie prenante de l'opération. Et ce qui
confirme pratiquement cette collaboration est le fait que dans le vol régulier
de la Royal Air
Maroc du vendredi 16 mars en partance de Casablanca vers Nouakchott dans lequel
avait embarqué Senoussi et son fils, se trouvaient
aussi des membres des services de sécurité mauritaniens.
«L'EMBARRAS» D'OULD ABDELAZIZ
Le colonel Senoussi n'a pas été découvert
fortuitement, il était attendu par les agents de la sécurité de l'Etat et a été
exfiltré discrètement de l'aéroport. Selon Al Akhbar,
les services mauritaniens n'avaient toujours pas interrogé dimanche le colonel Senoussi dont l'extradition vers la France pourrait avoir lieu
dans les prochains jours. Le même journal, citant des sources particulières, affirme
que le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz
serait particulièrement embarrassé «d'être le premier président arabe qui remet
un citoyen arabe à un Etat étranger alors que son propre pays (la Libye) le réclame. Mais la
situation intérieure en Mauritanie et la campagne électorale en France ont été
la principale raison de la décision. Mohamed Ould
Abdelaziz aurait déclaré que la
Libye était un pays fragile et son gouvernement actuel
instable et il est hors de question de lui remettre un personnage comme
Abdallah Senoussi qui est réclamé par plus d'un Etat».
Al Akhbar rappelle que le président mauritanien a
soutenu l'ancien gouvernement libyen jusqu'à l'assassinat de Kadhafi à Syrte.
Et la Mauritanie semblait le
pays le plus sûr pour les anciens dignitaires libyens en raison des «liens qui
existaient avant la révolution et durant la révolution».
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Posté Le : 20/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com