Algérie

L'allergie au bonheur


L'allergie au bonheur
Des fetwas pour empêcher les gens de faire la fêteDes affiches ont même été placardées à travers les quatre coins du pays pour mettre en garde contre les «dangers» de ces festivités dont celle de la naissance du prophète Mohammed (Qsssl).Les islamistes sont-ils allergiques à la fête au bonheur' Cela semble en tout cas leur donner de l'urticaire...Sinon comment expliquer qu'à chaque événement joyeux ils quittent leur tanière pour nous sortir leur fameux «Yadjouze» et «Layadouze». C'est le cas en cette fin d'année où ils ont redoublé d'efforts en s'attaquant successivement au Mawlid Ennabaoui, à la Noël et au réveillon de fin d'année. Ils ont ainsi sorti leur fameuse «fetwa» pour dire aux musulmans qu'il était interdit de célébrer la naissance du prophète Mohammed, (Qsssl). Des affiches ont même été placardées à travers les quatre coins du pays pour mettre en garde contre les «dangers» d'une telle tradition! Pour eux fêter le jour de naissance est strictement interdit par la religion musulmane. Sans donner la moindre explication, ils affirment juste que ce sont les mécréants qui adorent ce genre d'évènements. Donc forcément c'est interdit... Ils sont donc montés au créneau contre l'anniversaire de la naissance de leur prophète, alors imaginez leur réaction quand il s'agit de celui des autres. C'est ce qui s'est passé pour le dernier Noël où une partie des Algériens a souhaité bonne fête à ses amis chrétiens ou a fêté l'événement avec eux. Ils ont osé! Un tel «blasphème» est intolérable pour eux. Ils se sont fait avoir et n'ont pas pu empêcher ce sacrilège. Alors, ils ont décidé de tout faire pour empêcher les croyants de célébrer la fête du réveillon de fin d'année. Les campagnes ont repris de plus belle. Affichettes et «halakate» (séances religieuses) sont de mise. Ils ont mobilisé tout le monde pour éviter que le drame ne se reproduise. Même, Zaki Hariz, le président de la Fédération algérienne des consommateurs s'est mêlé de la partie en se transformant en un apprenti «mufti». Confondant son rôle de protéger les consommateurs contre les arnaques et les mauvais produits avec la protection de leur conscience religieuse, il les a sommés de ne pas s'adonner à la soirée du Nouvel An. Plus grave encore, il invite tous les Algériens et particulièrement les membres des services de sécurité à faire barrage «à tous les dépassements nuisant à nos moeurs». Ces dépassements, explique-t-il, consistent à «imiter la manière de fêter l'arrivée du Nouvel An par les autres sociétés». Plus en détail, il cite «les boissons alcoolisées et tous les autres produits contraires à nos valeurs». Un dépassement qui flirte dangereusement avec la violence contre les «imitateurs de l'étranger», mais qui renseigne encore une fois sur le projet de société qu'ils veulent imposer. Comme si le réveillon de fin d'année était le seul problème qui entrave l'épanouissement des jeunes et de l'économie nationale. L'Algérie a pourtant d'autres priorités. La corruption, le chômage, le logement, la mal-vie,...ce n'est pas grave tant que nos jeunes ne consomment pas de bûches... Cette nouvelle sortie des conservateurs réveille un triste souvenir, vécu il y a 27 ans. En 1990, l'Algérie avait importé des moutons d'Australie en prévision de l'Aïd El Kebir. Cédés à des prix très raisonnables, ces moutons avaient, probablement, pour des raisons d'hygiène, la queue coupée. Il s'ensuivit une terrible polémique qui alimenta à l'époque les plateaux de télévision. L'islamisme rampant de l'époque aidant, toute l'Algérie était braquée sur la longueur de la queue du mouton. Que de fetwas, que de débats, que de polémiques! Pourtant, l'Algérie avait d'autres problèmes plus graves: le passage à l'économie libérale, l'islamisme, le chômage, etc... Et voilà que 26 ans plus tard, le pays retombe exactement dans la même polémique: «halal» ou «haram»' L'Algérie avance-t-elle à reculons' C'est le chemin que le pays semble en tout cas prendre. Au grand dam du réformiste qu'est le ministre des Affaires religieuses et des wakfs, Mohamed Aïssa, qui a eu le courage de dénoncer ces dérapages en direct sur la Radio nationale.«Toutes les fêtes religieuses doivent être célébrées, en Algérie, en particulier le Mawlid Ennabaoui», a-t-il réagi pour dénoncer cette nouvelle campagne d'un autre âge. «Le monde musulman a fait que de pseudo-intellectuels, certains courants religieux, et des pseudo-scientifiques combattent la joie, l'art et la beauté dans les pays musulmans», a-t-il conclu, en résumant la situation dans laquelle le pays baigne. Alors que la sombre époque de «Yadjouz» ou «Layadjouz» n'est pas si lointaine que cela...
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