Algérie

L'ancien ne se meurt pas, le nouveau empêché de naître



L'ancien ne se meurt pas, le nouveau empêché de naître

Acteur majeur des différentes luttes livrées par l'Algérie, aussi bien durant la guerre de libération qu'après l'indépendance, la jeunesse algérienne a-t-elle pu accéder à des postes de responsabilité pour pouvoir exprimer ses potentialités ' 57 ans après le déclenchement de la révolution de Novembre 54, force est de constater que la jeunesse a été tenue à la marge, à telle enseigne que le personnel gouverneur ne s'est pas régénéré, sinon peu, plus d'un demi-siècle plus tard. Il ne s'agit pas ici d'un jeunisme aux relents de populisme. Cette tare qui n'apporte rien au débat. Il ne s'agit pas non plus de convoquer la maxime gramscienne, selon laquelle, «l'ancien se meurt et le nouveau refuse de naître». Il est évident qu'il y a une faille sérieuse dans le processus de transmission entre générations d'Algériens, notamment avec le rétrécissement des espaces du «vivre ensemble». Cela génère visiblement une méconnaissance de beaucoup de choses qui relève de la riche histoire du pays. A l'orée du cinquantenaire de l'Indépendance, il est difficile de ne pas établir un constat d'échec en la matière. Les portes de la décision et de la gestion demeurent ainsi hermétiquement fermées à une jeunesse algérienne de mieux en mieux formée et davantage outillée pour relever les défis de l'heure. Il ne faudrait pas, cependant, qu'un désir de renouvellement - donc de revitalisation - de la classe dirigeante se transforme en un critère d'accès à la décision et à la haute responsabilité. Car une telle façon de substitution est porteuse de grand danger. Parfois pire que le péril qu'on croyait combattre. C'est la leçon administrée, avec beaucoup de pédagogie, par un «ancien» du mouvement national, M. Abdelhamid Mehri, pour un jeune qui réclamait, dans une rencontre-débat, «une passation de pouvoir au profit de la nouvelle génération». Contexte de révolutions oblige, l'ex-secrétaire général du parti du FLN renvoie son interrogateur à l'Egypte. En lui posant une question : qu'aurait dit le peuple égyptien si le vieux Moubarak avait été remplacé, comme planifié auparavant, par le jeune Gamal ' Moralité de la réponse : la bonne gouvernance n'est pas une affaire d'âge quand bien même il en serait un facteur important. Elle est plutôt une question d'institutions fonctionnant selon des règles préalablement établies. Que chacun est tenu de respecter. Et c'est peut-être cette tendance à garder - parfois à pérenniser - le même personnel dans les institutions et autres administrations publiques qui fait que la gestion des affaires du pays soit atteinte de sclérose. 57 ans après le déclenchement de la Guerre de libération nationale, bientôt 50 ans après l'indépendance du pays, les Algériens ont évolué à deux logiques incompatibles. Antinomiques. Les dirigeants cumulent privilèges et rente, alors que les gouvernés vivent frustration et déni. Cet attachement à la rente, qui profite à la minorité des Algériens au détriment de la majorité, empêche décidément un retour à la règle du mérite. Les effets sont désastreux, tant ce «modèle» a enfanté des gouverneurs trop vieux pour pouvoir bouger de leur poste, d'une part, et des jeunes en plein désarroi jusqu'à ne plus y croire, d'autre part. La facture est déjà lourde.
A. Y.




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