Vers l’internationalisation du conflit touareg Selon des informations persistantes, les dirigeants de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 ont l’intention d’internationaliser leur conflit auprès des Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne et divers organismes mondiaux. Le mouvement de l’Azawad a décidé, en effet, de soumettre dans les meilleurs délais, le dossier touareg aux Nations unies, à l’Union africaine, à l’Union européenne (en tant que bailleur de fonds de l’Etat malien) et à toutes les organisations internationales susceptibles de jouer un rôle utile. Le mouvement de l’Azawad compte, en se basant sur le droit international, soumettre un dossier comportant une demande d’appui de la communauté internationale à la revendication d’un «statut particulier» pour les territoires touaregs, seul mécanisme, à leurs yeux, à garantir aux populations locales «la préservation de leur identité et d’assurer leur survie et leur développement socio-économique». En tant que peuple autochtone du Sahara, les Kel Tamacheq comptent également bénéficier de la reconnaissance internationale concernant leur liberté de circulation transfrontalière afin de pouvoir maintenir leurs liens ancestraux avec tous leurs territoires répartis entre plusieurs Etats (Mali, Niger, Libye, Algérie, Mauritanie, Burkina Faso) et leur garantir un «accès équitable aux ressources de leur terre et de leurs territoires». C’est la conclusion à laquelle est parvenu ce mouvement après 14 ans de conflit ouvert avec le gouvernement malien. Le président du Conseil mondial amazigh (CMA), Belkacem Lounes, qui a effectué durant le mois de janvier dernier une visite dans la région touarègue au nord du Mali pour rencontrer les dirigeants de l’Alliance démocratique, a promis de les aider en portant la voix de leur mouvement. Les responsables du mouvement de résistance armée, issu de l’acte d’insurrection du 23 mai 2006, ont tenu à rencontrer le président du CMA dans la région de Kidal pour lui expliquer les origines du conflit, ses conséquences et les conditions de sortie de crise. Les responsables du mouvement de la résistance malienne ont tenu à réaffirmer au représentant du CMA qu’ils ne sont pas des «adeptes de la violence» et que leur coup de force du 23 mai 2006 «n’est que le recours ultime après épuisement des innombrables tentatives infructueuses du dialogue» avec le gouvernement malien au sujet des «responsabilités non respectées» par l’Etat malien envers les régions touarègues «marginalisées» du Nord du Mali, selon les termes du mouvement. Les Touaregs du Mali et du Niger se sont, en effet, déjà soulevés notamment au début des années 90 pour protester contre la situation de relégation sociale et culturelle qui leur était imposée par les deux Etats. La révolte a été réprimée dans le sang (plusieurs milliers de victimes parmi les populations civiles). En 1992, les deux parties en conflit signent, sous l’égide de l’Algérie, un «Pacte national» prévoyant notamment des «mesures économiques et sociales» en faveur des populations touarègues un volet de rattrapage de développement et un statut particulier (autonomie) pour la région de l’Azawad (nord-Mali), le désarmement des combattants touaregs et leur «intégration» dans les différents corps de sécurité et de l’administration de l’Etat. Le mouvement de résistance note, dans un autre communiqué, que «jusqu’à ce jour, c’est-à-dire 14 ans après, seul le dernier point a été appliqué (le désarmement et leur intégration dans l’administration)». Le mouvement de l’Azawad a tenu aussi à préciser au président du CMA que l’insurrection du 23 mai 2006 qui s’est imposée comme l’unique moyen d’amener le gouvernement malien à respecter ses «obligations» telles que prévues par le Pacte national a été «menée pratiquement sans violence» puisque les combattants ont décidé de se retirer en dehors des zones habitées afin d’éviter les «risques encourus par les populations civiles». Dès le lendemain de l’insurrection, un dialogue entre les deux parties a été engagé avec l’appui de l’Algérie qui s’est soldé par la fameuse signature de «l’Accord d’Alger» pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région de Kidal, un accord qui repend globalement les dispositions du Pacte national de 1992 sauf le «statut particulier» pour les régions touarègues «abandonné à la demande du gouvernement algérien». Or, depuis sept mois, le mouvement de résistance note qu’aucun «début d’application de l’accord d’Alger» n’est constaté. Le mouvement de l’Azawad impute la responsabilité de ce retard au gouvernement malien, mais aussi le gouvernement algérien en tant que «garant de l’application de l’accord». Les responsables de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement ont nié toute participation avec le groupe terroriste du GSPC et ont tenu à dénoncer «ceux qui ont tenté en vain de porter atteinte à leur intégrité morale en prétendant que les combattants touaregs collaboraient avec des éléments du GSPC et ceux qui ont essayé d’utiliser la résistance armée touarègue pour combattre les salafistes». Une manière, selon le mouvement, de se «débarrasser des uns et des autres».
Posté Le : 15/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com