L'ambulance et les malades

Chez lui, Omar a eu un AVC. Heureusement, une ambulance de l'hôpital est arrivée et l'a embarqué pour se fondre dans la dense circulation. Vitres teintées et sirène à fond, l'ambulance tente de trouver un passage, mais personne ne veut s'écarter. Car les automobilistes pensent qu'il n'y a personne de malade dedans et de toute façon, même si c'était le cas, personne ne connaît Omar. L'ambulancier le sait, Omar a eu un AVC et il est proche de la mort. Il peste, s'énerve contre ces automobilistes qui ne veulent pas le laisser passer.Mais il sait au fond de lui que les automobilistes suspectent qu'il n'a pas de malade dans l'ambulance et même lui a déjà actionné sa sirène pour se frayer un chemin dans la circulation alors qu'il n'y avait aucun malade derrière. Mais aujourd'hui il y a Omar. Pourquoi personne ne le laisse passer ' Il le sait aussi, même quand il prend sa voiture personnelle, il ne laisse pas forcément passer les ambulances parce qu'il sait que, parfois, il n'y a pas de malade dedans.Heureusement, l'ambulancier a trouvé un chemin, s'est trouvé un passage dans l'effrayante circulation et est passé, toutes sirènes dehors, pendant qu'un groupe de voitures lui emboîtaient le pas en profitant de la percée effectuée. Ils ne sont pas malades mais pressés. Finalement, Omar n'est pas mort. Arrivé juste à temps à l'hôpital grâce à l'ambulance, il a été sauvé par une équipe médicale qui traînait par hasard par là.Trois jours plus tard, il sortait de l'hôpital et le lendemain, rétabli, il prenait sa voiture et s'engouffrait dans la circulation. Une sirène l'a fait sursauter. Une ambulance qui tente de se frayer un chemin. Omar n'est pas un imbécile, il sait qu'il n'y avait pas de malade dans l'ambulance et du coup, ne l'a pas laissée passer. On ne la fait pas à Omar. Car Omar le sait. Tout le monde est malade. Il y a trop de voitures. Et il n'y a pas assez d'ambulances.