Algérie

L?amorce



Le Salon international du livre d?Alger (SILA), dont la neuvième édition s?ouvre aujourd?hui, est l?occasion privilégiée d?évaluer l?état des lieux du secteur de l?édition. Un secteur qui amorce seulement sa résurgence après une longue période de péripéties caractérisée tout particulièrement par le désengagement de l?Etat dans cette sphère stratégique où les entreprises du secteur public, qui agissaient en amont et en aval du livre, sont désormais absentes. Les éditeurs privés, qui ont investi avec passion et courage dans ce créneau si intimement lié à la diffusion du savoir, mènent avec mérite la politique de leurs ambitions sans avoir forcément les moyens de leur politique. Le livre est une activité coûteuse et elle n?est pas rentable dans tous les cas de figure. Il reste aussi et surtout un produit le plus souvent inaccessible à tous les budgets même si le réflexe d?achat finit par l?emporter au bout du compte. La cherté du livre a pour conséquence d?éroder les pratiques de lecture en recul par rapport à une demande potentielle qui se heurte à la fourchette des prix. Le recul est au moins patent si on le rapporte à la période où l?Etat était encore l?acteur majeur de la stratégie du livre. A cet égard, la problématique a résidé dans le choix de soutenir les nourritures du ventre ou celles de l?esprit. L?option finalement retenue ayant été celle de considérer que la priorité allait à la baguette de pain. La vérité des prix, érigée en dogme à l?heure où se profilait une entrée furtive dans l?économie de marché, a fait le reste. C?està- dire qu?elle a vite conduit à surdéterminer les coûts de fabrication du livre et à fixer des prix publics ressentis comme exorbitants par des consommateurs qui, à l?époque pas si éloignée des « foires du livre », achetaient des ouvrages de toute nature par couffins entiers. Les éditeurs privés parviennent certes, tant bien que mal, à survivre, mais cela ne garantit pas pour autant que l?enjeu n?est pas sans risque. Car l?édition, qui ne peut évidemment pas se suffire à elle-même, est impensable hors de son interaction avec les pôles si essentiels pour le livre que sont les librairies et les industries graphiques. C?est pour cela que le SILA ne peut pas être réduit à une seule dimension trompeuse de présentoir, mais se place à la confluence des attentes conjuguées des professionnels de l?édition et du public.


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