Algérie

L'Algérien qui s'est suicidé au commissariat de Milan identifié



De notre correspondante à Rome, Aïcha AbdeslemLa victime, âgée de 43 ans, s'était donnée la mort lors de sa garde à vue dans le commissariat de Milan, où elle avait été emmenée par des policiers en service. Sans documents, et fiché sous plusieurs identités factices, il n'a pas été aisé pour les services consulaires algériens d'identifier l'homme, qui vivait d'expédients et dormait dans la rue.
Il vivait en Europe depuis 15 ans, et les dernières années de sa vie, il les a passées en Italie, mais sans un titre de séjour réglementaire. Apparemment, Yacine Z. (on préfère ne divulguer que les initiales de son nom, par respect pour la dignité de l'homme qui, n'étant plus vivant, ne pourra donner sa version des faits), originaire de la ville de Boumerdès, il n'a jamais obtenu de documents lui permettant de résider de manière légale dans la péninsule et menait une vie précaire, en fréquentant des Maghrébins dans la même situation que lui. Personne ne sait comment il est arrivé sur le sol italien, puisqu'il ne figure pas sur les listes des ressortissants algériens immatriculés auprès de l'ambassade à Rome et du consulat à Milan. Par son geste fatal, il a emporté ses secrets avec lui.
L'autopsie ordonnée par le parquet de Milan établie sur son corps, devra confirmer la mort par pendaison, au sein du commissariat de Milan. Le consul d'Algérie Ali Redjal, nous a confirmé, hier, que la dépouille de l'homme sera bientôt rapatriée à Alger. «Notre premier devoir est celui de garantir l'envoi de la dépouille à la famille du défunt, en Algérie. Ensuite, notre service des affaires juridiques suivra l'affaire, en collaboration avec les autorités italiennes, pour comprendre les circonstances de sa mort», nous a expliqué le diplomate algérien en poste à Milan.
La justice italienne devra, par contre, établir la responsabilité des agents qui avaient Yacine en garde à vue, en élucidant les causes qui ont empêché ces derniers d'intervenir rapidement pour, soit bloquer le geste du défunt , ou alors appeler les secours médicaux avant les 50 minutes qui se seraient déroulées entre la tentative de pendaison et la découverte de son corps inanimé par les policiers.
Le parquet de Milan a notifié aux deux agents, dont le plus jeune, 23 ans, est encore en période d'essai, leur mise en examen pour «homicide involontaire». Les enquêteurs devront établir si les policiers qui étaient de service, ce jour-là, ont manqué de vigilance et s'ils auraient pu empêcher l'acte irréversible de Yacine. Ce dernier se trouvait dans une des quatre salles où sont gardées les personnes interpellées, seul. Un jeune Marocain de 23 ans, a été arrêté en compagnie de la victime, selon le procès-verbal de la police et attendait dans une autre pièce. Les deux avaient été interpellés par une patrouille qui les aurait surpris en train de forcer une voiture garée aux alentours du quartier touristique milanais de Piazza Repubblica. Yacine portait sur lui un tournevis et une paire de ciseaux, selon la version de la police. Le Marocain a raconté avoir connu, la veille au soir, la victime près de la gare centrale de Milan où les deux s'abritaient, et avoir «dîné et bu» avec lui.
En tout, une heure se serait écoulée depuis leur entrée au commissariat situé rue Fatebenefratelli. N'étant pas sous le coup d'une arrestation, les deux hommes n'avaient pas été menottés. La victime était calme, selon le récit des agents. Yacine aurait exécuté son plan de suicide en dix minutes à peine, le laps de temps durant lequel, selon la version des policiers, les deux agents mis en examen avaient le dos tourné aux caméras de surveillance de la pièce, car occupés à prendre en consigne les affaires d'un homme arrêté. Trois autres agents étaient de service : l'un d'eux s'était absenté du commissariat pour un motif personnel, et les deux autres étaient partis accompagner une personne arrêtée au bureau de l'immigration. Les vidéos enregistrées par les caméras de surveillance montraient Yacine, ôtant son T-shirt, avant de l'attacher aux barreaux de la fenêtre et le serrer autour de son cou. «Dans cette position, il semblait dormir», ont raconté les agents aux enquêteurs. Ce n'est que 50 minutes plus tard que l'un des agents est entré dans la pièce pour accompagner Yacine au bureau de signalement, découvrant le corps inerte de l'homme. Les secours alertés n'ont pu que constater le décès de l'Algérien.
A. A.


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