Algérie

L'Amérique, je veux la voir...



Des témoignages rapportent l'immense émotion ressentie par Krim Belkacem en débarquant à New York afin d'assister aux travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, dans les années 60, session durant laquelle de nombreux intervenants ont plaidé en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Le 2 octobre de cette année 1960 est donc à marquer d'une pierre blanche puisque la délégation que conduisait Krim était aussi reçue par le sénateur et futur Président de la première puissance mondiale, John Fitzgerald Kennedy. Des maquis à la capitale des Etats-Unis, assurément, le dépaysement fut total et l'on parle même de «choc» au sein des émissaires du FLN devant l'image écrasante des immenses boulevards grouillants de gens affairés, les imposants gratte-ciel... Ce qui ne gâche rien fut le soutien officiel de l'Amérique. Dans le contexte de la guerre froide, il est aisé d'imaginer les sentiments partagés dans la délégation algérienne. Est-ce cela l'enfer impérialiste ' A l'opposé, les apôtres du socialisme vu comme levier d'émancipation, d'égalité et de justice, avaient déjà pris parti. L'assassinat du Président démocrate, le 22 novembre 1963, fut vécu dans la douleur dans une Algérie tout juste indépendante. Un des boulevards d'Alger portera désormais le nom du disparu, ami de l'Algérie, pays qui attendait beaucoup de l'Amérique en matière d'aide au développement. La jeune République algérienne allait devoir trancher dans ses choix de politique internationale. Cela revenait à choisir entre le c?ur et le réalisme, le pragmatisme qu'exigent les intérêts d'Etat. Au-delà des discours qui pourfendaient à chaque occasion l'impérialisme, les affaires dont l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures se portaient bien. Les deux partenaires ne cachaient par leur satisfaction tout en restant très discrets. Le «grand frère» de l'Est, en l'occurrence l'Union soviétique, amie des damnés de la terre, s'est imposé comme source d'inspiration dans les choix stratégiques de développement. D'où l'expérience de la planification socialiste, aussi bien dans l'industrie que dans l'agriculture. De fait, l'Etat omniprésent confisquera toutes les initiatives qui s'avéreront stérilisantes. À vouloir faire le bonheur du peuple, une caste (la nomenklatura), particulièrement jalouse de ses prérogatives, imposera son modèle qui, en définitive, portera la marque de pénuries récurrentes, notamment dans les produits de large consommation. La prospérité promise n'est qu'un mirage. Les biens matériels ' C'est un besoin suscité par les bourgeoisies occidentales, exploiteuses des travailleurs ! Les pays du Tiers-Monde, à option socialiste, végéteront longtemps dans l'incapacité de s'émanciper du poids d'une idéologie née hors contexte. Ballottés entre l'Est et l'Ouest, aujourd'hui encore, ils continuent à croire aux vertus de politiques inspirées qui ont montré pourtant leurs limites. Les avancées matérielles dans le monde, l'amélioration continue des conditions de vie plongent dans un douloureux dilemme les leaders de pays aspirant à une vie meilleure qui ne vient pas. Secrètement, ils rêvent d'Amérique tout en applaudissant ses ennemis. Les «révolutions arabes» ont mis au jour combien étaient vaines leurs promesses une fois au pouvoir. Vilipendé, le modèle occidental s'avère l'interface de la mauvaise conscience des apprentis sorciers. Parce qu'ils n'ont rien d'autre à proposer, à l'heure où les secrets de la vie sur Mars se révèlent chaque jour un peu plus à l'Homme.B. T.
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