Déçu par ses résultats aux législatives qui ne lui permettent guère de reproduire un 'printemps arabe' version algérienne, le MSP veut s'ériger en futur leader de l'opposition.
Les législatives du 10 mai ont débouché sur l'émergence d'un nouveau rapport de force politique au niveau du parlement, les deux béquilles du système (FLN-RND avec leur 291 sièges) peuvent largement gouverner seules, le cas échéant. Ce qui ne semble pas néanmoins être inscrit à l'agenda du pouvoir qui voudrait une alliance aussi large que possible. À en croire, en tout cas, Abdelaziz Belkhadem dont on sait qu'il est dans les petits papiers du président Bouteflika. Dans cette nouvelle distribution des cartes, le MSP est en quête d'un nouveau repositionnement sur la scène politique. Son but : sortir la tête de l'eau, après avoir bu la tasse le 10 mai. Ce parti, passé à côté de son rêve d'être le maître d'ouvrage du 'printemps arabe' en Algérie, veut être désormais le leader de l'opposition. Son madjliss echoura a acté dimanche la décision de passer de l'autre côté du miroir, refusant fermement d'être dans la prochaine coalition présidentielle. 'On a pris une position historique qui est de ne pas participer au futur gouvernement', a soutenu hier Abderezak Mokri, partisan d'une rupture de bail avec le gouvernement, dans un entretien à TSA. 'Nous allons participer à la réorganisation de l'opposition. On essaiera de construire des alliances avec tous les partis politiques pour avoir des positions communes au Parlement par rapport aux projets de loi du gouvernement, par exemple. On va aider à raviver la société civile', détaillait-il dans cet entretien. Mais ce parti a-t-il les épaules assez larges ou, tout simplement, la crédibilité idoine pour assumer ce nouveau rôle de fédérateur de l'opposition, qui a ses exigences politiques et morales ' En tout cas, les observateurs politiques sont assez dubitatifs. 'Je ne crois pas que ce parti aura une crédibilité sérieuse auprès des algériens et même auprès de ses militants de base', estime le politologue Rachid Tlemçani dans une déclaration à Liberté. Et d'expliquer ensuite le pourquoi de son analyse : 'Mêlés aux histoires de corruption, après avoir mangé le couscous et au regard du ''printemps arabe'', ils veulent effacer leur part de compromission pour apparaître comme des gens propres'. Pari impossible pour le MSP, 'car les algériens ne sont pas dupes ; ils connaissent bien leurs élites politiques qui vieillissent mal', poursuit encore Rachid Tlemçani qui en appelle à 'un nouveau leadership jeune, intègre et ouvert aux grands enjeux mondiaux'. Maître Mokrane Aït Larbi partage un peu la même analyse quant à l'incapacité du parti d'Abou Djerra d'être le nouveau hérault de l'opposition.
À travers la cure d'opposition annoncée, Aït Larbi croit deviner que 'l'objectif numéro un de ce parti est de préparer les présidentielles de 2014'. 'Ils ont compris que la politique de un pas dans le pouvoir, un pas dans l'opposition, ça ne marche plus', ajoute Aït Larbi. Mais au point où il en est de l'opportunisme, de l'équivoque et du double discours, plus que comprendre, le MSP doit surtout convaincre les partenaires avec lesquels il entend fédérer l'opposition. Ce qui n'est pas évident compte tenu des casseroles qu'il traîne. On voit mal Abdallah Djaballah ou encore Abdelmadjid Menasra se mettre du jour au lendemain sous la houlette d'Abou Djerra. Leurs différends historiques et leurs querelles de chapelles sont trop pesantes pour se dissoudre aujourd'hui dans un projet d'alliance fondée sur une simple frustration post-électorale.
Le pari semble encore plus difficile avec les partis qui ne sont pas dans la mouvance islamiste. Le FFS, le parti des travailleurs, le FNA et d'autres formations politiques qu'on peut classer sous l'étiquette générique de républicains ont plus de chances de s'entendre sur un minimum syndical dans le parlement que de les voir prendre le risque de s'arrimer à l'Alliance verte en quête de nouvelle virginité. Puis, finalement, qui peut prouver que cette agitation du MSP n'est pas qu'une énième entourloupette pour obtenir plus de maroquins dans le prochain gouvernement.
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Posté Le : 22/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Ouali
Source : www.liberte-algerie.com