Pour son deuxième rendez-vous avec les partis politiques en lice pour les législatives du 10 mai, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a reçu, mercredi passé à l'hôtel El-Aurassi à Alger, Bouguerra Soltani, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), venu exposer le programme économique de la nouvelle Alliance verte.
Accompagné des responsables des partis Ennahda et El-Islah, ses nouveaux alliés politiques, M. Soltani, a 35 minutes durant, présenté les grandes lignes du programme économique de l'Alliance verte. Un programme qui s'articule autour de 5 grands axes : le constat, la vision économique, les objectifs, les mesures et enfin les conclusions.
Le constat
Dans son nouveau rôle de chef de fil de l'Alliance verte, le président du MSP a dressé un constat des plus sévères de la politique économique nationale. Sans détour et sans considération de la participation continue de son parti aux différents gouvernements, depuis le 31 décembre 1995 à aujourd'hui, et dans lesquels, il a eu à gérer des portefeuilles ministériels non négligeables, notamment ceux de l'industrie, du commerce et de la petite et moyenne entreprises, M. Soltani a décrit un pays qui navigue à vue du fait de 'l'absence d'une politique économique claire et à long terme', un pays 'dominé par l'économie informelle', rongé par 'la corruption administrative, financière et politique', et qui souffre d'une 'faiblesse des infrastructures de base', et de 'l'instabilités de son système législatif et réglementaire', et qui 'ne fait pas la différence entre ce qui est stratégique et ce qui est marginal', etc. Au total, Bouguerra Soltani énumérera 13 obstacles majeurs qui empêchent le décollage économique du pays. Une situation aggravée, dira l'intervenant, par 'la mise en 'uvre d'une politique de privatisation irréfléchie et non transparente' qui a ouvert la voie à 'l'économie de bazar'. C'est cette 'situation d'échec et de confusion' qui a conduit, selon les dires de M. Soltani, à l'émergence d'une 'bourgeoisie importée', qui 'ignore les règles de la concurrence loyale et les conditions d'une économie de marché basée sur la complémentarité entre le taux de croissance et les besoins de consommation'.
La vision économique
Après avoir fait le constat de la situation économique du pays, Bouguerra Soltani a affiché la vision économique de l'Alliance verte, qui s'articule autour de deux grandes priorités : mettre les hydrocarbures au service du développement à travers la consolidation des infrastructures de base et améliorer l'environnement de l'investissement.
Pour les associés de l'Alliance verte, ces deux facteurs sont des conditions incontournables pour la construction d'une économie compétitive hors hydrocarbures.
Les objectifs
La construction d'une économie hors hydrocarbures, dans le programme économique de l'Alliance verte, est un passage obligatoire pour atteindre le but ultime : la prospérité et le bonheur du citoyen algérien.
La réalisation de cet ultime objectif, dira M. Soltani, nécessite une 'priorisation de l'investissement sur le commerce ou du moins réaliser l'équilibre entre les deux'.
C'est cela, expliquera Bouguerra Soltani, qui permettra d'atteindre la vraie prospérité sociale, d'améliorer le cadre de vie au profit de tous les citoyens, de diversifier nos ressources financières dans le cadre d'une 'économie de marché organisée, compétitive et respectueuse des valeurs sociales, de solidarité nationale et des relations humaines'. C'est ce défi de développement que l'Alliance verte veut relever, à travers : Le traitement économique de la crise du chômage pour assurer des emplois réels, durable et productifs ;
La réduction des poches de pauvreté et d'exclusion en libérant, en assurant la stabilité du cadre législatif, et en encourageant l'investissement productif pour faire face à l'économie de bazar qui ne cesse d'alourdir la facture des importations du pays. La maîtrise du pouvoir d'achat par la libéralisation de l'accès à la propriété privée dans la cadre de la justice sociale. La promotion et la facilitation de l'accès au logement dans un cadre de justice sociale et de transparence.
Les mesures
Avant de penser à prendre des mesures, estime l'Alliance verte, il y a lieu, par un souci de précaution, de procéder à une évaluation transparente de la situation du moment au triple plan économique, législatif et social.
C'est ce devoir de précaution, en quelque sorte, dans le traitement de la problématique du développement économique national, qui pousse les associés de l'Alliance verte à considérer les 50 mesures pour libérer la croissance proposées par le Forum des chefs d'entreprises comme un document de travail globalement acceptable mais qui nécessite des approfondissement sur des points particuliers.
Ceci, à l'exception du point 38 relatif à l'aménagement du week-end universel. Une demande que l'Alliance verte rejette de façon catégorique, car estime-t-elle, c'est une mesure qui relève de la seule volonté du peuple. M. Soltani a tenté d'invoquer une raison économique à ce rejet en avançant l'argument du décalage horaire qui rend nul et sans effet, selon lui, un tel réaménagement. Une réponse qui a fait sourire les chefs d'entreprises présents dans la salle. Sans doute, ont-ils compris que ce rejet relève beaucoup plus du caractère islamique dont se prévaut l'Alliance verte, sans pour autant le déclarer ouvertement !
En dehors de ce point de différence, Bouguerra Soltani a déroulé devant les chefs d'entreprise, qui l'ont suivi attentivement, un programme économique qui reprend les grands principes économiques universels. Un programme qui ne fait aucunement référence à une quelconque économie spécifique, fut-elle islamique !
Conclusions
La preuve, M. Soltani a conclu sa présentation du programme économique de l'Alliance verte en déclarant partager les idées et les propositions du Forum des chefs d'entreprises, tout en reconnaissant l'existence de désaccord sur certains mécanismes de mise en 'uvre.
Enfin, Bouguerra Soltani, le chef de fil de la nouvelle Alliance verte, a mis à profit sa rencontre avec les adhérents du FCE pour plaider en faveur d'une 'réconciliation économique', et la signature d' 'un pacte de développement', car, pense-t-il, 'le drame économique algérien trouve son origine dans la séparation du politique de l'économique'.
Lyes redaoui
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Posté Le : 18/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Liberté
Source : www.liberte-algerie.com