Algérie

L'ANC veut virer les corrompus


Accusé de corruption, Ace Magashule avait 30 jours pour démissionner. Mais le secrétaire général de l'ANC n'a pas cédé, forçant le parti historique au pouvoir en Afrique du Sud, à envisager sa suspension, au risque d'une guerre fratricide au sommet de l'Etat. Avec son perpétuel air renfrogné, il fait trembler ses rivaux depuis des semaines. La question sur toutes les lèvres était de savoir si Ace Magashule, qui doit bientôt comparaître pour fraudes et détournements, partirait sur la pointe des pieds. Ou s'il forcerait le Congrès national africain (ANC), en quête d'un coup de balai salvateur face à des électeurs écoeurés, à prendre ses responsabilités, risquant d'approfondir les divisions. «Ace est resté muet. Son limogeage, s'il aboutit, pourrait prendre des semaines, avec des réunions et toutes sortes d'arbitrages, ouvrant une période d'instabilité gênante pour le chef de l'Etat, Cyril Ramaphosa, qui est aussi le président de l'ANC. Le parti avait annoncé fin mars que Elias Magashule, comme tous ses membres accusés de corruption, devait être écarté. Mais le sexagénaire inoxydable, boule à zéro et lunettes sévères, avait d'emblée laissé entendre qu'il ne partirait pas sans combattre.»Pour la première fois de son histoire, l'ANC s'apprête à virer son propre secrétaire général», note le politologue Mcebisi Ndletyana. «Cela montre bien la profondeur de la corruption» au sein du parti. Il émerge au début des années 2000 pour devenir, ces derniers temps, un confident politique de l'ancien président Jacob Zuma qui traîne lui-même des batteries de casseroles. Il a grimpé dans l'appareil de l'ANC post-apartheid depuis sa province rurale du Free State (centre), y exerçant une domination digne d'un «gangster», comme l'évoque le titre de sa biographie explosive signée du journaliste d'investigation Pieter-Louis Myburgh, «Gangster State», qui détaille ses nombreux côtés obscurs.Actuellement libre mais sous caution, il sera jugé en août, aux côtés d'une quinzaine de coaccusés, pour avoir notamment volé de l'argent public en 2014 pour désamianter des logements sociaux, lorsqu'il était Premier ministre de la province. Les travaux n'ont jamais eu lieu: les enquêteurs estiment que l'équivalent de près de 10 millions d'euros ont été empochés. «Ace», secrétaire général depuis 2017, a été inculpé en novembre. Quatre mois plus tard, l'ANC activait une règle interne entrée en vigueur en 2020 pour assainir le parti de Nelson Mandela, entaché de corruption et de vols, imposant à tout membre poursuivi pénalement de démissionner ou de s'exposer à une suspension. Sous Ramaphosa, la mission principale de Magashule semble avoir été de «s'opposer à la consolidation du pouvoir par le nouveau président», résume ce professeur d'université. «Ramaphosa restera vulnérable tant qu'Ace se maintiendra à ce poste où il fait ouvertement campagne contre lui». La décision du parti d'écarter ses responsables visés par la justice doit être comprise dans le cadre plus large du «combat pour sauver l'âme de l'ANC, son intégrité, sa moralité», commente M. Mtimka. D'autres responsables ont déjà été limogés en vertu de cette règle.
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