Algérie

L'anarchie '



L'anarchie '
Décidés à écouler leurs produits, les commerçants de la commune chef-lieu de Annaba font recours à plusieurs stratégies. Interdits par intermittence de racketter les trottoirs pour procéder à l'extension de leurs devantures et y exposer leurs produits, ils emploient actuellement divers moyens de communication.Ils les utilisent pour attirer les clients. A l'image de ceux de la rue Ibn Khaldoun, du marché au blé, El-Hattab et plusieurs autres sites commerciaux du centre-urbain de Annaba. Des haut-parleurs accrochés un peu partout distillent toutes sortes de sonorités. Si ce n'est la voix des artistes du terroir qui fusent, c'est la voix d'un commerçant que l'on entend héler les clients. Des jeunes employés tentent aussi de valoriser leurs marchandises. Ragaillardis par le rythme de la musique ou des chansons du terroir servies à plusieurs décibels, ils esquissent des pas de danse sous le regard des mères de famille et jeunes filles. Sévissant quotidiennement jusqu'à la tombée de la nuit, cette ambiance est diversement appréciée. Achats divers bien emballés dans des sachets, Mounira se perd dans la foule. Omniprésentes, les forces de l'ordre ne peuvent rien contre le vacarme qui sévit en ces lieux. Interrogé, un des commerçants a laissé entendre que la sonorisation fait partie de la stratégie commerciale. De passage à la rue Emir Abdelkader tout aussi bruyante que celle Ibn Khaldoun qui lui est adjacente, Abdelatif lui n'est pas du même avis. La quarantaine d'âge, chemise et pantalon bien repassés, un smartphone de marque entre les mains, il jette des regards quelque peu agacés sur les étals. Il paraît ne pas supporter le tintamarre qui arrive à ses oreilles : «je cherche à acheter des effets vestimentaires pour mes enfants et mon épouse. Je suis en mission professionnelle pour quelques jours. J'ai constaté qu'il y a trop de bruit et une forte présence des cambistes clandestins qui appellent les passants pour leur proposer le change. C'est pratiquement le charivari et je n'arrive pas à comprendre qui propose quoi. Aucune norme ne dicte la fixation des prix si ce n'est celle de la tête du client», a-t-il affirmé. Les principaux acteurs du commerce quant à eux, n'y voient aucune entrave : «l'animation attire. Des clients viennent souvent pour la musique, mais ils finissent par acheter. S'il n'y pas d'ambiance, on ne peut pas parler commerce, considére Mourad, très occupé devant son étal d'habits pour enfants et femmes. Même les abords du marché couvert sont aussi pris d'assaut par de petits détaillants soucieux d'écouler leurs produits. Ici également, bruyant est l'adjectif qui décrit le mieux l'ambiance qui y sévit. Les vendeurs des jouets exposés le long du trottoir donnent de la voix pour attirer des clients. Les fastfoods des sandwiches aux poulets bien rôtis et autres pizzérias tentent à travers des étals de dénicher un ventre affamé parmi les nombreux piétons. Faute de contrôle des services compétents et de couverture adaptée, les produits alimentaires proposés à la consommation humaine sont laissés à la merci de la poussière. Les préposés au service ne sont pas mieux lotis. Sales, malodorants et agressifs, la plupart sont des délinquants convertis dans le commerce. Il faut savoir qu'avec ses rues commerçantes et ses marchés des fruits et légumes, sa poissonnerie, sa mosquée de la rue Emir Abdelkader, ses pizzérias et ses fastfoods, le centre urbain de Annaba représente le poumon de l'économie locale. Il faut savoir aussi, que le champ de Mars et l'avenue de l'ALN distants de quelques centaines de mètres forment les principales places fortes pour l'écoulement des produits sidérurgiques, métallurgiques, pièces de rechange automobiles. Y stationnent aussi, les taxis et bus à destination des onze autres communes de la wilaya et différentes wilayas du pays. Dire que l'économie locale démontre une certaine fébrilité serait plus ou moins juste. Ce qui aurait pu permettre une réelle relance n'était la spéculation qui sévit tous azimuts. Elle est pour beaucoup dans la baisse de la consommation. Cependant, si la production nationale est asphyxiée, il en est pas de même pour le «made-in». A ce niveau rien ne se perd dans la mévente, tout se vend, tout s'achète. Il n'en demeure pas moins que l'on a l'impression que des mains expertes dans la manipulation multiplient les actions tendant pousser à bout l'exaspération des citoyens. «Que voulez-vous que je fasse avec les quelques 20 000 DA que je perçois en guise de pension de retraite quand le pain est à 15 DA chez le boulanger, le lait en sachet n'est pas régulièrement disponible dans le but de contraindre les consommateurs à acheter les boîtes à des prix que chaque commerçant affiche au gré de son humeur du jour. Je ne cite pas les autres produits de première nécessité du fait des prix véritablement inaccessibles avancés. On nous parle de baisse du prix de pétrole comme si on cherche à nous préparer un grand coup de masse. Il faut que l'Etat réagisse et amène les uns et les autres acteurs économiques au respect des lois. Quant aux produits «made-in», je n'y pense même pas» tel est succinctement l'avis des consommateurs des deux sexes. Tous attribuent l'anarchie sévissant sur le marché local comme étant stimulée par la passivité des structures compétentes de la République.




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