Algérie

L’ambassadeur américain fustige la bureaucratie algérienne



La politique en Algérie, relative à la PME (Petite et Moyenne entreprise), a été sévèrement  critiquée hier matin par Robert S. Ford, l’ambassadeur des États-Unis à Alger.
Intervenant dans le cadre de l’université d’été de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC), qui s’est déroulée à l’ISGP de Bordj El-Kiffan, sous le thème “Stratégie de développement de la PME en Algérie”, le diplomate américain n’y est pas allé de main morte en critiques. “En Algérie, le business est basé sur le commerce et non sur l’esprit d’entreprise (…) Le pays doit réduire la routine bureaucratique”, a-t-il déclaré. Voulant exprimer les intentions de son pays pour “booster” le secteur des PME en Algérie, et en même temps de s’impliquer dans un processus interne, le diplomate US annonça la venue prochaine (en juillet) d’experts de l’Agence américaine pour la promotion de la PME. Selon le diplomate, ils auront pour mission de renforcer le domaine des évaluations des crédits. “Aux États-Unis, les PME perçoivent 12 milliards de dollars en crédits et cela a permis la création de 2 millions de nouveaux postes de travail.” Pour étayer ses critiques, l’ambassadeur s’appuiera longuement sur le dernier rapport de la Banque mondiale concernant l’Algérie. Il commencera par faire une comparaison entre son pays et l’Algérie sur les procédures et les délais de création d’une entreprise. Les chiffres qu’il a étalés à l’assistance étaient déjà eux-mêmes “accusateurs” et montraient le gouffre qu’il y avait entre les deux pays. Entre autres données énoncées, il y a celle du temps pris pour l’obtention de tous les permis et autorisations. “Pour la même idée, en Algérie il faut 9 mois, et pour les États-Unis c’est 7 semaines”. M. Ford ne s’arrêtera pas là : “Même dans la région du Moyen-Orient et du Maghreb, l’Algérie est très mal lotie puisque c’est 174 jours en moyenne contre 240 jours ici.”
L’ambassadeur américain n’a pas été le seul intervenant, lors de cette première journée de l’université d’été de la CCFC. Sa compatriote, le docteur Mantha Mehallis (PHD de Florida Atlantic Univesity), a essayé de donner une vue globale de la croissance et de la survie de la PME aux États-Unis, tout en martelant que “quand une économie est très faible, la bureaucratie est trop élevée”. Allant pratiquement dans le même sens, M. Lakhdar Boukerrou (coordinateur des programmes et services de recherche à la Florida Atlantic University), na pas tari d’éloges sur le système américain. “J’ai quitté l’Algérie pour rejoindre les États-Unis il y a une trentaine d’années. Je ne m’étais jamais imaginé créer une entreprise, que ça soit ici, au temps de l’économie dirigée, ou encore là-bas. Malgré cela, j’ai pu devenir un chef d’entreprise”. Visiblement ardent défenseur de l’américain way of life, l’enfant de Mostaganem  tentait avec force arguments de démonter “la culture de l’attente de sa mensualité” en insistant sur l’importance de la concurrence et des prises de risques dans l’entreprenariat. Pêle-mêle, il critiquera la bureaucratie algérienne, la peur d’entreprendre, jusqu’à la mal-gérance des Algériens de leurs… congés.
L’Amérique n’était pas la seule invitée de la journée. L’expérience allemande était aussi au rendez-vous. M. Andreas Hergenther, directeur général de la Chambre de commerce algéro-allemande, a développé les atouts de ce qu’il a appelé “la plus grande économie d’Europe” en faisant à chaque fois des parallèles avec d’autres pays du Vieux Continent. La première table ronde, dont l’intitulé était “Création et financement d’entreprise”, a vu aussi l’intervention fort remarquée de M. Morteda Zabouri, chercheur à HEC Montréal. “C’est paradoxal qu’en l’Algérie on parle de petites et moyennes entreprises, alors qu’il n’y a même pas de grande !” ironisa-t-il avant de lancer, en abordant la question du manque de prévisibilité et de stabilité dans les relations entre les entreprises : “Le cas algérien est un cas d’école.”
La première partie de cette université d’été (qui durera trois jours) a été clôturée par une “sortie” qui résume la teneur des conférences et des débats de son modérateur, le professeur canadien Mit Boston : “Il y a des entreprises assistées et des entreprises qui réussissent.” L’après-midi d’hier a été consacré à la formation et aux Ntic, où sont intervenus, entre autres, le Pr Youcef Mentalecheta et le P-DG de Gecos, Younès Grar.
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