Algérie

L'ambition d'Ould Kaddour est-elle réaliste '



Le P-DG de Sonatrach a déclaré à maintes reprises, ces dernières semaines, que la compagnie pétrolière nationale vise à se hisser au top 5 des plus grandes compagnies pétrolières dans le monde. Une prévision que ne partage pas son conseiller, M. Arabi, qui a vite fait de le reprendre pour soutenir que l'objectif est en fait de se placer au cinquième rang des plus grandes compagnies nationales (les NOC). Mais Ould Kaddour persiste et signe. Cependant, a-t-il les moyens de son ambition ' Contacté par téléphone sur la question, Abdelmadjid Attar, spécialiste pétrolier et ancien P-DG de Sonatrach, note que le premier responsable de la compagnie nationale n'a pas précisé sur quelle base il compte atteindre cet objectif à cette échéance. Si la référence est le chiffre d'affaires, il est impossible,affirme Abdelmadjid Attar, que Sonatrach puisse se hisser au top 5 des plus grandes compagnies. Il suffit de voir le chiffre d'affaires d'Exxon Mobil, de Chevron, de Shell, de BP, de Total, de Gazprom, de l'ENI, de Petrobras, de Statoil, de Petrochina, de Sinopec, et de comparer avec celui de Sonatrach pour être édifié. Plus de 10 compagnies dans le monde réalisent plus de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires : Sinopec
433 milliards de dollars, Shell 385 milliards de dollars, Exxon Mobil 364 milliards de dollars, Petrochina, 327 milliards de dollars, Total 194 milliards de dollars, Chevron 191 milliards de dollars, Phillips 161 milliards de dollars, Petrobras 143 milliards de dollars, ENI 132 milliards... (chiffres de 2015). Cinq compagnies nationales affichent un chiffre d'affaires dépassant les 100 milliards de dollars : outre Sinopec, Petrochina, Petrobras, Gazprom, la Saudi Aramco atteint un chiffre d'affaires de plus de 300 milliards de dollars. À comparer les 58 milliards de dollars et les 33 milliards de dollars de chiffre d'affaires de Sonatrach entre 2014 et 2017. L'objectif dans sa stratégie 2030 est d'atteindre un chiffre d'affaires de 60 milliards de dollars. L'écart est trop important. Si on inclut le paramètre capital ou la capitalisation boursière, Sonatrach est également très loin derrière ces compagnies. En revanche, estime Abdelmadjid Attar, en termes de réserves, si on intègre les réserves techniquement récupérables de gaz et de pétrole de schiste, Sonatrach pourrait être la cinquième compagnie pétrolière dans le monde. Pour le spécialiste pétrolier, l'optimisme d'Ould Kaddour à ce sujet est opportun dans la conjoncture actuelle. Il est destiné aux partenaires étrangers qu'il veut rassurer avec ces ambitions d'augmentation de la production, des réserves et de positionnement parmi les plus grandes compagnies dans le monde contenus dans la stratégie 2030, pour les inciter à investir dans le domaine minier national. Le message s'adresse également au personnel de Sonatrach. En outre, n'oublions pas que Sonatrach, face à ces challenges, ne maîtrise pas un facteur extérieur : l'environnement économique, financier et social dans lequel baigne l'entreprise. Il est clair que sans une plus grande liberté d'initiative, sans la levée des entraves bureaucratiques et sans une plus grande souplesse dans la législation des changes, on voit mal comment Sonatrach peut réussir à atteindre ces objectifs.
K. Remouche


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