Avec le temps et surtout au regard du travail remarquable qu'il a accompli dans le règlement des conflits souvent les plus délicats et que l'on décrivait comme les plus complexes, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a fini par susciter respect et considération. Il a aussi gagné une marge de man'uvre qui se remarquait dans son style. Il n'hésitait pas à asséner ses vérités et à son âge et avec un tel parcours, tout lui est permis. Comme son avenir en tant que médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Il a fini par ne plus y croire, tant le jeu est brouillé et que la mission qu'il a fini par accepter paraît réellement impossible, comme il l'avait déjà souligné l'automne dernier. En fait, a-t-il constaté, le moindre effort est contrarié.
A quoi bon continuer quand la Ligue arabe a octroyé à l'opposition le siège de la Syrie et qu'un torrent d'armes se déverse à destination de la rébellion. Des choix sont donc faits et à bien suivre Lakhdar Brahimi, les jeux sont faits et il n'est plus possible d'entretenir la moindre illusion quant à une solution politique. Ce qui confirme l'idée même selon laquelle il n'y a jamais eu d'engagement diplomatique. Il était donc temps de le dire et de l'assumer, puisque M. Brahimi aurait jeté l'éponge. Il «va démissionner, il a pris sa décision, mais nous ne savons pas quand elle sera formalisée», indiquait un diplomate. Les propos d'un de ses collaborateurs sont quant à eux très révélateurs. M. Brahimi «songe» à démissionner face à l'enlisement de la guerre en Syrie, a-t-il affirmé, soulignant qu'il ne l'a pas encore fait, «mais comme vous le savez, il a dit qu'il y pensait chaque jour».
C'est l'objet de sa réunion jeudi avec les représentants des cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) au Conseil de sécurité. Le porte-parole de l'ONU a confirmé cet entretien, mais a refusé de dire si M. Brahimi avait déjà averti l'ONU et la Ligue arabe de sa décision. Selon M. Nesirky, la discussion a porté sur «les efforts diplomatiques possibles pour mettre fin au conflit», la mission d'enquête de l'ONU sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques dans ce conflit ainsi que sur «la situation humanitaire en constante aggravation en Syrie et dans les pays voisins». L'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant, a confirmé que le sort de M. Brahimi avait été évoqué. Mais cette réunion avec M. Ban «n'était pas uniquement consacrée à Brahimi», a-t-il ajouté. En fait, ne manque-t-on pas de constater, M. Brahimi soulève un sérieux problème relatif au principe de la médiation. Quelle doit être l'attitude des uns et des autres ' Et pourquoi n'a-t-on pas tenu compte des déclarations du secrétaire général de l'ONU mettant en garde depuis près d'un an déjà contre la militarisation du conflit syrien et sa régionalisation '
Qui y a intérêt et quel est justement cet intérêt ' Car il y a militarisation et régionalisation, et même internationalisation avec des déclarations du chef du Hezbollah libanais reconnaissant l'engagement militaire de son mouvement aux côtés du régime syrien, d'un côté, et de l'autre, un même engagement qu'il est difficile de nier ou même de cacher. Et depuis jeudi, les Etats-Unis envisagent d'armer l'opposition sans dire quel type d'arme lui fournir si une décision en ce sens venait à être prise. «Cela ne veut pas dire qu'on va ou veut le faire. Ce sont des options qui doivent être envisagées avec les partenaires, avec la communauté internationale», a déclaré le ministre américain de la Défense, alors même que les combats se sont étendus à de nombreuses régions et que ni le régime ni l'opposition ne paraissent pouvoir l'emporter. Juste ce qu'il faut pour fracturer davantage ce pays et le détruire systématiquement. Voilà donc la Syrie menacée d'éclatement. L'ONU appréhendait une telle issue, Brahimi en avait parlé, tout comme son prédécesseur au poste de médiateur, Kofi Annan.M. L.
Posté Le : 04/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com