Algérie

«L'Américain» Fayyad claque la porte



«L'Américain» Fayyad claque la porte
Le Premier ministre, imposé par Washington en 2007, a présenté sa démission. «Nous saluons l'action d'un partenaire fort» : cet hommage appuyé du département d'Etat américain envers le Premier ministre palestinien démissionnaire Salam Fayyad explique sans doute pourquoi le président, Mahmoud Abbas, a accepté samedi le départ du chef de son gouvernement.
Car cet ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), diplômé d'universités outre-Atlantique, qui refusait obstinément d'adhérer au Fatah, le parti dominant en Cisjordanie, n'a jamais été très populaire. Imposé en 2007 par Washington pour remettre de l'ordre dans les finances palestiniennes, il est considéré à tort ou à raison comme «l'homme des Américains». Certes, en six ans, Fayyad a réduit le niveau de corruption au sein de l'Autorité palestinienne et fait régner un semblant d'ordre au sein de l'administration. Mais le courant n'est jamais passé entre Abbas et Fayyad. Au point que ce dernier a démissionné à six reprises depuis 2007 avant d'être aussitôt remis en selle par les interventions «amicales» de Washington et de l'Union européenne. Cette fois, le contentieux entre Abbas et Fayyad est stratégique. Il porte sur la manière de gérer une Autorité palestinienne financièrement exsangue en raison de la crise économique mondiale et de la défection de certains pays donateurs, eux-mêmes englués dans les soubresauts du printemps arabe. Partisan de l'orthodoxie budgétaire, le Premier ministre démissionnaire prône en effet la rigueur la plus stricte pour combler le trou d'un milliard de dollars (762 millions d'euros). Mais pas Abbas ni le Fatah qui songent, eux, aux prochaines élections législatives et présidentielle.Ces divergences ont provoqué la paralysie d'une administration en manque de fonds et la démission du ministre du Budget, Nabil Kassis (Fatah), que Fayyad n'a pas voulu réintégrer malgré l'insistance d'Abbas. Parmi les candidats les mieux placés à la succession de Fayyad figurent le président du Fonds d'investissement palestinien, Mohamad Moustafa, et le président de l'université de Naplouse, Hami Hamdallah. Mais rien n'est encore joué et un impétrant peut les coiffer au poteau. Lorsqu'il quittera son bureau de Ramallah, le Premier ministre démissionnaire laissera l'image du premier chef de gouvernement palestinien à avoir vraiment tenté de préparer l'administration, la police, et les services de sécurité à la création éventuelle d'un Etat indépendant. Il est également le seul à avoir encouragé l'«intifada économique» (le boycott des produits de consommation israéliens vendus en Cisjordanie) ainsi que la multiplication des protestations non-violentes contre l'occupation. Des manifestations civiles que les services de sécurité de l'Etat hébreu qualifient d'ailleurs d'«intifada Fayyad».


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