Algérie

L'anarchie et la spéculation plombent toute initiative de régulation Filière viande rouge en Algérie



Par Salah Benreguia
A l'instar de certaines filières de l'agro-alimentaire, le marché de viande notamment rouge en Algérie est globalement mal régulé. Premier dommage collatéral : des prix excessifs sont pratiqués durant toute l'année. D'ailleurs, les prix des viandes dans notre pays qui sont substantiellement élevés, dépassent paradoxalement ceux enregistrés dans nos deux pays voisins (la Tunisie et le Maroc). Et le paradoxe algérien demeure dans le fait que les facteurs de base et les paramètres caractérisant cette filière poussent à l'optimisme, en ce sens qu'ils favorisent un meilleur niveau de production, avec à la clé, des prix très abordables. Jugez-en :
L'Algérie dispose de plus de 20 millions de têtes ovines, 2 millions de bovins et une production moyenne de 300 000 tonnes de viandes blanches par année. Ces chiffres, en théorie, font penser que l'offre ne devrait qu'être supérieure à la demande, ce qui ne peut qu'influer sur les prix qui devraient baisser'.
Mais c'est l'inverse qui s'est produit, d'autant que le kg de viande fraîche dépasse en moyenne les 1 000 DA. Et durant le mois sacré, il dépasse largement les 1 300 DA. Et en dépit de l'importance de l'effectif du cheptel, la filière viande est lourdement impactée par plusieurs facteurs.
En effet, les prix pratiqués actuellement sont causés par les différents dysfonctionnements que connaît cette filière. L'absence d'une réelle organisation des circuits de commercialisation, qui est censée reposer sur des réseaux fondés sur des conventions entre les différents acteurs, a, malheureusement, induit des comportements spéculatifs. L'anarchie qui règne en maître au niveau de la filière des viandes rouges s'est inéluctablement répercutée sur le consommateur auquel on fait payer chèrement le prix de cette source de protéines si vitales, notamment pour le développement et la croissance des enfants. Last but not least. L'autre facteur qui a contribué à cet état de fait, c'est que l'Algérie n'a jamais disposé d'abattoir industriel moderne. L'absence de telles infrastructures a laissé le champ libre aux différents intermédiaires, exerçant dans la majorité des cas dans l'informel, pour dicter leurs propres lois. «La multiplicité des intervenants dans le circuit de la commercialisation entre maquignons et la prédominance du marché informel sont les véritables causes qui ont mis à genou cette filière», selon un expert. Et pour mettre fin à cette anarchie totale, les pouvoirs publics ont essayé de réorganiser en amont et en aval cette filière. Selon les acteurs des filières viandes blanche (aviculture) et rouge, il s'agira en priorité de maîtriser d'une part la conduite des cheptels et, d'autre part, d'encourager l'investissement susceptible de participer à la transformation des conditions structurelles de l'offre. C'est là une nécessité indéniable à plus d'un titre. En effet, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a pris le soin de créer une SPA dénommée Algérienne des viandes rouges (Alviar) et la mise en place d'un système de régulation qui consiste à rapprocher les trois principaux intervenants dans la filière avicole : les laboratoires publics ou privés, les aviculteurs et les fournisseurs d'intrants. Toutefois et comme indiqué plus haut, la spéculation plombe toute initiative visant à la régulation dudit secteur. Et c'est pour çà que la lutte contre ce fléau devient la priorité des chantiers auxquels doit s'atteler le département de Benaïssa. Car, les consommateurs attendent impatiemment l'impact de ces initiatives sur le circuit de la commercialisation des produits carnés frais.
S. B.


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