Algérie

l'Algérien vit-il au-dessus de ses moyens ' Frénésie d'achat dans l'immobilier, l'automobile...


l'Algérien vit-il au-dessus de ses moyens '                                    Frénésie d'achat dans l'immobilier, l'automobile...
Même avec une inflation de plus de 9% sur les deux dernières années, le comportement des ménages en matière de consommation ne semble pas, à première vue, en être particulièrement affecté.
Les espaces de consommation et notamment les centres commerciaux pris d'assaut, le parc automobile de plus en plus rajeuni, l'indice des prix à la consommation pourraient en attester. Si certaines catégories socio-professionnelles ont vu leur salaire augmenter ces deux dernières années avec parfois des rappels conséquents, ce n'est pourtant pas le cas de tout le monde. Parmi ceux qui ont touché des rappels d'un montant dépassant parfois le million de dinars, beaucoup les ont investis dans l'acquisition de véhicules neufs (les importations de véhicules ont augmenté de 37% en 2011, selon les douanes algériennes).
D'autres pour obtenir des crédits immobiliers (ces derniers ont augmenté de 19% en 2011, selon la Banque d'Algérie). Selon une source bancaire, le nombre de ménages et de particuliers s'étant endettés auprès des banques pour l'acquisition de logement devrait dépasser le million d'emprunteurs en 2012. L'augmentation des salaires qui a accru les capacités d'endettement des emprunteurs ainsi que la bonification des taux d'intérêt contribuent à cette tendance. Quant à ceux qui n'ont pas touché d'augmentations ni de rappels, les projets sont beaucoup moins ambitieux. Lamia, 35 ans, comptable dans un cabinet privé, reconnaît qu'avec un salaire autour de 20 000 DA, «on ne peut pas faire de grands projets d'avenir, alors on dépense ce qu'on gagne pour nos besoins quotidiens». «La frénésie est normale, puisque plus on a de l'argent, plus on veut consommer». Et c'est généralement les dépenses alimentaires et d'habillement qui viennent en tête.
Manque de perspectives
Vivre au jour le jour est devenu le leitmotiv de beaucoup de citoyens aux revenus modestes ou moyens. Dans ce cas, dépenser pour satisfaire des besoins éphémères se présente comme un palliatif à l'impossibilité d'envisager des actions d'investissement à long terme. Saïd, 45 ans, célibataire endurci et comptable dans une entreprise publique, touchant moins de
30 000 DA par mois, reconnaît toute la difficulté d'entrevoir de bonnes perspectives. «On ne peut pas faire de projets et l'Etat ne nous aide pas», déplore-t-il. «Les banques ne vous donnent pas de crédits immobiliers à moins d'apporter vous-mêmes des centaines de millions de centimes. Qui peut se le permettre '» Par ailleurs, ajoute-t-il, «on ne peut pas acheter de voiture au vu des prix actuels, on ne peut pas voyager non plus, alors on dépense pour tout le reste.»
Pour certains sociologues, «la société algérienne a atteint un niveau de transformation profonde synonyme de demande et d'attentes nouvelles.» Une évolution qui a induit de nouveaux comportements de consommation que les économistes relativisent compte tenu du niveau d'inflation qui nuance le niveau des dépenses. Mais si pour les célibataires on ne se prive pas, pour les ménages les priorités sont hiérarchisées.
Kamel, 50 ans, marié, deux enfants, cadre dans une entreprise nationale reconnaît : «Avec un salaire de cadre moyen, je me prive parce que je pense à d'autres priorités, à commencer par l'avenir de mes enfants. Je veux change de voiture, mais on ne peut pas se le permettre même avec un double salaire.»
Quels revenus pour l'épargne '
Dans ces conditions, quelle place accorder à l'épargne surtout quand les produits de placement font défaut et face à une inflation galopante, alimentée par une demande satisfaite essentiellement par les importations ' Selon les statistiques officielles, l'épargne des ménages a atteint 27 milliards de dollars en 2011, dont 40% sont déposés à la CNEP Banque.
«Il n'y a pas de lieu où investir l'épargne, pas de bourse, pas de société de capital risque. Le fait que le taux d'épargne évolue montre qu'une partie des revenus est économisée, alors que l'autre est utilisée pour augmenter les capacités d'endettement des emprunteurs», remarque Abderrahmane Benkhalfa, ancien délégué général de l'ABEF (association des banques et des établissements financiers). Pourtant, ce n'est pas le cas de tout le monde.
«Si je gagnais 5 briques, je réfléchirai à l'épargne sérieusement. Pour l'instant, tant que j'ai les moyens de m'offrir ce que je veux, je ne me prive pas, peu importe le prix à payer», affirme Said. Certes, «j'économise un petit peu, mais quant le salaire ne suffit pas, je suis obligé d'en grignoter». Cela dit, quand on gère un foyer, les priorités et même la manière de réfléchir s'en trouvent modifiées. Pour Kamel, «il faut épargner pour l'avenir des enfants et accessoirement pour rénover la maison, en acheter une plus grande ou changer de voiture. Pour l'instant, on arrive à économiser en se serrant la ceinture.» Selon M. Benkhalfa, les véhicules et les voyages se placent juste après le logement comme motif d'épargne.
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